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- Style : Delain
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TARJA - In The Raw (2019)
Par DARK BEAGLE le 1er Novembre 2019          Consultée 4263 fois

Tarja Turunen n’est pas une personne inactive. Elle enchaîne les albums, sautant d’un style à l’autre, afin de satisfaire toutes ses envies. Entre des disques de Noël parfois très fades, des enregistrements de musique sacrée où elle peut démontrer toute sa maîtrise vocale et ceux estampillés Rock, elle est très active, peut-être trop. Il serait tellement facile d’imaginer qu’à mener tous ses projets de front, elle finisse par s’y perdre et se diluer totalement. Mais il n’en est rien, au moins en ce qui concerne le domaine du Metal, genre où elle sera toujours forcément le plus attendue et par un public toujours prompt à la juger durement. Petit à petit, elle a construit un univers, fait d’ombres et de lumières, qui s’affine à chaque nouvelle sortie. "In The Raw" confirme les points positifs de "The Shadow Self" paru trois ans plus tôt, mais surtout, il va permettre à la chanteuse de se révéler, de nous faire partager son intimité et sa fragilité.

Avant de parler musique, un petit mot sur le packaging de l’album, très soigné. La version digipack se présente sous un étui dont le centre a été découpé en un cercle. Des ex-libris se glissent, reprenant des photos du livret, ayant toutes un cercle découpé en leur milieu, de taille différente. Cela donne une impression de profondeur jusqu’au digipack en lui-même. Ce dernier est riche en photographies, la belle Finlandaise ayant selon son habitude pris la pose à plusieurs reprises, nous dévoilant un nouveau tatouage ou un profil qui n’est pas parfois sans évoquer celui d’une Sigourney Weaver jeune. Du très beau travail pour un livret assez épais qui n’oublie pas d’inclure les paroles des chansons et autres crédits habituels. Il est plaisant de voir que, malgré la crise du disque, certains artistes et certaines maisons de disques font encore l’effort de proposer de beaux produits, où le visuel tient une part importante.

Puis il y a le contenu. Et là, Tarja a mis les petits plats dans les grands. Elle va nous proposer plusieurs duos, des titres très construits, riches, ainsi que des ballades qui vont soigneusement éviter d’être banales. Le côté baroque de ses deux premiers efforts solo s’efface de plus en plus ; depuis "Colours In The Dark", elle évolue dans le bon sens, s’affirmant toujours un peu plus comme une artiste complète qui n’a pas peur de tourner le dos au genre qui l’a fait connaître, ni, de façon logique, de se mettre à dos une partie de sa fan-base qui n’appréciera peut-être pas ces productions bien moins symphoniques et grandiloquentes. Avec le temps, Tarja est devenue une artiste plus complète, avec une vision personnelle de sa musique, qui n’a pas à surfer sur son passé pour parvenir à devenir intéressante.

À ce titre, "In The Raw" est une vraie réussite. Elle affine ici ce que "The Shadow Self" laissait entrevoir, elle enrichit le propos et va décliner l’album sur dix plages entre efficacité brute et morceaux plus complexes, qui demandent quelques écoutes pour être pleinement assimilés. Et ça aussi, ce n’est pas anodin : les mélodies deviennent plus tortueuses, elles ne se contentent pas d’être l’ossature des chansons, elles sont également changeantes, provoquent des cassures, des fêlures qui ne laissent pas indifférent. Et c’est ainsi que l’on va se laisser porter par l’émotion qui caractérise bon nombre de titres, passés les quatre premiers brûlots destinés à mettre la machine en branle de fort jolie manière. La belle nous prend par la main et nous conduit dans son monde, qui n’est pas fait que de paillettes et de licornes, loin de là. Il se dégage une certaine tristesse, une mélancolie forte de certains passages, mais en aucun cas de la négativité. Cela peut être sombre, touchant, mais la chanteuse ne veut pas nous accabler avec ses états d’âme.

Et donc, le début de l’album se place sous le signe de l’efficacité. Tarja va aligner d’entrée de jeu deux duos sur les trois présents et le résultat s’avère plaisant. Le premier, "Dead Promises", est en compagnie de Björn Strid de SOILWORK et NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, qui va livrer un duel avec la belle aussi bien en voix claire qu’avec quelques growls bien sentis pour ce qui va être un des morceaux parmi les plus Heavy de l’opus. La guitare se veut très présente, agressive, elle sert parfaitement d’exutoire et c’est ce qu’il faut. Le suivant, en compagnie de Cristina Scabbia (LACUNA COIL) voit déjà la démarche être plus classique, plus évidente, avec deux chanteuses de la même génération, mais encore une fois le résultat est plutôt probant. C’est simple, net, efficace. Si "Tears In Rain" reste dans des tonalités plutôt Heavy, "Railroads" va commencer à amorcer la seconde partie de l’album en se montrant plus mélodieux, plus sage. Un morceau de transition en quelque sorte.

Parce que "You And I" tape tout de suite dans le mille. Ou là où ça fait mal, cela dépend des caractères de chacun. Tarja livre une prestation très intimiste. Un piano, sa voix, quelques arrangements, qui promettent quelques beaux moments sur scène où cette ballade magnifique devrait être encore plus minimaliste et de ce fait, touchante. Ce n’est pas un titre à la "Still Loving You", vous n’emballerez pas dessus, vous ne vous taperez pas de barre non plus entre potes avec une hallucination auditive. Non. Vous l’écouterez juste quasiment religieusement, vous laissant bercer par la voix de Tarja. Paradoxalement, l’un des moments forts de ce disque. Son enchaînement avec "The Golden Chamber" coule de source, longue pièce atmosphérique où Tarja se contente principalement de douces vocalises (bref, elle ne se la joue pas valkyrie) et de quelques lignes de chant dans sa langue natale. Joli, mais peut-être un peu long, la composition confirme la charnière créée par "You And I" et conduit à la partie la plus aventureuse de l’album.

Les derniers morceaux, à l’exception de "Serene", vont tous avoisiner les sept minutes et proposer des développements intéressants, même si le titre le plus marquant restera certainement "Spirits Of The Sea". Tarja vit depuis une vingtaine d’années en Argentine et elle aura été aussi marquée que les autochtones par la tragédie du San Juan, un sous-marin qui s’est abîmé après avoir implosé. Le titre est d’ailleurs dédié aux quarante-quatre membres d’équipage. Elle va développer une ambiance étrange, forcément très aquatique, sa voix va se trouver assourdie, comme si on l’entendait dans un endroit confiné. Avec ses belles envolées instrumentales, "Spirits Of The Sea" est destiné à figurer en bonne place lors des concerts, ce morceau ayant quelque chose d’assez hypnotique dans sa fausse quiétude. Nous nous attarderons un instant sur le dernier duo de l’album, "Silent Masquerade" en compagnie de Tommy Kaverik (KAMELOT), un brin longue, qui peine à démarrer réellement et qui aurait pu connaître un autre sort. Le titre n’est pas mauvais en soi, mais il n’a pas la puissance ou même le côté séduisant des deux autres duos présentés en début de disque.

Le final sera le plus à même de ravir les fans de NIGHTWISH en manque de passages symphoniques. Là encore, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de trop démonstratif, plein d’orchestrations. Tarja est plus posée, elle mise plus sur les effets des chœurs, tout en sobriété. Cela n’empêche pas au morceau de prendre des teintes parfois un peu guimauve, ce qui est toujours le risque lors de ce genre d’exercice. Mais dans l’ensemble, il tient relativement bien la route le long de ses sept minutes très ambiancées. Une façon de terminer l’album sur une note un peu plus épique, pas forcément de manière plus joyeuse. Et il faut bien dire que lorsque s’achèvent les dernières secondes de ce disque, nous avons été un peu secoués. Pas par la virulence du propos, ce serait un bien piètre mensonge, mais par l’émotion véhiculée sur une bonne partie de l’œuvre. Qui n’est pas non plus excellente, mais suffisamment intrigante pour ne pas passer à l’as.

Avec "In The Raw", Tarja Turunen s’affirme comme une artiste complète et sensible, qui a enfin trouvé un style qui lui correspond parfaitement dans le domaine du Metal. L’ensemble est peut-être mal équilibré, comme vous avez pu le comprendre via ce quasi track-by-track foireux, le disque perdant en titres percutants en termes de guitares arides à mesure qu’il se livre, qu’il se dévoile. Mais ses grands moments le sauvent, le tirent vers le haut et se sont bien ses qualités qui restent, à la fin, entre une performance très classe de la belle et une bien belle partition exécutée par le groupe derrière elle. Son meilleur disque en solo à ce jour ? Assurément. Cela faisait longtemps que l’on ne l’avait plus entendue à un tel niveau et cela est tout simplement plaisant. Peut-être pas l’album de l’année, mais une bien belle surprise, cela va sans dire.

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- Tarja Turunen (chant, piano)
- Alex Scholpp (guitare, basse, chant, claviers)
- Kevin Chown (basse)
- Christian Kretschmar (claviers)
- Tim Palmer (guitare, claviers, percussions, chant)
- Timm Schreiner (batterie)
- Julian Barrett (guitare, programmation)
- Bart Hendrickson (claviers, programmation)
- Björn Strid (chant)
- Cristina Scabbia (chant)
- Tommy Kaverik (chant)


1. Dead Promises
2. Goodbye Stranger
3. Tears In Rain
4. Railroads
5. You And Me
6. The Golden Chamber : Awaken/loputon Yö/alchemy
7. Spirit Of The Sea
8. Silent Masquerade
9. Serene
10. Shadow Play



             



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