Ce troisième opus de LED ZEPPELIN est le premier qui permet au groupe de savourer son succès. 1970 est une année charnière où les premiers râles du Hard laissent place à une véritable scène qui prend chaque jour de l'ampleur au Royaume-Uni. Pendant ce temps-là, entre deux tournées de shows pantagruéliques (il n'est alors pas rare que les concerts dépassent les 2H30 voire davantage), LED ZEPPELIN prend son monde à contre-pied en optant pour une approche roots.

Le Hard Rock est le grand absent de ce troisième opus à la fameuse pochette double dont le disque permettait de faire apparaître des images diverses dans les trous disséminés sur la pochette. D'ailleurs, sorti de "Immigrant Song", nouveau classique des Anglais, du reposant "Celebration Day", et de l'inventif "Out On The Tiles", "III" est un album de Folk ; un Folk qui va puiser dans la musique traditionnelle, anglaise et américaine (on y retrouve de formidables parties de slide à l'acoustique, comme sur "Hats Off To (Roy) Harper" ou encore du fingerpicking accompagné d'un simple stomp sur "Bron-Y-Aur Stomp"), utilisant moult accordages inhabituels (les open tunings, le double D Dropped tuning ou encore le DADGAD que Page ressortira sur "Kashmir") pour matérialiser ce Blues acoustique réactualisé.

Des titres comme "Friends" ou "Tangerine" sont des petits trésors d'inventivité montrant que, tant dans la composition que dans l'enregistrement, Jimmy Page ne se repose pas sur ses lauriers et cherche à élargir ses horizons, continuant son rôle de précurseur/défricheur. La face B de l'album est entièrement acoustique histoire de désarçonner encore un tantinet les mordus de Rock Dur qui cherchent à se repaître d'un nouveau "Heartbreaker" ou "Whole Lotta Love".

"III" est un laboratoire dans lequel LED ZEPPELIN tente de nouvelles choses, s'adonne à des expériences en alliant groove désarçonnant et riffing Hard ("Out On The Tiles"), essaye de pousser le mélange acoustique et électrique plus loin ("Celebration Day"), avec plus ou moins de réussite selon les moments. Et étrangement, sorti de "Immigrant Song" ce sont davantage les morceaux acoustiques, qui mettent en avant des sonorités plus pures, qui tirent leur épingle du jeu.

Le troisième LED ZEPPELIN m'a permis de comprendre pourquoi les meilleurs titres du groupe tenaient sur un double cd : la plus grande partie de la légende de LED ZEPPELIN tient davantage sur son rôle influent de pionnier et de précurseur qui a sans cesse cherché à défricher pour façonner le Hard Rock des seventies, que pour ses compositions elles-mêmes qui, finalement, sont parvenues jusqu'au XXIème siècle avec la plupart de ses albums considérés comme cultes mais intrinsèquement assez inégaux.