"Slipknot" ou "l'album rouge" comme je l'appelle, en référence à la couleur des combinaisons que portent les neuf membres du groupe, est un opus qui m'a accompagné pendant mon adolescence, au même titre qu'un "Iowa" ou un "Toxicity". Imaginez à treize piges découvrir ce groupe, ce son, cette brutalité, c'était vraiment quelque chose.

SLIPKNOT a fait le choix de nous balancer les meilleurs morceaux en première moitié d'album. Ces titres sont devenus en effet des classiques dans la disco du KNOT et "Surfacing" en est même devenu l'hymne. Pour ma part, même après des centaines d'écoutes de "(sic)", j'éprouve toujours cette envie de tout saccager, d'accompagner à gorge déployée Corey Taylor sur la phrase "You can't kill me 'cause I'm already inside you". "Wait And Bleed" et son refrain excellent, "Spit It Out" et son chant rappé efficace, "Eyeless" et son intro tellement énorme qu'on sait qu'il va se passer quelque chose de violent derrière, bref, la première partie de cet album est un enchaînement de roustes.

Car oui, cet album transpire la Violence, avec un grand V. Même si "Iowa" ira plus loin et perdra malheureusement en subtilité et en qualité, la violence est présente quasiment partout. On ne dispose d'aucun répit mis à part pendant la torturée "Tattered & Tom" placée idéalement à mi-chemin, bien malsaine avec ses bruitages inquiétants. La deuxième partie de l'album contient des titres disons moins plébiscités par le groupe lui-même et c'est dommage car il y a franchement des tueries comme "Prosthetics" et l'énorme "Liberate". Il n'y a d'ailleurs aucun mauvais titre sur cette galette. Mon seul regret est que j'aurais aimé un peu plus de nuances sur les morceaux, quelque chose de moins compact et homogène.

Comme sur "Iowa", l'album se terminera sur une longue piste très réussie. "Scissors" est d'ailleurs probablement l'un des meilleurs morceaux de SLIPKNOT en termes d'ambiance. La batterie est monstrueuse et Corey impérial. Ce titre est très oppressant et ne dispose d'aucune longueur malgré sa longue durée (neuf minutes (*). Une excellente conclusion en somme.

Petit aparté sur la version Deluxe sortie en 2009 pour le dixième anniversaire qui vaut le détour. Il serait malheureux de passer à côté de tueries comme "Me Inside" et son excellent refrain ou encore le brûlot "Get This" titre court qui défonce tout sur son passage (votre nuque comprise). (*) Également, le titre "Scissors" durait initialement dix-neuf minutes dont huit minutes de vide pour finalement terminer sur l'énorme "Eeyore". L'édition Deluxe permet enfin de profiter des neuf vraies minutes de "Scissors" et du titre "Eeyore" de manière séparée.

Plus de vingt ans plus tard, "L'album rouge" me procure toujours les mêmes sensations. Dès que l'album se lance, j'ai envie de chanter, d'hurler, de faire de la double pédale sur mes genoux avec mes mains, de faire du yaourt car je ne connais pas toutes les paroles, etc. Vous l'aurez compris, contrairement à moi, cet album n'a pas pris une ride et constitue une entrée fracassante sur le marché de la musique de la part des tarés de l'Iowa.

Note réelle : un fuckin' 4,5/5.