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SLIPKNOT - .5: The Gray Chapter (2014)
Par CHAPOUK le 24 Novembre 2014          Consultée 16834 fois

Dans la kro-express de "All Hope Is Gone" j’ai écrit un truc du genre : tout espoir a disparu, ce groupe est mort et enterré. Ahem… j’ai peut-être été un peu méchante avec SLIPKNOT tout compte fait… À ma grande surprise ce ".5: The Gray Chapter" est 1000 fois mieux que l’avant dernier album du groupe. Disons que c’est la déception de les voir se vautrer dans une bouillie trop accessible qui m’a fait tenir ces propos sur leur 4ème album…

Alors quoi de neuf chez les Knots ? Et bien en 6 ans d’absence musicale le groupe a encore subi quelques changements : tout d’abord, le décès de Paul Gray en 2010, qui a pas mal traumatisé les membres, d’où l’hommage qu’il lui rendent avec cet album. Puis, le départ plus ou moins forcé de Joey Jordison qui a été cordialement remercié pour ses bons et loyaux services (selon sa page Facebook il se serait fait virer). Départ plutôt paradoxal d’ailleurs, puisque le batteur était avec Shawn Crahan un des instigateurs de ce nouvel opus. C’est donc Jim Root qui, accompagné de son pote Shawn le clown, a pris la suite des opérations et remotivé Corey Taylor, pour finalement faire aboutir cette galette. Vous allez donc me dire, et maintenant ils ne sont plus que 7 ? Non ! Enfin officiellement non puisqu’ils ont fait rentrer à la batterie Jay Weinberg (ex MADBALL, AGAINST ME!) et Alessandro Venturella (qui a déjà servi de guitar tech à MASTODON, ARCHITECTS…). Mais honnêtement ces deux petits gars ne sont pas réellement des membres à part entière. Comme le dit Root dans une interview, il faut qu’ils trouvent leur identité pour cela.

Maintenant que vous êtes au courant des potins, on va s’intéresser un peu à ce que ça donne musicalement.

Surprenant, c’est vraiment ce que l’on se dit lorsque l’on pose la première fois une oreille sur cet album. S’il faut attendre si longtemps pour avoir un aussi bon skeud de la part des 9 affreux et bien je veux bien patienter ! Non sérieusement, ce qu’on trouve ici n’a absolument rien à voir avec le précédent opus. On dirait que le groupe est arrivé à une sorte de formule parfaite qui lui convient superbement ! On sent un certain retour aux sources au niveau compos et prod : fini le son aseptisé et tout lisse de "All Hope Is Gone" ici on retrouve ce côté gras et malsain d’un "Iowa" ou de l’éponyme. Et dans le même temps, le groupe a inclus de nombreuses lignes mélodiques dans la même lignée que "Wait And Bleed" (et non pas forcément dans celle de STONE SOUR), et a travaillé à mort ses ambiances comme sur "Vol 3. The Subliminal Verses". Pour résumer c’est un condensé de toutes les choses intéressantes qu’on trouve dans leur discographie.

Allez, on commence par ce qui pour moi a le plus marqué le retour des Knots : cette violence gratuite et primaire ! AHHHH merci les copains ! Dès "Sarcastrophe" on se mange une salade de mandales traditionnelle dans la tronche, tout en gardant un son et des effets super modernes. Mais qu’est-ce que ça fait du bien d’entendre Corey beugler comme ça. On sent vraiment tous les zikos convaincus dans ce qu’ils font et animés par une certaine rage et une douleur des plus sincères qui va servir de fil rouge à tout l’album. On a la preuve que celui-ci a servi d’exutoire, et a permis aux bonhommes de se défouler pour faire leur deuil. Alors que tous ceux qui ont aimé SLIPKNOT jusqu’à "Iowa" se jettent dessus car ils retrouveront ce qui les animait à l’époque, surtout sur "Skeptic", "The Negative One" (qui a des côtés très proches de "Surfacing") et "Custer" avec ses penchants "People=Shit" et ce gros martèlement de fûts bas du front sur le refrain.

En parlant de marteler, je glisse au passage deux trois mots sur le batteur, qui a un jeu vraiment différent de Jordison mais n’en est pas moins aussi doué (lui au moins il joue vraiment carré) et le tatanage de toms ne lui fait pas peur. Là où Jordison n’était qu’un cogneur, Jay, lui est un batteur et le prouve en donnant un groove exceptionnel, pour SLIPKNOT, à certains morceaux ("Nomadic"). La prod met d’ailleurs bien avant la batterie car c’est elle qui mène la danse sur ce skeud.

Et sinon ceux qui préféraient "Vol.3" ? Ils ont quelque chose à se mettre sous la dent ?
Ouep. Pour tous ceux qui ont adoré des titres comme "Left Behind" voire carrément tout le 3ème skeud des Knots pas de problème ! Cette alternance entre passages mélodiques et moments plus couillus est très bien maîtrisée sur le massif "The Devil In I". Ou encore sur "AOV" qui démarre sur les chapeaux de roues et offre un léger parfum d’ARCH ENEMY, tout en proposant un refrain aux accents Pop, qui, cette fois-ci peut évoquer STONE SOUR notamment à cause des chœurs qui accompagnent Corey, de la même façon que sur le refrain de "The On That Kills The Least". Par contre son pont atmosphérique et mélancolique sert parfaitement le final intense du morceau.

Si ce sont plutôt les élans artistiques, les surplus de créativité, les expérimentations qui vous intéressent, vous pourrez aussi trouver ça chez les Knots ! Penchez-vous : sur l’intro, à la fois occulte et déchirée, ou "Be Prepared For Hell" et son côté gentiment malsain. Pour la petite histoire, la mélodie de "XIX" aurait germé dans la tête du Clown lors de l’enterrement de leur pote Gray. Corey chante avec ses tripes, le morceau est solennel, bref il toucherait n’importe qui au plus profond de lui-même. Dans le même genre on trouve "If Rain Is What You Want", qui vient clôturer l’album. Ce titre est lui aussi empreint de douleur mais possède en plus une ambiance lourde (limite Doom par moments) pleine de tension, et lorsque Corey explose c’est une rage viscérale qui s’empare de l’auditeur. On trouve aussi une ballade : "Goodbye", symboliquement placée à la 8ème place puisqu’elle a été composée par Corey qui porte le n°8. Ce titre (malgré son final de double pédale et de hurlements) offre un break mérité qui permet de faire une pause au milieu de la violence et de la souffrance. Son ambiance oppressante et envoûtante semble être taillée pour le recueillement, et correspond à l’hommage bien personnel de Corey à son ami disparu.
Quant à "Killpop", et bien c’est vraiment la pièce la plus travaillée de l’album, ça ne ressemble pas vraiment à ce qu’a déjà fait le groupe. Ce titre possède des côtés Trip-Hop lugubres, des accents Pop et de grosses grattes bien lourdes qui viennent se frotter à ce mélange de temps en temps. Honnêtement c’est une des plus belles réussites de l’album, même si c’est le genre de titre que l’on aime ou déteste de suite, il y a vraiment eu une recherche artistique et une volonté de mûrir musicalement. Objectif atteint !

Il aura fallu 6 ans pour que le groupe digère tous les événements qui sont survenus dans son histoire. Mais je pense qu’ils ont été bénéfiques, d’une certaine façon, car ils ont permis aux Knots de se recentrer sur leurs compos. Évidemment le décès de Gray a sûrement joué un rôle dans ce retour aux sources, mais ce dernier est sincère, pas comme sur leur 4ème volet… Par déduction il devrait être durable…

À quelques jours d'Halloween SLIPKNOT créé la surprise en revenant d’entre les morts proposer un album artistiquement riche, parfaitement digeste, dynamique et moderne. Ceux qui aimaient bien SLIPKNOT avant "All Hope Is Gone" et daigneront jeter une oreille sur cette galette vont en rester sur le cul car c’est l’album le plus abouti de toute la discographie des 9 masqués.

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   (3 chroniques)



- #8 Corey Taylor (chant)
- #7 Mick Thomson (guitare)
- #6 Shawn Crahan (percussions, chœurs)
- #5 Craig Jones (samples)
- #4 James Root (guitare)
- #3 Chris Fehn (percussions,chœurs)
- #0 Sid Wilson (platines)
- Alessandro Venturella (basse)
- Jay Weinberg (batterie)


1. Xix
2. Sarcastrophe
3. Aov
4. The Devil In I
5. Killpop
6. Skeptic
7. Lech
8. Goodbye
9. Nomadic
10. The One That Kills The Least
11. Custer
12. Be Prepared For Hell
13. The Negative One
14. If Rain Is What You Want



             



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