Paul Gray, bassiste et membre fondateur de SLIPKNOT est décédé en 2010 des suites d'une overdose. Comment se relever après une telle tragédie ? Le groupe, après une conférence de presse suite au décès où l'on voit les membres démasqués et anéantis, est resté plutôt discret jusqu'en 2014. Dans les faits importants, notons quand même que Joey Jordison s'est fait limoger pour des raisons (à l'époque) obscures.

".5 : The Gray Chapter" sort donc en 2014. Concernant le titre, le groupe a voulu rendre hommage à Paul Gray, vous l'aurez compris. Cet album se veut très riche, comme "Vol. 3" l'a été dix ans auparavant. Il y a toutefois moins d'expérimentations et on retrouve plus de brutalité mais quand même, SLIPKNOT tente des choses et c'est tout à son honneur. L'exemple le plus criant est probablement "If Rain Is What You Want", longue pièce très sombre. La musique est minimaliste ici (comprenez quelques notes en mode "loop") mais l'ambiance oppressante est réussie avec un Corey impeccable. La deuxième partie du morceau se voudra plus accessible avec du chant clair tout en gardant cette ambiance pesante. Une pure réussite.

J'aurais pu faire une chronique sur ce simple morceau mais ce ne serait pas juste envers les autres. Mis à part quelques fillers qui n'ont pas grand intérêt ("Nomadic", "Lech"), l'album ne contient que des bons titres. On a du riff Thrash ("AOV"), des variations chant clair / chant guttural bien foutues ("The Devil In I", putain ce break !), du défouraillage comme à l'époque des premiers albums ("Sarcastrophe", "Skeptic"), bref, vous ne vous ennuierez pas durant l'écoute tant les titres sont variés et travaillés.

À noter, la ballade "Goodbye" en hommage à Paul Gray, qui a l'avantage de ne pas virer dans le niais. Les lignes de basse sont jolies, Corey est sobre et efficace mais là où l'on se fait surprendre c'est sur cette fin apocalyptique où la brutalité reprend le dessus.

Un petit mot sur le nouveau batteur, Jay Wenberg, qui a vraiment bien assuré son poste. Son jeu plus "académique" que Joey se greffe parfaitement aux riffs de mammouth du groupe. Que ce soit en terme de technique, de vitesse ou de breaks, Jay s'en sort très bien et a bel et bien mérité son statut de batteur officiel de SLIPKNOT.

En bref, cet album est à mon sens un croisement entre la maturité du groupe mais également un maxi best-of de ce que SLIPKNOT a sorti par le passé. Avoir des titres aussi variés et qualitatifs était pour moi un espoir inattendu, surtout après l'erreur de parcours que fut "All Hope Is Gone".

Cet album ne plaira pas à tout le monde et je comprends la déception des vieux fans. Pour ma part, je suis pour l'évolution et avec ".5 : The Gray Chapter", SLIPKNOT s'en sort plus que bien. Chapeau messieurs !