Avant de poursuivre avec "Vol. 3" & Cie, après m'être penché sur "Iowa", un coup d’œil dans le rétroviseur s'impose avec cet éponyme des neuf masqués, et sa pochette aux allures de cirque déjanté.
Pour le style pratiqué, les caractéristiques citées dans "Iowa" sont déjà valables ici globalement: neuf musiciens dont trois cogneurs (un batteur et deux percussionnistes), deux guitares (+ la basse) accordées en Si (Drop B Tuning) pour davantage de lourdeur que le Mi standard, deux Dj et un fou furieux au micro. La musique, bien que Metal sur le papier, sonne surtout Hardcore et fait parfois plus penser à des trucs comme The PRODIGY bizarrement pour son aspect percussif "boum-boum" qu'à des groupes comme IRON MAIDEN, dont on est à des années-lumière par ailleurs.
Autant pour la batterie, même si le regretté Jordison est réputé pour sa vitesse notamment, ne m'y connaissant pas assez en batterie je parlerai donc surtout du reste, grosso-modo de tout ce qui concerne les instruments à notes (do ré mi etc.).
L'album fait très forte impression au début, car une fois passé la petite intro zarbi de trente secondes, on constate que les 1ers morceaux sont de véritables missiles sonores ravageant tout sur leur chemin. En effet, le tempo global est élevé, les percussions sont déchaînées, les riffs de guitares sont rapides et syncopés, peu mélodiques et plutôt avares en notes différentes jouées certes, mais leur agressivité rythmique compense cet écueil. Les samples et autres bruitages sonores des Dj fusent de tous les côtés et enfin le chant est monumental. L'album est assez varié, avec des morceaux courts et percutants à côté de trucs plus zarbi comme "Tattered & Torn", "Prosthetics" et "Scissors" proposant une ambiance horrifique avec des thèmes dissonants stridents et angoissants.
Le chanteur/hurleur possède un timbre de voix hyper corrosif lorsqu'il utilise son chant hurlé, et l'entendre vomir sa rage sur la société devient assez jouissif tant il semble complètement zinzin, comme par exemple lorsqu'il balance son "motherfuckeeeer!!!" à la fin de Eyeless. En parlant de société, le morceau Surfacing incarne le mieux l'esprit du Knot, sur tous ses aspects: texte misanthropique d'abord, avec son refrain légendaire "Fuck it all! Fuck this world! Fuck everything that you stand for! Don't belong! Don't exist! Don't give a shit! Don't ever judge me!" Est-il possible de faire un refrain plus Metal que ça ?? Voilà quoi, fuck off et tout!
Le truc intéressant aussi ce sont les différents niveaux de lecture qu'on peut y associer. On peut le lire au 1er degré mais ce refrain peut aussi être connoté socialement voire politiquement, tel une critique de ce monde gangrené par l'ultra-libéralisme carnassier des "élites", qui n'ont que faire du peuple (qu'importe le pays), des "gens qui ne sont rien". Car pour l'anecdote, les mecs de SLIPKNOT, avant de devenir des rock-stars, c'était des types quelconques vivant dans un état rural des USA avec des jobs sans envergure (Corey Taylor était vendeur dans un sex shop par exemple), des left behind (laissés pour compte) en quelque sorte.
Le guitares incarnent bien l'état d'esprit du Knot dans "Surfacing", malgré leur minimalisme, avec d'une part ce thème aigu irritant symbolisant l'agacement du groupe face au monde, et surtout ce riff principal tout con de deux notes, une pauvre seconde mineur, mais là encore joué de façon la plus méchante possible rythmiquement pour accentuer le côté explosif du refrain, telle une éruption volcanique. Génial.
Toutefois, certains morceaux plus moyens, avec des riffs parfois simplets pas super inspirés empêchent l'album d'atteindre les cinq étoiles. On sent qu'ici le groupe se cherche encore, qu'il est jeune, mais le meilleur reste à venir...
Note: 4/5
Morceaux favoris : "(Sic)", "Eyeless", "Surfacing", "Liberate", "Prosthetics".