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INDIAN NEO METALCORE  |  STUDIO

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2022 Rakshak
 

- Style : Linkin Park, Parkway Drive, System Of A Down

BLOODYWOOD - Rakshak (2022)
Par KOL le 9 Août 2023          Consultée 795 fois

Si l’on m’avait dit un jour que je chroniquerais un album de Folk Metal, je ne l’aurais sans doute pas cru. Parce que franchement, en compagnie du Power, ce genre figure parmi ceux auxquels je goûte le moins. C’est comme ça, je ne juge pas, mais j’y vais rarement de gaité de cœur. Mixer flûte de pan et blast beats ne m’a jamais procuré aucune émotion. Pour moi, c’est comme cuisiner un poulet au coca, et pourtant je suis plutôt aventureux en matière d’associations hasardeuses, que celles-ci soient culinaires ou musicales.

Quand la mode du son est au vintage (retour au vinyles, aux productions moins compressées, au "c’était mieux avant", aux systèmes hi-fi à l’ancienne et j’en passe et des meilleures), il convient malgré tout de reconnaître les avantages offerts par les nouvelles plateformes technologiques, tant pour les artistes que pour nous-mêmes, inconscients explorateurs à la recherche du nouveau frisson. C’est à se demander comment nous faisions avant. Sans les obscurs algorithmes de recommandation de Spotify, je n’aurais très certainement jamais eu l’occasion de griffonner cette bafouille. Et sans YouTube, BLOODYWOOD n’aurait probablement jamais existé.

Car au départ, Karan Katiyar, à l’instar des BEE GEES, "just started a joke". Le petit gars de New Delhi a commencé à poster des vidéos de parodies Metal de chansons Pop (notamment indiennes bien entendu) qui ont rapidement connu un certain succès, mais le multi-instrumentaliste galérait à trouver un vocaliste. Ce n’est qu’en rencontrant Jayant Bhadula quelques mois plus tard lors d'un concert auquel il assistait que le groupe est né en 2016 et que Karan pu quitter son travail d’avocat (!!!). Le duo fit un petit bout de chemin ensemble, reprenant notamment des titres de LINKIN PARK, l’une de leurs influences majeures dont on retrouve bien évidemment des marqueurs profonds à l’écoute de "Rakshak".

L’ajout de Raoul Kerr en 2018 apporte un chant rappé et finalise le line-up du combo, qui ne cesse de gagner en notoriété sur les internets, au point de se voir offrir un créneau au Wacken en 2019. Les Allemands ont décidément un coup d’avance sur tout le monde, et notamment sur leur concurrent clissonnais, qui vient seulement de prendre conscience du phénomène en les programmant pour l’édition 2023 du Hellfest. Et ce n’est rien de dire qu’il était plus que temps au vu du bordel qu’ils ont foutu en Mainstage sur un créneau pourtant bien matinal.

Pour décrire l’œuvre des Indiens, il faut imagine une copulation lubrique entre LINKIN PARK, donc (pour ceux du fond de la classe qui n’auraient pas suivi un tant soit peu) en raison des chorus marqués ainsi que du duo de chanteurs se répartissant les versants Clean/Scream et Rap du petit dernier arrivé, avec PARKWAY DRIVE pour cette sensation d’autorité absolue, et la musique traditionnelle indienne, que ce soit au niveau des mélodies ou des instruments utilisés : flûtes, cordes typiques ou surtout le dhol, sorte de fût de percussion à deux faces, porté en bandoulière. Quelque part, dans le métissage des styles, on pourrait également penser à du SYSTEM OF A DOWN (le côté excentrique mis à part), qui savait tabasser comme il se doit tout en incorporant des lignes arméniennes marquées et ultra-mélodiques.

Avant d’enfin rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi un dernier aparté, également lié à YouTube. Fort jouissive mais non moins sincèrement documentée, je vous invite à jeter un œil à la chaîne de Tank The Tech, roadie professionnel, matos geek et streamer de son état, qui commente et décortique régulièrement les vidéos des artistes dans la joie et la bonne humeur, sans en faire des caisses, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.

Maintenant que les présentations sont faites, la question qui est sur toutes les lèvres est la suivante : « ouais, c’est bien beau tout ça, mais est-ce que ça marche ? ». Tuons tout suspens : c’est un grand OUI ! BLOODYWOOD délivre une partition naïve et fraîche, balayant le spectre de ses influences avec une envie et une sincérité sans faille. L’ensemble du disque est extrêmement varié, allant du gros Mosh qui tâche à la chanson Hindi, agressant franchement tout en ménageant des respirations sucrées. Si "Gaddaar", "Machi Bhasad" ou "BSDK.exe" éparpillent façon puzzle, "Yaad" et "Jee Veerey" officient plutôt dans un registre posé, là où "Endurant" fait part belle aux rythmes tribaux.

Intégralement autoproduit "Rakshak" n’en dispose pas moins d’une finition de qualité, quoiqu’un poil trop compressée à mon goût, ajoutant discrètement quelques touches électroniques parfaitement intégrées. En revanche, la puissance est indubitablement au rendez-vous. Balancée à plein volume, il y a sur cet opus de quoi vous coller au mur et d’y laisser la trace de votre silhouette. Les deux chanteurs se complètent parfaitement et on sent une réelle complicité dans la répartition des rôles et des intentions, se rejoignant ponctuellement pour mon plus grand plaisir. Question guitares, si l’ensemble reste assez sobre en mode Neo/Metalcore, Karan sait visiblement faire beaucoup plus de choses, en témoigne le solo de "Yaad", qui shredde méchamment. Enfin, cerise sur le Gulab Jamun, l’artwork est simplement somptueux et totalement cohérent avec les racines de la formation.

Malgré toutes les qualités précédemment citées, les compositions restent cependant relativement convenues, les schémas de Chester et sa bande ayant été usés jusqu’à la corde. C’est le seul reproche que je pourrais bien faire à BLOODYWOOD : un petit peu de folie supplémentaire aurait définitivement emporté "Rakshak" vers d’autres sommets. Ça n’enlève en rien à l’intérêt et au kiff de ce premier LP sorti en 2022, habilement équilibré, qui en appelle nécessairement bien d’autres.

Note réelle : 3,5/5.

Et pour reprendre la formule chère à notre prince des ténèbres favori :
Or : "Machi Bhasad".
Argent : "Gaddaar".
Bronze : "Jee Veerey".

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- Jayant Bhadula (chant)
- Raoul Kerr (chant)
- Karan Katiyar (guitares, flutes, arrangements, production)


1. Gaddaar
2. Aaj
3. Zanjeero Se
4. Machi Bhasad
5. Dana-dan
6. Jee Veerey
7. Endurant
8. Yaad
9. Bsdk.exe
10. Chakh Le



             



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