« Ne pas attendre d’autrui ce qu’il n’est pas capable de donner », voilà un principe de vie qui m’est venu en même temps que les poils blancs de la quarantaine. Ce qui est valable pour les relations sociales l’est dans une certaine mesure également en matière musicale. Et franchement, quand vous lancez du NICKELBACK en 2022 sur vos enceintes, vous vous attendez à quoi ?

"Get Rollin’", sorti en fin d’année dernière, m’a beaucoup plu, dans sa première moitié tout du moins, atteignant un niveau que je n’espérais pas. Le single d’ouverture "San Quentin" est plutôt lourd, tout en groovant de façon fort sympathique, et le titre suivant embraye dans la même veine. La science des refrains des Canadiens n’est plus à prouver depuis plus de vingt ans, et ça fonctionne ici aussi sans coup férir.

Puis on part vers des chemins plus calmes, inspirés par des effluves sudistes des plus réussies ("Those Days", "High Time"), ce qui représente une heureuse surprise pour votre serviteur, habituellement friand de la chose. Si le premier titre se présente comme une balade acoustique classique qui n’est pas sans évoquer du SHINEDOWN de mon côté, "High Time" même si elle ne redéfinira évidemment pas le genre, est juste excellente. Je ne pensais pas le combo être capable de s’aventurer sur de telles voies, à la manière d’un BLACKBERRY SMOKE.

Une bien belle découverte, avant de renvoyer les gaz sur un "Vegas Bomb", plus dans les standards usuels de la formation. On arrive à mi-chemin du disque, et je me dis : « putain, Kol, qu’est ce qu'il se passe ? Ton mantra est en train de se faire démonter par NICKELBACK ! » Honnêtement, s’il continuait sur la durée, le groupe était parti pour aller chercher son premier 4 étoiles sur NIME, tant le plaisir était patent à l’écoute, avec compliments du jury pour la voix de Chad Kroeger et son timbre FM toujours au top.

Bon heureusement, ou malheureusement selon les points de vue, ça n’a pas duré au-delà, la seconde partie de ce LP s’avérant particulièrement médiocre. Pas une seule piste digne d’intérêt sur les six restantes, ce qui rend interminable et indigeste l’écoute malgré une durée de 41 minutes, enchaînant les sempiternelles sucreries déjà entendues mille fois (l’enchaînement "Tidal Wave", "Does Heaven Even Know You’re Missing?" étant particulièrement pénible) et des pétards mouillés qui font pschitt comme ceux de tonton Gérard (désolé pour les lecteurs qui porteraient ce prénom, c’est une image hein !) le soir du réveillon ("Steel Still Rust", "Just One More"). Seul "Standing In The Dark" échappe (relativement) au naufrage, sans pour autant se montrer inoubliable, restons raisonnables.

Bref, sentiment mitigé de mon côté, entre un départ en fanfare sincèrement bon et un retour aux vieilles manies indécrottables de balancer de la guimauve jusqu’au plafond dès que l’occasion se présente. Et ma formule magique du bonheur tient toujours pour 2023. J’ai tremblé, mais je peux conclure : merci la vie, merci NICKELBACK !

Note réelle : un vrai 2,5 de moyenne, que j’arrondis généreusement pour les influences Country disséminées ici et là. Mais ne vous enflammez pas non plus !