Cela fait maintenant une quinzaine d'années que l'on doute sur l'arrivée d'un nouvel opus de RAMMSTEIN. On le sait, les tensions exacerbées ont laissé des traces, et la gestion de carrière des Allemands a drôlement changé depuis. On se rappelle "Rosenrot", sorti un peu vite et assumant assez mal son statut de chutes de studio de "Reise Reise", ou encore cet éponyme de 2019 qui soufflait le chaud et le froid, s'éloignant assez nettement du "vieux RAMMSTEIN" qui persistait encore un peu sur "Liebe Ist Für Alle Da".

Et ce vieux RAMMSTEIN, il n'existe désormais plus. "Zeit" est l'album d'hommes mûrs qui ont un art différent à proposer. Les écoutes succédées de "Herzeleid" et de ce huitième album sont pour le moins contrastées ; RAMMSTEIN, dans sa musique d'inspiration Indus alliait à sa martialité une dose d'agressivité qu'il a progressivement délaissée, la force brute, l'efficacité et le son massif de ses compositions (et leur transposition en concert) suffisaient à servir de vaisseau-mère. Et "Zeit" est le titre qui le laisse le plus transparaître. "Mutter" était un titre en avance pour le RAMMSTEIN de 2001, son rejeton est un titre de son temps mais, par cet écho ravive la dimension plus existentialiste du sextette. Aucun titre ne lui tient véritablement la dragée si ce n'est "Adieu" tout aussi mélancolique et qui n'aurait pas dépareillé sur "Reise Reise" ou "Liebe Ist Für Alle Da", le refrain est clairement l'un des plus tenaces de "Zeit".

On pourra y ajouter "Zick Zack" qui résume à lui seul l'étrange fascination pour cette œuvre mineure : une introduction à renforts de vocaux scandés, un couplet qui repompe "Los", un question-réponse de claviers très KRAFTWERK-ien sur le refrain, et un pont épique à la mélodie prodigieuse qui nous révèle fugacement le très grand RAMMSTEIN. La liste des réussites s'arrête un peu là… "Dicke Titten" fonctionne mais n'invente rien, de même que le plus old school "Giftig" qui permet de retrouver les vocaux de Richard. "Armee Der Tristen" avec ses atours Synthwave ou "Mein Tränen" sont trop molles pour susciter l'enthousiasme, problème que j'ai également avec "Lügen" dans une moindre mesure. "Schwarz" s'affiche comme peut-être la plus faible composition du groupe. Et il y a les problèmes d'inspiration déjà évoqués par Dark Beagle dans sa chronique ; les refrains ratés. "Angst" et surtout "OK" se posent là.

RAMMSTEIN fascine, même lorsqu'il n'est pas au mieux de sa forme. Rassurant ?