On ne présente plus KORN en 2022. Bénis des dieux pour le renouvellement qu’ils apportaient au monde du Metal, puis conspués pour leur appartenance au genre Neo (bouh, c’est pas bien le Neo, gnagnagna) avant de ressusciter plus récemment, autant dire que le groupe a eu une histoire mouvementée, même s’il a su maintenir une certaine forme de popularité depuis son essai éponyme séminal. Déjà trente ans depuis ce "Are you readyyyyyyy" qui constitue pour moi encore aujourd’hui l’une des meilleures introductions de carrière, ever, avec le "let freedom ring with a shotgun blast" de MACHINE HEAD. Et je ne veux même pas en discuter.

Une palanquée de disques plus loin, et quelques charrettes de tubes au passage, et voilà le gang de Bakersfield qui se repointe en 2016 avec "The Serenity Of Suffering". Il paraît que l’on juge une galette à sa longévité dans le temps. Et bien je peux vous dire que cet opus vieillit plus que bien, car il tourne encore sur ma platine. Il aura fallu que Head décide de rencontrer Dieu en solo après "Take A Look In The Mirror", avant de décider de retrouver le combo dix ans plus tard pour "The Paradigm Shift" afin que tout le monde comprenne qu’à défaut d’être la tête pensante (bon, celle-là était facile, j’avoue), le guitariste illuminé était bien l’âme du groupe. Car il y a un KORN avec et sans Head. Et franchement, ce ne sont pas les mêmes.

Un LP en 2013 pour reprendre ses marques, et c’est reparti comme avant, voire mieux. Car à vrai dire, c’est même en mode beaucoup plus lourd qu’Head est revenu. Les grattes pèsent trente tonnes et entraînent le reste de la bande dans la foulée. Ray Luzier est plus qu’un remplaçant pour David Silveria, désolé pour les puristes, et Jonathan Davis décide de laisser ses singeries et autres gémissements de côté pour aborder une voix growlée du plus bel effet. J’insiste encore sur le son des guitares, que j’ai rarement entendues aussi pesantes qu’ici.

Les refrains, traditionnellement l’un des points forts chez les Ricains, conservent un standing de haut niveau, leur douceur contrastant à merveille avec la violence des rythmiques, portées par une production absolument monstrueuse. Incontestablement leur sommet du XXIème siècle, j’en viens à me demander s’il ne s’agit pas là tout simplement de leur livraison la plus aboutie (j’essaie de faire sortir Chapouk du bois pour chroniquer le dernier sorti). Il suffit d’écouter "Insane", "Rotting In Vain", "Die Yet Another Night" ou plus encore "Everything Falls Apart", mon titre préféré ici, pour s’en apercevoir.

Note réelle : un vrai 4,5/5. Le groupe n’essaie rien sur "The Serenity Of Suffering", c’est exact. Mais il n’a probablement jamais sonné aussi bien non plus.