Que vous le vouliez ou non, le nouveau LACUNA COIL est sur les tablettes depuis la mi-avril. Après le succès mitigé de "Karmacode" il y a trois ans déjà, c’est l’heure de la rédemption, voire de la réincarnation pour les Ritals. Rien de plus, rien de moins. Voilà, c’est clairement présenté, pas de fla-fla, pas d’embrouillamini, pas de faux-semblants, LACUNA COIL doit livrer la marchandise sans briser la porcelaine craquelée qui repose entre ses doigts vernis.

« Bing, bang !», la porcelaine se brise après 42 minutes… Son service de livraison express n’a pas assez galvanisé la cargaison, soit pour sauver sur les isolants ou pour réaliser cet opus à la sauvette. En tous les cas, c’est raté. Et ça ne me tente pas de l'annoncer avec tambours et trompettes, la fanfare donnerait trop d'importance à cette sortie.

Le premier morceau plonge l’auditeur trop rapidement dans cet univers pop-Metal incontournable qui sclérose maintenant la formation. La preuve ? Tous les titres, j’ai bien dit tous les titres, se situent entre trois et quatre minutes, ce qui, vous en conviendrez, est un indicateur non scientifique mais représentatif de la linéarité dans ce merveilleux monde de la musique forte. La recherche musicale, présente encore sur "Karmacode", s’est évaporée, de "Survive" à la chanson-titre. Des frissons ? Oubliez ça. Des restants lointains de "Comalies" ? Oubliez encore plus. À moins que vous aimiez une belle petite performance Rock nichée entre le sirop pour la toux et le diachylon pour les jours pluvieux. Alors là, c’est la joie totale et définitive, LACUNA COIL sera votre ami éternel.

« I cannot tell you you're falling apart
open your eyes if you wanna survive
I want to tell you your love is a lie
but I won't tell you, I won't tell you »

Heu… Pourquoi pas lui dire et passer à autre chose, merde ?!

Je me demande si LACUNA COIL sera un jour sur la liste noire de NIME et de tous les zines qui se respectent. Trop de groupes empoisonnés au cyanure de potassium version do-ré-mi sont dorénavant morts-vivants, la capsule n’ayant pas entièrement éclaté entre leurs dents jaunies par l’alcool, ingurgité entre deux tournées prolifiques destinées à exhiber les jambes et la gueule d’enfer de leur chanteuse.

La seule raison pour laquelle LACUNA COIL ne joue pas sur le FM est qu’il est encore étiqueté Metal. Ce qui ne sera bientôt plus, car « Shallow Life », tout comme le dernier album de GWYLLION ("The Edge Of All I Know") sorti plus tôt cette année, porte son nom à merveille et dévoile tous ses charmes sur sa pochette et dans son titre ironique. Il est superficiel, futile et d’un ennui sans bornes ("The Pain", "Not Enough", "I Like It").

« You are going down
Down
At the bottom I have found
I cannot wait to get back in the fight »

Si j’étais joueur dépendant à la gageure, je ne miserais pas gros sur la tête des Italiens s’ils décidaient de remonter leurs tronches à la surface de ce lac infesté de requins blancs. Rien sur leur récent « cadeau » à l’humanité n’aura prouvé que "Karmacode" ait servi à quelque chose. Pour qu’un groupe puisse s’émanciper, il doit apprendre de ses erreurs et savoir rebrousser chemin quand le mur du son se dressant devant lui est composé davantage de huées que d’applaudissements.

D’un optimisme et d’un charisme intarissables, LACUNA COIL vit d’amour et d’eau fraîche, alors oubliez ça. La purée est molle, mais est délicieuse pour le palais, alors on rabâche les mêmes riffs et pseudo-soli lamentables ("Spellbound"), le mix des voix de Christina et Andrea en pensant qu’il pourra cette fois nous jeter par terre, ces mièvres atmosphères au clavier et cette batterie chien de poche qui n’apporte rien. On répète, croyant détenir une formule gagnante, avoir créé une tendance, mais on se plante royalement.

Plusieurs crieront au scandale que "Shallow Life" récolte cette orge peu germée de mes champs arides, mais je sais reconnaître de la bonne zik quand j’en entends. De la zik qui déménage et qui démolit son homme… et sa femme. LACUNA COIL n’en fait désormais plus. La chute était annoncée avec "Karmacode", elle est confirmée avec "Shallow Life". Son univers précaire façonné de cristal en plastique éclate au grand jour et laissera la place, espérons-le, à un « vrai » groupe plus inspiré et inspirant de Goth Metal. Prions à genoux que ce miracle se produise.

Certains jours, je me demande si c’est moi qui suis obsolète ou certains styles que j’écoute. Malgré mes questionnements existentiels, je fais confiance à mon flair pour continuer de me toiser dans la glace et affirmerai avec force que LACUNA COIL a balancé du côté clair du Rock ces dernières années en devenant la coqueluche Hard Rock des webzines pop. Qu’entend-on dans les entrevues ? Que Christina a une nouvelle couleur de cheveux, qu’elle fait bander l’intervieweur (euse), ce genre de balivernes. Et pourquoi ? Parce que le son est rendu secondaire, que LACUNA COIL est maintenant stationné en double dans un sens unique.

À eux maintenant de s’assumer et de cesser de nous mener en bateau avec un tel ramassis de singeries.

0,5/5.