LACUNA COIL, comme la plupart des groupes de Metal Alternatif/Neo, divise. Certains n'y voient rien de nouveau dans le genre, critiquent avidement les Italiens pour leur son easy listening, leur propension à jouer les putes pour plaire à un large public. Mais bon, n'est pas EVANESCENCE ni OTEP qui veut, ni NIGHTWISH l'intouchable, alors LACUNA COIL se retrouve souvent derrière les grands formant la ligne de combat entre la Pop Metal et le Metal plus recherché. Surtout après avoir enchaîné mauvais albums sur mauvais albums.

Mais rappelez-vous en 2014, "Broken Crown Halo" venait nous redonner espoir en cette formation. En tout cas, j'y voyais les germes d'une rédemption. Et force est d'admettre que deux ans après, la bande menée par la déesse aux cheveux de jais Cristina Scabbia continue de se racheter avec "Delirium", en nous amenant dans son asile. L'objectif : nous rendre fou de ce skeud que l'on nous promettait plus catchy et lourd que les précédents.

Pour y arriver, les Italiens se sont imposé une cure minceur en laissant aller deux guitaristes, ce poste crucial tombant entre les mains déjà passablement pleines de Marco Coti Zelati, qui a aussi produit ce 8e album. Le seul élément que le groupe ait délégué sont les soli, sur cinq pièces. Cela veut donc dire qu'en mettant ses œufs dans le même panier, le nouveau quatuor pensait s'éviter les errements qui ont causé sa chute, errements découlant souvent d'un trop-plein d'idées. Pour ça, c'est réussi, "Delirium" est plus compact, balèze et accrocheur que tout le matériel antérieur de LACUNA.

Autre grosse amélioration : Andrea Ferro sort enfin de l'ombre et prend le contrôle du micro. Il ne perd pas de temps pour faire sentir sa présence sur "The House Of Shame" et cette gueulante, vous l'entendrez souvent sur "Delirium", car Ferro est (enfin) fâché. Sans doute a-t-il suivi des cours de chant, car son coffre est plus imposant que jamais et repousse Christina dans un rôle de soutien, notamment dans les refrains pour créer un contraste avec les couplets hurlés. Bonne vieille idée, qui est largement exploitée et fonctionne mieux qu'avant. On ne s'en plaindra pas, surtout que le chant a toujours été un des écueils chez LACUNA.

"Delirium" passe ainsi comme une lettre à la poste et saura rallier tous les publics, jeunes et moins jeunes, Américains et Asiatiques, amateurs de Neo et fans d'Extrême. Le jeu de Coti-Zelati est enthousiaste et transporte ses trois comparses dans une spirale qui tourne rapidement sans heurts. Bien que les paroles soient encore rose bonbon et abordent la psychologie humaine, la musique et le rythme de l'album n'en souffrent pas. L'auditeur sera donc témoin d'une décharge d'adrénaline, de "Dark Adrenaline" serais-je tenté de dire, sur 45 minutes s'égrenant à haute vitesse. On saute ainsi de tube en tube, sans se prendre la tête, assimilant les ambiances et refrains dès les premières écoutes.

C'est tout ce qu'on voulait, n'est-ce pas ?

J'avais octroyé 3/5 à "Black Crown Halo" parce qu'il m'avait surpris. "Delirium" et sa machine à hits mérite un point de plus, à 3,5/5. Et pourquoi ne pas arrondir au supérieur ? Parce que sur NIME, les barèmes nous forcent à teinter notre enthousiasme et à noter chaque album en n'oubliant pas de les comparer avec les autres, qu'ils soient de Black ou de Symphonique racines. Je me verrais donc mal foutre un 4/5 à "Delirium" en argumentant qu'en Metal Alternatif il torche la concurrence. Bref, de la poutine administrative ! L'important, outre la note, est que vous pouvez consommer du LACUNA COIL encore en 2016 sans avoir peur de vous empoisonner.

À noter que la version digipack inclus trois morceaux supplémentaires, dont une piètre reprise de "Live To Tell" de la Madonne, qui évidemment ne s'approche pas du tout du charme de l'original et de ses claviers froids, qui collaient parfaitement avec le sujet de cette chanson au texte dur. Alors si vous voulez mon avis, contentez-vous des onze tubes de "Delirium" et ne tombez pas dans la surenchère.

Bravo aux Ritals les plus doux de la planète Metal !

Podium : (or) "The House Of Shame", (argent) "Claustrophobia", (bronze) "Delirium".