Vous connaissez des groupes de Gothique qui se rendent à neuf albums ? SOULGRIND en est un. Et à écouter le dernier album des Finlandais, on comprend pourquoi. Donc coupons dans le gras : "The Tuoni Pathway" est un très bon album. Et il devrait plaire à tous les fans de Metal Gothique, évidemment, mais aussi de Metal Symphonique et ambiant, car s'il y a un groupe qui sait marier tout cela, surtout sur "The Tuoni Pathway", c'est SOULGRIND.

Le groupe montre d'ailleurs toutes ses plus jolies couleurs sur la splendide pièce d'ouverture, "The Call Of The Dancing Waters". Regardez ce magnifique coucher de soleil sur la pochette, fermez les yeux et tapez-vous ce titre. Sentimental, je suis ? Pfff. Bon, peut-être un peu, mais ce bridge au beau milieu de la chanson m'a complètement estomaqué. Rare entend-on une telle pause atmosphérique dès la première offrande ! SOULGRIND l'a osé en plantant ses doux crocs dans cette viande non cuite en peignant cette belle et inspirante tornade de sensations, de feuilles d'automne, où la voix de Whisper Lilith s'envole comme les oiseaux migrent, notamment sur ce refrain repris en chœur. Génial. Une solide pièce dès le départ est souvent gage de qualité, mais ne nous emportons pas trop vite ; plusieurs formations mettent souvent tous leurs œufs dans le même panier et se fourvoient.

Le reste de l'album est littéralement un condensé et/ou une décortication de "The Call Of The Dancing Waters" : de bons riffs doublés de synthé plaisant et de temps à autre planant, de vibrants refrains sous forme d'hymnes, un mix incontournable semble-t-il de voix, connu aujourd'hui sous l'expression « La Belle et la Bête », des passages ambiants et des tableaux oniriques où les émotions prennent le dessus, je vous aurai prévenu. C'est du Gothique après tout, un petit répit pour les âmes les plus impies. "March Butterfly" est l'exemple suprême, un slow musclé à ne pas écouter en peine d'amour ! On se serait passé de la voix d'Azhemin pour entendre mieux ces envolées guitaristiques, mais bon… SOULGRIND n'est pas parfait… J'en veux pour preuve la plutôt moyenne "Song Of Tomorrow", sûrement la plus faible du disque. Les ambiances prégnantes sont toutefois au rendez-vous, le crémage n'est pas rare.

SOULGRIND reprend le collier en milieu d'album avec un refrain à rallonge popisant et agréable sur "My Sweet Thought Of Death" sur lequel Lilith montre une fois toute l'étendue de son talent. La chanteuse se classe facilement dans mon top 5 des métalleuses, sa voix est aussi mélodieuse que les airs que ses comparses tressent pour elle. En tout cas, vaut mieux Lilith que son affreux partenaire de chant qui se paie un trip sur les « lourdes » "Tulikannel" et "Among The Graves", assisté et sauvé par Lilith encore une fois sur les refrains. Le clavier et les ambiances de "Among The Graves" sont très réussis, à cheval entre épiques et cauchemardesques, des thèmes pas très exploités par les Finlandais, mais qui collent bien au titre. Les guitares crachent un minimum, mais c'est encore une fois le talent symphonique du combo qui l'emporte au paradis.

Le dernier droit du disque est plutôt tranquille, ce qui est parfait, car c'est ainsi qu'il avait commencé. "Farewell To Misery" présente un des meilleurs refrains de la galette, puissant, en crescendo, tel qu'on en voudrait à la pelle. Le genre de morceau qui aurait très bien pu achever cette odyssée. Mais non, c'est "Vuoret Ja Metsänmaa" qui s'y colle, en douceur. Petit riff mystérieux de feu de camp, atmosphère boisée, on entend le tonnerre, on est confortable… Lilith chante en roulant ses "R" sur les légères grattes, les nappes de clavier et un rare et court solo, alors que le Dieu du tonnerre lui-même salue cette touchante pièce. Sentimental ? Peut-être, mais SOULGRIND assure, que voulez-vous.


"The Tuoni Pathway" est ainsi un immanquable pour tout fan de Gothique Sympho, même si SOULGRIND a raté à quelques occasions en nous imposant cette voix infâme d'Azhemin, qui aurait dû demeurer derrière ses synthés et laisser tomber le micro, contrairement à ce qu'il avait gerbé sur "Pakana". Varié, beau sous plusieurs angles, ce coucher de soleil cache beaucoup de bons moments enluminés de nostalgie et de maîtrise.

L'expérience sera ici payante pour les Finlandais. "The Origins Of The Paganblood" et "Pakana" étaient déjà pas mal, "The Tuoni Pathway" les surpasse et confirme que SOULGRIND est un combo que l'on doit respecter.

Note réelle : 3,5/5 arrondi à 4.