Eh oui, c'est le retour du Metal Gothique sur NiME ! Je dois bien vous en donner un par mois, non ? Les fans seront bien contents, vu qu'il est rare que je vous cause d'albums de merde dans le genre, surtout cette année. Et moi, ça me change les idées, ça me fait oublier les grosses sorties et les combos de Metal extrême avant que j'en abuse. Les Italiens d'EVENOIRE agissent ainsi comme un tonifiant miracle sur mes plaies avec leur Gothique/Folk pas trop musclé, mais suffisamment symphonique et ambiancé pour procurer un petit passeport pour le ciel.

EVENOIRE officie dans un Gothique ambiancé, pas si happy mais entraînant. Et attention : on est un cran en-dessous du Gothique Sympho hollywoodien, ce qui peut s'avérer une excellente chose... Les guitares crachent de jolies mélodies et les orchestrations y jouent les ventouses. Mais là où le quintette se distingue un brin de ses homologues est lorsque la chanteuse Elisa empoigne sa flûte pour peinturlurer le tableau de ses « notes heureuses ». "Herons" en est constellé. On se retrouve ainsi avec une carte d'embarquement pour les quatre coins du monde tellement les thématiques varient et évoquent moult références. "Herons" interpellera notamment les amateurs d'histoire, les férus de sonorités du Moyen-Orient et les inconditionnels de fantasy.

La plus grande faiblesse de l'album, parce qu'il en faut une, serait la voix d'Elisa ; elle ressemble à beaucoup d'autres, mais justement, je préfère les timbres qui se détachent de la masse. Surtout que son organe, lors des montées en puissance, perd encore plus de son lustre et efface un peu la magie de l'ensemble. Exception faite de "Love Enslaves", pièce-maîtresse de ce deuxième opus des Italiens.

Parlant de ce "Love Enslaves"... Il est rare que je m'attarde sur une plage, mais là... quel tour de force ! Ambiance de film d'époque, de nombreux revirements, des couplets solides et un refrain imparable, parmi mes préférés cette année. EVENOIRE montre là tout son talent de marchand d'imaginaire pour les mélodies et le romantisme musclé. Le reste du podium saura vous instruire des moments les plus forts, dont "Tears Of Medusa", bon exemple de rythmes et d'atmosphères bariolés sur lequel chante aussi Linnéa Vikström (guest pour nombre de groupes, dont KAMELOT).

La seconde moitié de l'album m'a impressionné davantage, ce qui est très rare, la majorité des groupes se contentant souvent de mettre toute la gomme dès le départ ou s'assurant, lorsqu'ils sont brillants, d'équilibrer le tout. Je ne dis pas que les cinq premiers morceaux sont moins succulents, au contraire, mais ils ne s'enchaînent pas avec la même facilité. Qu'importe, en général, les dix étapes de cette chaude odyssée se franchissent sans trop d'anicroches.

EVENOIRE livre avec ce "Herons" une réussite presque complète, si on ne s'attend pas à un feu d'artifices. On dépasse le simple enthousiasme et n'eut été de la faiblesse de quelques titres et de la voix faible à l'occasion d'Elisa, on serait parti pour la gloire dans cette catégorie de Metal à cheval entre l’œuvre grandiloquente et l’œuvre personnelle. L'avenir nous dira si les Italiens sauront capitaliser ou mourront simplement dans l’œuf, dans ce large cercle du Metal Gothique. Je parierais, en le souhaitant très fort, qu'on n'a pas fini d'entendre parler d'eux.

Note : 3,5/5.

Podium : (or) "Love Enslaves", (argent) "Tears Of Medusa", (bronze) "The Lady Of The Game".