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BAD RELIGION - The Empire Strikes First (2004)
Par CANARD WC le 2 Juillet 2009          Consultée 5329 fois

"The Empire..." est le meilleur album du monde pour s’introduire dans l’univers merveilleux de BAD RELIGION. Il y a un peu de tout là dedans, dans les bonnes proportions, pour un rendu à la fois fidèlement représentatif et suffisamment qualitatif. Si vous ne connaissez pas BAD RELIGION et que vous souhaitez donner une chance au produit, il s’agit là du bon album.

D’ailleurs, puisqu’on en parle, mon tiercé dans l’ordre pour commencer, c’est :

1/ The Empire, pour le côté « synthèse ».
2/ Process, pour le côté « sophistiqué ».
3/ Generator, pour le côté « ultime ».

( Best Of de tout et n’importe quoi, listes et Tops en tous genres… C’est pathologique ça )

Sur ce « Empire », BAD RELIGION brille mais pas trop. Le groupe a la délicatesse de débouler sans trop chambouler l’ignare, ni perdre le fan au passage. Tout commence donc de façon introductivement liminaire avec trois premiers morceaux (1) absolument ébouriffants : "Sinister Rouge" – "Social Suicide" – "Atheist Peace". Trois brûlots, cinq petites minutes. Ça file à une vitesse hallucinante, de quoi renvoyer tous les groupes de spimélo chez leur mère. Sans qu’on capte ce qui nous arrive tant ce petit monde est parfaitement vaseliné, ça s’imbrique délicieusement l’un dans l’autre comme des évidences. Rythme endiablé, riffs éclairs au café, lignes de chant parfaites soutenues par d’astucieux chœurs… Bref, un premier aperçu fidèle au Hardcore super énergique et super mélodique de BAD RELIGION. A ce jeu de la prise de contact, ce groupe est décidément trop fort. Personne n’envoie d’emblée de baffes aussi merveilleuses, véritable aller-retour génial option joues rouges et cul à l’air.

Puis, les choses s’enchaînent et retombent naturellement d’un poil pour que les émotions aient le temps de poindre leur bout de nez. Normal. On passe alors de la révolte sur-vitaminée à la tristesse la plus touchante pour déboucher sur le désabusement un rien amusé, d’un « Atheist Peace » (et sa fantastique conclusion acoustique) au larmoyant « All there is ». Plus que jamais déstabilisant, en quelques titres, BAD RELIGION vous crache toute l’étendue de son talent à la gueule. Ce talent où l’énergie, le sens de la composition et l’empathie se bousculent à chaque coin de riff, donnant l’impression que l’album déborde d’émotions et de cette espèce de sensibilité exacerbée. Suffit de prendre 1mn30 pour jeter un coup d’œil aux paroles toujours aussi bien foutues. Même la « traditionnelle » diatribe antireligieuse (ritournelle quasi obligatoire chez BAD RELIGION) est plus subtile qu’elle n’y paraît. Rien que ce « All there is » putain de merde. Ce petit gamin qui découvre en confession forcée que Dieu n’existe pas (comme une intuition évidente), toute la vacuité de la foi est jetée en quelques lignes (2) avec la force de la conviction et toute intelligence mesurée « BADRELIGIEUSE ».

La suite de l’album alterne les mêmes forces et les quelques faiblesses qu’on connaît. Les petites fausses notes ("To Another Abyss" et le morceau éponyme) témoignent sûrement d’un brin de facilité, mais il en faudrait beaucoup plus pour gâcher la fête. Rien que des titres comme « Los Angeles is burning » (quel tube nom d’un gnou !) ou le terriblement entraînant « Let them eat war » et on veut bien tout pardonner. Une tuerie impeccable plus loin ("The Quickening"), un splendide « God’s Love » (un rien énervé) et on est déjà sur AMAZON en train de commander l’album. Si la fin de l’album avait été aussi percutante que les deux premiers tiers, Empire aurait sans doute été le meilleur album du groupe. Que voulez-vous… « It’s a hard life » comme disait Freddie. Je suppose que les quelques titres de trop ne devraient pas ternir la découverte d’un auditeur ignorant tout des bonnes pratiques de BAD RELIGION.


Reste le meilleur pour la fin : "Live Again". THE conclusion en guise de cerise sur le cheese-cake. Un titre irrésistible, gorgé de cynisme qui aborde la question de l’au-delà, de cet hypothétique « après » qui nourrit la foi religieuse. On remet tout en cause en posant une bête question : et si finalement il n’y avait rien APRES ? Si c’était le cas, z’auraient pas l’air cons tous ces croyants… Toutes ces vies gâchées pour le culte d’un grand rien. Faute de mieux, moi je propose le culte du Dieu BAD RELIGION.


Note : 4/5


Morceau préféré : Live Again



(1) Je mets de coté l’instru inutile d’une minute « Overture ».
(2) Cette prise de conscience « naturelle » de l’inexistence de Dieu par un enfant m'a fortement rappelé la propre anecdote de SARTRE qui expliquait (dans « Les mots » il me semble) l’origine de son athéisme lorsque gamin, un beau matin, au saut du lit, l’inexistence de Dieu le frappa telle une évidence naturelle.

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   CANARD WC

 
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- Greg Graffin (chant)
- Brett Gurewitz (guitare)
- Greg Hetson (guitare)
- Brian Baker (guitare)
- Jay Bentley (basse)
- Brooks Wackerman (batterie)


1. Overture
2. Sinister Rouge
3. Social Suicide
4. Atheist Peace
5. All There Is
6. Los Angeles Is Burning
7. Let Them Eat War
8. God's Love
9. To Another Abyss
10. The Quickening
11. The Empire Strikes First
12. Beyond Electric Dreams
13. Boot Stamping On A Human Face Forever
14. Live Again - The Fall Of Man



             



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