Sur ce septième album, j’ai envie de parler de retour aux sources, poussé par une voix tapie dans un coin de mon cerveau, à l’endroit où toutes les certitudes du chroniqueur prennent racine. Mais une autre voix, circonspecte, m’hurle de me tenir sur mes gardes et ne pas céder au piège de la comparaison.

C’est vrai que les suédois n’ont jamais dévié de la route amorcée sur « Once Sent From The Golden Hall ». En six albums, toujours ce death mélodique savamment saupoudré de complaintes vikings. Toujours. Et la récolte 2008 ne fait pas exception à la règle.
C’est vrai aussi que sur « Twilight Of The Thunder God », plus que sur n’importe lequel des cinq albums qui le précèdent directement, je retrouve certains éléments tels que « Once Sent From The Golden Hall » les exhibait. Les riffs black - c'est-à-dire moins heavy, la prod débarrassée de sa barde pour ne laisser sur l’assiette que la viande, filandreuse, rugueuse, ou encore une rythmique presque autant incisive que sur « Versus The World », mais nettement moins martelée, comme si le pachyderme AMON AMARTH avait délaissé son pas militaire au profit d’une démarche posée, qui évite d’en faire des tonnes. A l'instar de son premier album, oui.

J’ai toujours considéré la première offrande des suédois, pour les raisons suscitées, comme à part. Et « Twilight Of the Thunder God » la rejoint, en quelque sorte. Le titre qui fait preuve de la plus grande souplesse, avec son grand écart à l’aplomb des dix ans qui séparent les deux albums, c’est « Guardians of Asgaard », petite merveille de death mélodique nourri aux ambiances vikings. Un riff hypnotique, un chant inquisiteur, un refrain qui s’abat comme le tranchoir du boucher sur la barbaque, AMON AMARTH est grand. Et rien ne viendra démentir cette conclusion. Ni « Varyags Of Miklagaard » et sa rythmique déclinée comme une obsession, ni « Tattered Banners And Bloody Flags » et « No Fear For The Setting Sun », deux brûlots aux riffs dantesques, ni « The Hero », course épique effrénée, et encore moins « Embrace Of The Endless Ocean », amalgame avantageux de tous les ingrédients qui façonnent la fougue du death mélodique, au premier rang desquels une guitare mélancolique, des riffs intraitables, un chant sans concession ou une rythmique éduquée sur l’enclume.

« Twilight Of The Thunder God » arrive à point nommé. Car il remet AMON AMARTH sur les bons rails après un « With Odin On Our Side » un peu raté, trop désireux d’appliquer encore et encore la même recette. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’AMON AMARTH prend des risques, il ne faut pas exagérer. Seulement, je pense déceler une réelle volonté. Celle de moins s’appuyer sur la rythmique dévastatrice – la force vive du groupe, merci on l’avait compris. Celle, surtout, de renforcer les mélodies et la structure accrocheuse des titres, de renouveler une collection de riffs déjà bien fournie. Bref, de se renouveler.

Après dix ans de carrière et sept albums, ça n’était pas évident. Grace à cela tout autant qu’à cet album de grande classe, AMON AMARTH s’impose une fois de plus comme une formation incontournable. Et ne quitte pas le podium du death mélodique.