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AYREON - Into The Electric Castle - A Space Opera (1998)
Par JEFF KANJI le 28 Septembre 2018          Consultée 6781 fois

Devant le succès mitigé d'un "Actual Fantasy" sans aucun doute réalisé dans la précipitation et auquel sa version revisitée par le maître en 2004 rendra justice, Arjen Lucassen, ragaillardi par sa nouvelle créature dont le succès critique était pourtant arrivé quasi immédiatement, mais refroidi par l'échec relatif du deuxième opus, sait qu'il va devoir tout donner pour qu'AYREON ait un avenir au-delà de son troisième album.

Une constante se confirmera avec son successeur, chaque album réalisé par Arjen sera systématiquement en réaction avec l'opus précédent : c'est pourquoi on retrouve sur "Into The Electric Castle" la luxuriance instrumentale de "The Final Experiment" avec une grande part laissée aux instruments acoustiques comme la flûte ou la mandoline, mais surtout la guitare acoustique, qui tient une place centrale. Pour autant, Arjen a soigné sa production une nouvelle fois et nous délivre des parties d'électrique massives et dynamiques ("Across The Rainbow Bridge") et les passages instrumentaux profitent de l'écriture progressive décomplexée du maître, mettant en valeur ses talents de soliste mais aussi ceux de Robby Valentine, Clive Nolan ou encore René Merkelbach, qui se distingue sur "The Decision Tree".
Pour ceux qui désormais suivent la carrière d'AYREON depuis cette époque, c'est aussi le premier, d'une suite quasi ininterrompue (c'est Rob Snijders qui jouera sur "The Dream Sequencer"), des collaborations d'Arjen avec Ed Warby, qui illumine de sa classe, révélant un jeu nettement plus musical et fin que ce à quoi nous étions habitués avec GOREFEST.

Mais la grande force de "Into The Electric Castle", au-delà de son ébouriffant casting de vocalistes pour l'époque, où aux pointures néerlandaises que sont Anneke Van Giersbergen, Edward Reekers ou Jay Van Feggelen se joignent la toute jeune Sharon Den Adel dont la carrière en est à ses balbutiements mais aussi Damian Wilson qui va connaître le succès avec THRESHOLD et qui collaborera régulièrement à l'avenir avec Arjen, on ne peut bien évidemment passer sous silence le concours du leader de KALEIDOSCOPE Peter Daltrey, dont les narrations fantomatiques contribuent à ancrer le concept du château électrique et installer cette fascination autour des Forever de la planète Y, et de Fish bien sûr, l'ex-MARILLION venant de délivrer à l'époque l'un de ses efforts solo les plus aboutis avec "Sunsets On Empire", et dont les qualités de conteur sont parfaitement exploitées (il écrira ses propres paroles pour l'album). Sa théâtralité est largement exploitée également et participe à la classe d'un "The Decision Tree".

Mais le Space Opera d'Arjen est en réalité la véritable star ici ; rarement Arjen aura proposé une histoire aussi fouillée et centrée sur les émotions que "Into The Electric Castle" et seul "The Human Equation" s'en approchera un tant soit peu. "Into The Electric Castle" est un disque qui musicalement vaut déjà un gros 4, la force évocatrice des riffs, la maîtrise des ambiances ("The Tower Of Hope" avec sa lente plongée vers la noirceur où Robert Westerholt et George Oosthoek incarnent une mort des plus terrifiantes, et sa tension de plus en plus vive jusqu'au cri final de l'Indienne), et l'éloquence de ses lignes mélodiques qui individualisent les morceaux à mort tout en conservant une certaine homogénéité avec l'ensemble sont autant de forces qui font de "Into The Electric Castle" le premier chef d'œuvre d'Arjen, et ce malgré une fin d'album pas totalement à la hauteur de l'avalanche fracassante de morceaux anthologiques enchaînés (le classique "Isis And Osiris", "Amazing Flight", "Tunnel Of Light", "Across The Rainbow Bridge", "Valley Of Queens", "The Castle Hall", "Cosmic Fusion") et rehaussé par le groovy "The Two Gates", qui signe la fin de l'expérience pour nos survivants, avec son refrain presque EDGUY-esque, AVANTASIA-esque je dirais même si ce n'était pas anachronique.

La thématique choisie ; une expérience extraterrestre qui cherche à comprendre comment un être se défait progressivement de ses émotions jusqu'à les perdre totalement (on apprendra vingt ans plus tard que le Liquid Eternity en est responsable). Les personnages sont volontairement archétypaux mais évoluent dans un monde où la notion de temps et d'espace s'efface, si bien que l'on est immergé dès l'introduction dans cette "New Dimension" et que l'on souhaiterait à la fois être dans la peau de l'un des personnages, alors que notre position d'auditeur nous incline naturellement à adopter la position omnisciente du Forever qui dirige tel un meneur de jeu une équipe haute en couleurs et dont l'épopée peut aussi rappeler un JDR dans son développement, et sous lequel on reconnaîtra cette programmation synthétique qu'Arjen réutilisera sur "01011001".

En bref, avec l'opus de la dernière chance (en tout cas dans l'esprit de son créateur), AYREON vient de signer son entrée fracassante au panthéon de la musique Progressive, et s'il ne réitèrera pas la même performance tout de suite, il va s'installer confortablement sur son trône, recueillant progressivement la reconnaissance de ses pairs, qui se battront bientôt pour travailler avec lui, ce que les deux albums suivants démontreront.

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   JEFF KANJI

 
   ANCESTOR

 
   (2 chroniques)



- Jack Pisters (sitar)
- Taco Kooistra (violoncelle)
- Erno Olah (violon)
- Thijs Van Leer (flûte)
- Roland Bakker (orgue hammond)
- Tom Scherpenzeel (synthé solo sur 2-5)
- Fish (chant – the highl, er)
- René Merkelbach (synthé solo sur 1-5, 2-7, clavecin sur 2-2)
- Clive Nolan (synthé solos sur 1-3c)
- Robby Valentine (piano, synthé solo sur 1-2a-3a, 2-4, mellotron sur 1-6a)
- Ed Warby (batterie)
- -
- Robert Westerholt & George Oosthoek (vocaux – death)
- Peter Daltrey (vocaux – the voice)
- Edward Reekers (chant – the futureman)
- Arjen Anthony Lucassen (chant – the hippie)
- Jay Van Feggelen (chant – the barbarian)
- Anneke Van Giersbergen (chant – the egyptian)
- Edwin Balogh (chant – the roman)
- Damian Wilson (chant – the knight)
- Sharon Den Adel (chant – the indian)
- Arjen Anthony Lucassen (guitare électrique, acoustique, mandoline, basse minimoog,)


1. Welcome To The New Dimension
2. Isis And Osiris
- a) Let The Journey Begin
- b) The Hall Of Isis And Osiris
- c) Strange Constellations
- d) Reprise
3. Amazing Flight
- a) Amazing Flight In Space
- b) Stardance
- c) Flying Colors
4. Time Beyond Time
5. The Decision Tree (we're Alive)
6. Tunnel Of Light
7. Across The Rainbow Bridge

1. The Garden Of Emotions
- a) In The Garden Of Emotions
- b) Voices In The Sky
- c) The Aggression Factor
2. Valley Of Queens
3. The Castle Hall
4. Tower Of Hope
5. Cosmic Fusion
- a) Soar On The Breeze
- b) Death's Grunt
- c) The Passing Of An Eagle
6. The Mirror Maze
- a) Inside The Mirror Maze
- b) Through The Mirror
7. Evil Devolution
8. The Two Gates
9. Forever Of The Stars
10. Another Time, Another Space



             



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