Décidément, Ian Gillan ne perd pas de temps en solo et il a fermement l'intention d'explorer plein de styles différents sur ses albums. Un an après Naked Thunder, le voilà qu'il passe déjà à autre chose, on ne s'attendait pas à ce que Toolbox soit à ce point différent de son prédécesseur. Avec Toolbox, Ian Gillan propose carrément sa propre version du hard rock américain, un album solide qui n'hésite pas à jouer avec les clichés du genre. Steve Morris, le guitariste et unique rescapé du line-up de Naked Thunder, n'est sûrement pas resté insensible aux albums de Van Halen et du David Lee Roth Band.

Ian Gillan est un rocker, il fait ce qu'il veut et n'en a rien à secouer du "music-business", c'est en gros l'image qu'on a de lui à l'époque de Toolbox. Il a voulu se faire plaisir avant tout, sur un bon vieux big rock des familles et un déluge ininterrompu de guitares. L'absence de claviers (une première chez Gillan) ne fait que confirmer cette orientation vers un hard rock moderne et puissant. On note le retour du logo Gillan, le même que pour ses albums sortis entre 1979 et 1982. Cela prouve bien que Gillan a sorti quelque chose de couillu, le message est clair, même si la musique et l'équipe de Toolbox ne sont plus les mêmes qu'à l'époque.

La production (par Chris Tsangarides) colle bien à ce type d'album bien qu'elle ne soit pas très nuancée... à l'image de l'album finalement. C'est le seul défaut du disque : l'absence de claviers et toute l'énergie déployée peuvent devenir un peu fatiguant à la longue. On a à peine le temps de souffler, seul Don't hold me back calme un peu le jeu, ça fait du bien après cette avalanche de guitares saturées et de cris suraigus. Car oui, Ian Gillan se lâche complètement ici, il joue les "metal-gods" et se permet même des audaces qu'on n'attendait plus de lui depuis longtemps. Difficile de croire qu'il s'agit du même homme qui chantera deux ans plus tard sur The battle rages on, album où il sera nettement moins à l'aise puisque conçu à l'origine pour être chanté par Joe Lynn Turner. Mine de rien, une performance comme celle-là, avec des aigus à n'en plus finir, Ian Gillan n'en avait pas délivré depuis le Born Again du Sab.

Dommage que Simon Phillips n'ait pas été reconduit à la batterie, la section rythmique est assez banale sur Toolbox. On commence par deux excellents hard rock (Hang me out to dry et Toolbox), un peu crétin sur les bords avec cette ambiance "Highway 66 forever", limite ça aurait pu devenir des classiques du genre ! Quel plaisir d'entendre Ian Gillan chanter comme ça ! Les titres speed sont même vraiment heavy (Candy Horizon, Pictures of hell, Gassed up), avec des harmonies typiques du genre, alors que Ian Gillan affirme ne jamais avoir fait de heavy metal dans sa carrière... amusant (ça doit faire longtemps qu'il n'a pas réécouté Born Again) ! Quelques titres groovy (Dancing nylon shirt, Everything I need) avec toujours cette touche américaine qui auraient pu permettre à Gillan d'avoir du succès au milieu des Gun's 'n' Roses, Mr Big, Warrant, Firehouse et compagnie. Mais le refus de tout compromis (aucune ballade) le cantonnera à un succès d'estime auprès des fans de Deep Purple... et encore ! Quoiqu'il en soit, en 1991 tout le monde est content, Deep Purple comme Ian Gillan semblent avoir trouvé leur voie...