...And The Circus Leaves Town était un des plus beaux albums de l’histoire du Rock. Malgré cette réussite artistique totale, KYUSS a splitté. Chacun des membres est parti papillonner dans de multiples directions et aujourd’hui, UNIDA, FU MANCHU, SLO BURN et d’autres encore ont recueilli quelques-unes des miettes du plus savoureux gâteau que la planète stoner ait sorti de son four. Josh Homme, guitariste au son lourd et désertique et Nick Oliveri, bassiste a la basse plombée mais au groove infernal ont notamment fécondé QUEENS OF THE STONE AGE, formation devenue ô combien populaire.

On peut voir dans ce premier album de cette formation californienne une extension logique de KYUSS. Le dernier disque du géant montrait plus de mélodie que le mammouth au poil sale Welcome To Sky Valley. Il était également plus facilement digérable que son prédécesseur à l’esthétique trop extrême pour les plus sensibles. Queens Of The Stone Age poursuit en quelque sorte l’investigation de Josh Homme sur un terrain plus Rock et un peu moins aride.

Les trois premiers titres, regular john, avon et if only sont les parfaits exemples de cette évolution. Les riffs sont directs et un feeling pop a remplacé les rythmes pachydermiques de la bête morte en 1995. Le ton général reste cependant suffisamment sec et pesant pour que l’adorateur de KYUSS ne crie pas au scandale. Les guitares sont monocordes mais très addictives et la voix de Josh Homme possède un attrait difficile à décrire. L’homme n’est pas un grand chanteur mais sa tessiture, qui navigue parfois dans les aigus tout en conservant une âpreté au charme insidieux, possède un instinct Rock admirable. Le contraste entre ce timbre plutôt fin et le son somme toute puissant des grattes est sympathique et délicieux. Le batteur Alfredo Hernandez mérite quelques compliments pour son jeu minimaliste mais efficace et collant parfaitement au climat de l’album.

You would know et ses touches de clavier téléphonique (?!) possède lui aussi un certain attrait même si le morceau mériterait peut-être un petit coup de pied au cul, sa lenteur devenant peu à peu assez énervante. Heureusement, le réveil sonne grâce au réussi how to handle a rope.

Mais le charme est rompu à la fin de cette dernière composition. Toutes les autres sont décevantes, poussives et donnent vite envie de d’éteindre la chaîne hi-fi. Si vous tenez jusqu’au bout sans appuyer sur la touche off, vous écouterez I was a teenage hand model qui clôture l’album sur une touche bien terne en brillant par son inutilité. Les effets sonores ridicules posés en fin de morceau reçoivent un carton rouge pour le sentiment d’agacement qu’ils ont fait monté en moi. Ils sont de plus beaucoup, beaucoup trop forts!

KYUSS était trop grand, trop jouissif et QUEENS OF THE STONE AGE ne devrait peut-être pas être jugé par rapport à son aîné. Mais il est impossible de sortir de sa mémoire un passé si glorieux. La nostalgie est un trait majeur de ma personnalité et je ne peux, ni ne veux réellement, lutter contre cela. Queens Of The Stone Age, malgré un début proprement spectaculaire (je répète mon attachement aux trois premiers morceaux), m’a déçu, tant pis.