Chaque chronique d’un album de DEATH qui se veut un tant soit peu informative devrait commencer par ces fameuses indications sur les modifications de line-up. Je m’acquitte donc de cette tâche un peu laborieuse. Au programme de Symbolic, sont donc le départ du guitariste Andy Laroque et du bassiste virtuose Steve Digiorgio (SADUS, TESTAMENT mais aussi plus récemment DRAGONLORD). De son côté, Gene Hoglan s’accroche à ses sticks pour le plus grand bonheur de tous, le jeu du talentueux batteur s’accordant parfaitement à la musique du groupe. Les nouveaux venus sont Bobby Koelble et Kelly Conlon. Le premier n’est rien de moins qu’un professeur de guitare réputé d’Orlando, diplômé de Berkley. Le second a officié au sein de MONSTROSITY et possède également une maîtrise irréprochable de son instrument, la basse.
Les présentations faites, parlons un peu de la musique présente sur "Symbolic".

Ces changements ont beaucoup influé sur la couleur du disque. Les schémas jazz et néo-classiques d’"Individual Thoughts Patterns" ont disparu pour laisser place à un ensemble aux courbes pourtant toujours aussi alambiquées. Au contraire de MORBID ANGEL qui continue à nous éblouir de sa puissance et de son intensité, Chuck Schuldiner et sa troupe en perpétuelle évolution écrivent des pièces toujours plus raffinées, gagnant en élégance ce qu’elles perdent en force brute. Les années passent et DEATH devient de plus en plus complexe et progressif. Les riffs s’enchaînent les uns aux autres, sans jamais qu’un seul plan ne soit posé de manière bancale. Les soli du maître gardent ce ton particulier que nul n’a osé ou été capable de copier tandis que les interventions plus rares de Bobby Koelble leur opposent une enviable dextérité. Les dialogues de guitares devenus marque de fabrique depuis la glorieuse époque où James Murphy faisait partie de l’aventure sont toujours aussi intéressants. Le martèlement des fûts de l’ex-DARK ANGEL conserve sa précision métronomique tout en évitant la lourdeur et l’asphyxie.

Les essais de dissonance sont réussis et transformés, les variations rythmiques et les nombreuses ruptures harmoniques sont totalement à propos. Evitant pourtant les débordements techniques outranciers auxquels d’autres sont communs, "Symbolic" pourrait faire l’objet d’une étude dans les cours de théorie musicale si seulement le patronyme de l’artiste ayant créé cette œuvre ne faisait pas peur aux professeurs et aux censeurs.

Ceux qui ont aimé "The Sound Of Perseverance" pourront se jeter les yeux fermés sur cet opus plus abouti que son successeur aux arrangements souvent maladroits. En plus, ils auront le plaisir d’entendre le timbre de Chuck qui a été, sur le septième et ultime album studio, honteusement remplacé sans que nul ne s’en rende compte par un Donald Duck en train de répéter son texte avant son apparition dans un mauvais film de vampires.
Ceux qui suivent le combo depuis plus longtemps trouveront "Symbolic" différent des précédentes livraisons mais toujours aussi indispensable et digne de la valeur de son géniteur.