Sorti à la fois en DVD et en CD comme son prédécesseur "Live in LA (Death And Raw)" pour soutenir financièrement Chuck Schuldiner dans sa lutte contre la maladie, ce live au légendaire Dynamo de Eindhoven ne vaut aujourd'hui plus vraiment la peine de s'en soucier. Et pour cause, Chuck Schuldiner est mort. Et ce DVD ne rend guère hommage au compositeur de quelques-uns des plus grands hymnes du death metal.

Inutile d'insister sur la texture cataclysmique du chant, elle ne fait que suivre un choix artistique que je ne comprendrai certes jamais mais que je préfère tenter d'oublier pour me concentrer sur les innombrables autres défauts d'un produit gâché par son amateurisme fangeux.

Il est déjà dommage de voir DEATH devoir évoluer devant un public dont on sent qu'il n'est pas tout entier acquis à sa cause. Dans un festival, la star, c'est le festival lui-même suivi des quelques têtes d'affiche dont DEATH ne fait ici pas partie. Alors, assister au spectacle de son artiste chéri se faire annoncer par un chauffeur de salle indolent comme un vulgaire combo de troisième zone puis s'époumoner contre la lumière du jour et pour essayer de remuer une foule qui ne le connaît parfois que de nom fait peine à voir. Heureusement pourrait-on dire, le calvaire ne durera qu'une heure. Un calvaire supplémentaire pour Shannon Hamm et Richard Christy qui peinent à briller sur le répertoire le plus ancien de leur employeur alors que Scott Clendenin suit son patron de près dans une interprétation parfaitement maîtrisée.

Mais tout ça n'est rien face au désastre technique.
Des caméras sans âme tout juste bonnes à capturer les infos du concert sans une seule fois souligner les moments forts d'une prestation dont l'intérêt leur échappe, des caméras dirigées par une réalisation au rabais. Un kit live MTV multi-usage se moquant bien de l'artiste filmé. Encore pourrait-on bénéficier d'un cadrage professionnel mais non, Chuck perd ses cheveux pendant la moitié du concert. Propécia toute !
Pour compléter la brochette, un son mal synchronisé qui fait croire au batteur fantôme et de divines coupures image à la fin de chaque morceau. Coupures ô combien précieuses afin de s'assurer que jamais le téléspectateur ne s'immergera totalement dans l'ambiance du jour.
Alors coupons le son et écoutons.
Ecoutons le groupe lutter contre une sono qui ne leur est pas destinée et qui étouffe parfois une guitare rythmique bien mal à l'aise sur certains titres. Non remasterisées pour coller à un esprit roots, bien plus certainement pour faire des économies (rappelons-nous toujours pourquoi ce DVD a vu le jour), les pistes sonnent péniblement.

Alors que nous reste-t-il ? Une setlist équilibrée, l'absolue maîtrise instrumentale d'un leader génial mais timide devant une assistance qui le connaît trop peu, des exclusivités du futur "The Sound Of Perseverance" (pas encore sorti à l'époque) de bonne tenue. Franchement insuffisant. Alors si, avant le décès du principal protagoniste de cette performance hollandaise, nous pouvions nous jeter le cœur gros comme une maison sur ce produit de supermarché, il faut maintenant revoir sa position. En 2008 et quand bien même son allure de vrai faux bootleg lui octroie un caractère sympathique, le "Live In Eindhoven" ne mérite absolument plus qu'on s'attarde dessus.