Après les inévitables changements de line-up frappant DEATH, le combo de Chuck Schuldiner nous revient en 1993, armé d'un nouveau pavé de Metal bouillonnant. "Human" était une véritable et brillante réussite, et DEATH avait à relever un sacré défi en assurant sa succession. Qu'on se rassure, ce "Individual Thought Patterns" au son cru et abrasif remplit sa mission haut la main, tout en parvenant à glisser d'opportunes évolutions dans l'échafaudage du son DEATH, toujours aussi unique et personnel.

Le furieux "Overactive Imagination" qui ouvre l'album donne d'ors et déjà le ton et résume magistralement la musique proposée ici par DEATH : Guitares mélodiques et particulièrement acides, très agressives, et qui sillonnent un tapis de fréquences basses (mais pas inaudibles) garantes de l'étiquette Death-Metal, solos purement époustouflants de maîtrise mélodique et de dextérité ("Trapped In A Corner", pour n'en citer qu'un...), chant sauvage et écorché, loin du grondement guttural des habituels gosiers du genre... et cette fichue touche Heavy Metal racé qui enveloppe le tout et donne au groupe cette patine dépassant le cadre de l'extrême pur et dur ! On sent en Chuck un véritable dingue du Metal des 80s, et cette passion transpire par tous les pores de ce "Individual Thought Patterns", moins radical que "Human", plus posé.

Pour le reste, DEATH demeure le monument qu'il est, avec cette technicité exemplaire servant une musique qui n'en finit plus de rebondir au travers de ses excellents breaks incessants et qui, pourtant, n'affectent en rien la cohérence de l'ensemble : c'est à souligner, la musique de DEATH n'est jamais bêtement et stérilement complexe, et conserve en permanence un côté accrocheur distillé par des riffs de toute beauté ("Nothing Is Everything", "The Philosopher"...), extraordinairement ciselés, et mêlés de leads d'une qualité ahurissante : rares sont les groupes à pouvoir se prévaloir de tels artistes de la six-cordes !

Oups, j'ai failli oublier ! On parlait de line-up ? Force est de reconnaître que cette fois, l'inamovible maître d'œuvre Chuck Schuldiner (DEATH c'est lui et personne d'autre, point) s'est encore mieux entouré que d'habitude. Matez-moi ça : Gene Hoglan derrière les futs (l'un des meilleurs batteurs de Metal au monde, rien de moins), Steve DiGiorgio et sa basse croassant très présente, et enfin le magicien Andy Laroque (l'éternel compère de King Diamond) à la deuxième gratte ! C'est pas du Line-up de folie, ça ?

Bref, n'en faisons pas des tonnes, DEATH c'est tout sauf du combo de seconde division ! DEATH, c'est une terrible expérience de ce que le Metal peut compter de brutalité, de technicité, de guitares exaltées et exaltantes, d'ambiances fortes ("Mentally Blind" et "Out Of Touch" augmentés de synthés en nappes) et de génie pur et simple, de celui qui élève cette musique à un niveau d'accomplissement supérieur. "Individual Thought Patterns" ? Un grand disque pour un grand seigneur.