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BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB - Specter At The Feast (2013)
Par KOL le 16 Juin 2024          Consultée 377 fois

Vous connaissez le principe du feedback "Hamburger" en matière de management ? Tu commences par du positif ("sympa ta cravate Mickey"), puis tu files une torgnole en mode "t’as vraiment fait de la merde, Berthier sur le dossier Cogip" (pardon, on dit "development area" à notre époque de start-up nation), avant de finir sur une touche énergisante : "bon, c’est pas vraiment de ta faute, le client est un connard, et tu vas te refaire au trimestre prochain, j’ai confiance en toi". Et bien "Specter At The Feast" donne un peu ce sentiment, pour tout vous avouer, chers lecteurs. Ça commence avec l’un des meilleurs morceaux jamais écrits par BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB, ça se termine avec la même excellence dans un style différent, et entre les deux… Ben, c’est pas fameux, Berthier.

Et c’est d’autant plus dommage que l’album est dédié à Michael Been, père du chanteur/bassiste/guitariste, décédé d’un arrêt cardiaque backstage en 2010 pendant le Pukkelpop Festival en Belgique. La figure paternelle représentait bien plus qu’un lien de filiation avec la formation californienne. Ancien leader du groupe The CALL, il avait accueilli Peter Hayes au sein de la famille Been lorsque celui-ci était à la rue, et avait contribué à produire et mixer les offrandes du gang de Frisco depuis plusieurs années. Son esprit plane donc sur ce septième LP de BRMC, pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs. La reprise "Let The Day Begin", tube écrit par le daron dans ses années de zikos en activité, lui rend ainsi hommage, dans un style très cohérent avec l’univers de BRMC.

Le disque s’ouvre d’ailleurs sur "Fire Walker" évoqué précédemment. Quelques carillons inquiétants avant que la basse distordue et inspirée chère au combo ne vienne plomber plus encore l’ambiance, accompagnée par la frappe de Leah Shapiro, désormais bien installée derrière les fûts. La chanson a tout d’une procession funèbre, le doute n’est pas permis. Jamais BRMC n’a sonné aussi lourd. Le chant susurré du duo Been/Hayes n’en est que plus puissant dans son contraste, avant de se montrer plaintif, lâchant les chevaux avec retenue mais réussite sur les harmonies du refrain. Impossible de se montrer insensible à cette composition habitée, puant la tristesse à plein nez. La colère aussi. Filez m’écouter ça de suite ! Si vous n’aimez pas, vous n’avez pas de cœur (le sens de la nuance n’a jamais été mon fort, comme dirait l’ami Nelson)…

Quelques autres titres sortent bien leur épingle du jeu malgré tout, le groovy "Hate Your Taste", l’énervé "Rival" procurent leur dose de Shoegaze attendue, les musiciens y démontrant toute la maîtrise de leurs instruments. Le jeu de Shapiro, d’une sobriété rare, y est pour beaucoup dans la maîtrise des fills et des rythmes, s’effaçant totalement derrière les compositions pour mieux les servir avec humilité et dévotion. C’est assez rare de la part d’un batteur pour être souligné. Quant à Been et Hayes, ils ne déçoivent jamais, mais se sont déjà montrés plus inspirés. Pour le reste, il faudra malheureusement attendre la pénultième piste pour retrouver quelques frissons tant on aura tendance à s’emmerder franchement. Il faut dire, douze tracks et une heure, c’est sans doute trop pour ce que BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB pouvait offrir dans ce contexte.

Heureusement, "Sell It" déboule pour nous réveiller et ressusciter l’âme bruitiste qui fait la marque de fabrique des Américains depuis leurs débuts. Bouclant l’opus comme il avait commencé, dans la lenteur et la lourdeur, la basse de Robert Levon Been en avant, pour mieux déchaîner les guitares de Peter Hayes, elle emporte avec elle la léthargie dans laquelle le ventre mou de "Specter At The Feast" nous avait plongé, d’un ennui frisant la musique d’ascenseur pour rockeurs cinquantenaires.

Et comme BRMC ne saurait nous laisser sur notre faim, ils ont l’élégance d’avoir gardé "Lose Yourself" en guise de digestif. Huit minutes éthérées, emplies d’émotions planantes et introspectives, loin du tube d’EMINEM je vous rassure. Le débit se veut lent et progressif. Il invite à se perdre dans la musique, se laisser aller égoïstement face à soi-même, sans se préoccuper du monde qui vous entoure et vous sur-sollicite en permanence (coupez vos notifications, merde !). D’une délicatesse rare dans un monde de brutes, le gang de loubards montre qu’ils en ont encore dans le bide, et c’est sans doute la meilleure nouvelle de la galette, tant le doute était permis à l’écoute d’un disque bien trop hétérogène, se montrant tour à tour brillant comme d’une rare fadeur.

Il faudra en revanche attendre cinq longues années pour savoir s’il s’agissait là du chant du cygne ou d’un renouveau à venir. Le suspense est à son comble…

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   KOL

 
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- Robert Levon Bean (chant, basse, guitare)
- Peter Hayes (chant, guitare, basse, harmonica, claviers)
- Leah Shapiro (batterie, choeurs)


1. Fire Walker
2. Let The Day Begin
3. Returning
4. Lullaby
5. Hate The Taste
6. Rival
7. Teenage Disease
8. Some Kind Of Ghost
9. Sometimes The Light
10. Funny Games
11. Sell It
12. Lose Yourself



             



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