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BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB - Howl (2005)
Par KOL le 21 Février 2024          Consultée 340 fois

Après deux albums sentant bon l’huile de vidange, les loubards désabusés du BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB auraient pu chercher à capitaliser sur leur notoriété underground grandissante, frappant à la porte de ces gangs mythiques, en montant les curseurs mélodiques et bruitistes de leur Garage Rock shoegazé. Raté, ils prennent directement le chemin opposé, nous proposant avec "Howl", le fameux troisième album correspondant au septième jeu d’un set de tennis. Au menu de ce LP tirant son blase d’un poème d’Allen Ginsberg, auguste et tutélaire figure de la Beat Generation, une version quasi-acoustique de leur recette, assez déconcertante de prime abord.

Remisés à la cave, les amplis poisseux, les potards de réverbe poussés à blinde, les dissonances fuzzées et instinctives, l’agression sombre et élégante, les compositions sont intrinsèquement mises à nu dans leur plus simple appareil, mettant en avant les aspects les plus américains de leur identité : Folk, Blues, Country, Gospel même à certains moments. Le fantôme de Johnny CASH ne traîne à l’évidence pas bien loin du studio... Les instruments utilisés sont adaptés pour l’occasion : au-delà des guitares et de la basse, plus mise en retrait que par le passé, on retrouve du lap steel, du bottleneck à foison, du piano ou l’harmonica de Peter Hayes plus présent que jamais.

"Howl" est un OVNI dans la carrière des Californiens, qui ne retenteront plus l’exercice en tant que tel, mais injecteront dans la suite de leur discographie des éléments qui en sont issus. La sensibilité qui émerge des guitares folk est renforcée par les voix plus aériennes que jamais d’Hayes et de Robert Levon Bean, qui se font plus lancinantes encore. Comme prises au réveil, à blanc, les chansons se dévoilent sans fard ni mascara, dans leur plus simple expression. Et bordel, Dieu sait que la bande sait écrire des bons titres.

"Shuffle Your Feet" ou plus encore le tubesque "Ain’t No Easy Way" sont deux pièces de choix, de ces morceaux intemporels qui pourraient se décliner en mille versions, de la plus pure à la plus sale, et font encore aujourd’hui partie des setlists, vingt ans après la sortie de "Howl". Mais au lieu de hocher la tête comme vous en avez l’habitude, bande de petits coquinous, vous taperez à la place du pied, martyrisant la quiétude de votre voisin du dessous, pour peu que vous soyez chaussés des santiags appropriées.

"Howl" s’écoute d’une traite, dans le crépuscule d’une journée paisible, amenant à se laisser porter par les lignes vocales doucereuses de ses protagonistes, toujours aussi inspirés quand il s’agit de créer et d’innover, dans un créneau pourtant balisé maintes et maintes fois. Il apaise, détend, extrait votre esprit d’un corps martyrisé par la contrariété et la violence des interactions du quotidien, et constitue en cela une incontestable réussite, malgré de vives tensions avec Nick Jago. Le batteur, incontrôlable dans ses addictions, passera la majorité du processus d'enregistrement entre le studio et les cures de désintox, ayant de ce fait peu participé à l'écriture et la conception du disque.

Je reconnais toutefois qu’en sortant de sa zone de confort, le gang nous sort également quelque peu de la nôtre. Ce qui fait le charme, le sel, de l’œuvre du BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB reste ce contraste entre crasse et grâce, entre assourdissement et éther. Rien de cela n’est présent sur "Howl", qui mise sur l’absence totale d’artifice pour magnifier cet hommage à la musique US dans son ensemble. C’est tout à fait louable, mais peut se montrer à l’occasion frustrant, tant le combo excelle dans ce qu’il fait d’ordinaire. La linéarité de l’opus est à la fois sa plus grande force et sa principale limite. En faisant all-in sur la sensibilité, le groupe fait un pari audacieux, qu’il ne gagne que partiellement, manquant quelque peu de nuances et d’énergie, à l’exception des pistes citées précédemment.

De même, les aspects psychédéliques seventies sont également absents de la galette. Fini les envolées sous acide, les lignes de basse hypnotiques, les guitares qui larsènent et bavent joyeusement. Oui, l’absence d’épices est sans doute un parti-pris assumé, mais ce n’est pas pour autant que cela ne manque pas au plat au moment de la dégustation, quand bien même le chef de cuisine possèderait son petit macaron Michelin.

Ne vous y méprenez pas, "Howl" est un bon disque, possédé par le feeling et étalant une large culture musicale américaine à travers quatorze tracks d’une constante et indéniable qualité, exécutées avec tout le talent qui sied à la formation de San Francisco. Il n’en reste pas moins légèrement frustrant. En reniant délibérément une partie de son identité sans pour autant parvenir à tutoyer le Graal émotionnel, le BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB nous offre une cuvée relativement anonyme, eu égard à leur parcours, passé et à venir.

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   KOL

 
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- Robert Levon Bean (basse, guitare, chant, piano)
- Peter Hayes (basse, guitare, chant, harmonica)
- Nick Jago (batterie)


1. Shuffle Your Feet
2. Howl
3. Devil's Waitin'
4. Ain't No Easy Way
5. Still Suspicion Holds You Tight
6. Fault Line
7. Promise
8. Weight Of The World
9. Restless Sinner
10. Gospel Song
11. Complicated Situation
12. Sympathetic Noose
13. The Line
14. Open Invitation



             



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