Ahhhh, enfin putain ! Les loubards au grand cœur sont de retour ! Je commençais à me languir, voire à désespérer, de retrouver mon gang favori et sa musique à la fois craspec’ et sensible. Il faut dire que les bougres se font rares en studio, "Wrong Creature" datant déjà de 2018, le précédent de 2013. Soit deux LP en onze ans, si l’on exclut le superbe "Live At Levitation", vous avouerez que ça fait bien peu. J’en venais à me demander si le groupe existait encore, devant l’absence de communication, ou du moins une parcimonie accrue depuis une petite paire d’années. Malheureusement, ce n’est pas cet EP qui pourra répondre à mes questions existentielles (oui, j’en fais des caisses, c’est mon côté Drama Queen).

Ce "Black Tape EP" n’est même pas un réel nouveau format court. Il faisait à l’origine partie d’une édition collector de "Wrong Creatures", et ressort six ans après en tant que tel, livré en pâture à une meute de fans affamés par tant de privation. Pour la première fois, le BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB (BRMC) dévie quelque peu de sa ligne directrice, d’une intégrité inébranlable. D’aucuns pourraient affirmer qu’ils se foutent un peu de notre gueule, ils n’auraient pas totalement tort. Espérons que celui-ci ne constitue qu’un petit apéro, et non pas le plat de résistance.

Mais au final, si l’on fait fi de ces considérations et que l’on se concentre sur le plat proposé, la seule question qui mérite d’être posée est la suivante : qu’est-ce que vaut ce "Black Tape", en tant que tel ? Beeeeennnnn, c’est pas foufou, restons objectifs. Cet EP fait partie d’une (trop) longue liste des assemblages de chutes de studio, regroupant sur un support des compositions n’ayant pas passé le cut de la sélection finale d’un LP, au contraire par exemple d’un "Songs Of The Dusk" d’INSOMNIUM, qui venait magnifier un "Anno 1696" déjà dégoulinant de classe. Et ce, six mois après, pas six ans. Bordel. Tout cela me rend bien chafouin…

Si les quatre pistes de l’opus ont été laissées de côté, il y avait effectivement bien une raison à cela. Elles n’étaient pas assez bonnes, tout simplement. Enfin, quatre…. Disons trois plutôt, car la galette reprend de plus une version étendue de "DFF" qui ouvrait "Wrong Creatures", voire même très étirée puisque l’on passe allègrement de deux à près de sept minutes, pour un titre d’ambiance instrumental, ça peut faire long même pour le fanboy que je suis.

Restent donc trois morceaux réellement "nouveaux". Corrects au demeurant, ils font le boulot dans le style caractéristique Shoegaze/Garage Rock auquel les Californiens nous ont habitués. Derrière ce son de gratte bien sale, la machine rythmique groove gentiment, mais même la basse de Robert Levon Bean a été bien plus inspirée par le passé. Sur le devant, le duo de voix et les harmonies propres au BRMC, là aussi un brin génériques, même si j’ai du mal à me montrer rationnel quand on parle de Peter Hayes, tant son timbre m’émeut quand il vient s’harmoniser avec celui de son comparse. On retrouve également quelques aspects Folk sur "Bandung Hum", légèrement plus exaltée et vivace que les deux tracks qui l’entourent.

On ressort de l’écoute évidemment déçu. Déçu d’avoir attendu aussi longtemps pour un résultat si fade, si neutre, loin du niveau intrinsèque du combo, à des années-lumière de sa discographie, jusqu’ici sans faute. Alors bien sûr, "Black Tape EP" n’est pas nul. BRMC est incapable de descendre en-dessous de certains standards. Mais que la déconvenue est rude.

Ce sera donc un sec 2/5. Qui aime bien, châtie quand même un peu…