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2022 God's Country
2024 Cool World

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2019 This Dungeon Earth
 

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CHAT PILE - Cool World (2024)
Par KOL le 11 Novembre 2024          Consultée 1609 fois

J’aime autant vous prévenir derechef, bien-aimés lecteurs, que l’objet porté ici en sélection n’invite pas à la pantalonnade, à la gaudriole ou encore moins à la bamboche chère à Pierre Pouëssel, fameux préfet de nos vertes contrées auquel je rends ici hommage pour son sens de la formule. Non, CHAT PILE ne propose rien de tout cela, que cela soit inscrit en préambule. L’univers décrit, tant dans les mots que la musique proposée, est d’une terrible âpreté et d’un désabusement qui fleurte franchement avec le nihilisme.

Pourtant, à l’instar du septième art, j’éprouve de plus en plus de difficultés à apprécier à leur juste valeur les œuvres trop sombres et complaisantes avec un pessimisme de rigueur afin de briller auprès des élites, qui se gargarisent de vivre par là-même un shot soudain de réalité, confortablement assis dans leur fauteuil club en peau de zboub vieilli, chiné aux puces. Mais cet essai sophomore des Américains possède trop de jus et d’intensité pour être esquivé et encore moins balayé d’un revers de main hautain. "Cool World" doit être entendu, voire même écouté.

Ne vous faites donc pas berner par le blase de l’opus, ce monde n’est ni sympa, ni décontracté. S’il est cool, c’est plutôt dans le sens « glacial » du terme. Et quand "God’s Country", son illustre mais pourtant méconnu prédécesseur, décrivait la brutalité des choses de façon crue et abrupte, son successeur concentre ses efforts sur l’absence de réaction unanime devant la situation. Il s’adresse ainsi à vous, à moi, à ceux qui ne font rien face à l’absurdité d’une espèce plus animale que jamais. CHAT PILE nous balance un bon coup de pied au derche et dans les ratiches (ouais, tout ça à la fois, ils sont très forts). Ça ne changera sans doute rien, mais c’est leur façon de contribuer à la cause.

Je précisai précédemment que l’album doit être écouté, plutôt qu’entendu. Clairement, vous ne prendrez aucun plaisir, quel que soient vos accointances masochistes, à vous passer la galette en fond sonore pendant que vos camarades prennent l’apéro dans les dits-fauteuils ou que vous vous brossez les dents. Je déconseille même fortement l’onanisme concomitant, vous risqueriez d’y laisser votre chibre, Messieurs, et vous votre foufoune Mesdames (oui, je suis inclusif). Pour saisir toute la substance de "Cool World", il faut le déguster, comme une vieille prune. Prenez donc quarante-deux minutes de votre misérable vie, et venez recevoir votre torgnole.

Saint Positron (paix à son âme) aurait souhaité porter le cri séminal de CHAT PILE en sélection. C’est ainsi à titre posthume (*) que je juge son successeur digne d’y trôner fièrement et lui dédie ces quelques lignes. Pour comprendre l’essence-même du groupe, je vous invite à consulter sa chronique de "God’s Country", qui la résume si justement et surtout bien mieux que je ne le ferais. Et si je me dois d’apporter quelques références, je ne saurais non plus le surpasser. Un zeste de JESUS LIZARD, une pincée de GODFLESH, une basse cinglante ("Frownland") de Fieldy (KORN première mouture, quand celle-ci s’avérait plus sombre et inquiétante que funky) : ces ingrédients façonnent une identité propre, entre Noise, Sludge Post- et Hardcore. Mais si le premier LP se montrait relativement lisible et varié, ce second essai s’avère plus dense et monolithique.

Dans le travail sur les guitares, il y a une volonté de resasser et d’assommer, de faire tourner les boucles méandreuses de riffs juste ce qu’il faut, d’assommer par une subtile répétition des patterns façon Indus, d’hypnotiser ceux qui prêteront attention soutenue aux quelques notes saupoudrées à dessein, qui requiert la prévenance de l’auditeur. Certains parleront d’HELMET également ou d’Alternatif ("Shame", "Milk Of Human Kindness" ou "Tape" et leur groove très PIXIES) et ils auront (en partie) raison. Mais n’allez surtout pas croire que "Cool World" est rébarbatif, ce n’est absolument pas le cas. Il enfonce le clou posé dans votre mauvaise conscience par "God’s Country" sur la lignée des jalons posés alors, se montrant d’une efficacité imparable. Bien évidemment, l’identité sonore du gang de l’Oklahoma est à l’image des textes : le son caverneux et étouffé des zikos, blindé de reverb et de sustain ne sierra pas à tous. Il est à la fois partie prenante de l’univers décrit et l’héritage des penchants Doomesques quasiment révolus de leurs débuts.

CHAT PILE concasse à défaut de vouloir briller et d’aspirer à la lumière. Il le fait avec tellement de talent, de justesse et d’authenticité qu’il peut se permettre, comme un symbole, d’ouvrir le disque avec l’un des morceaux les plus frontaux et rugueux de tout l’album, histoire de donner le ton. Avis respectueux d’ailleurs à certains lecteurs qui parfois jugent un skeud à son premier titre (j’en connais, ne faites pas comme si…), ce serait faire ici fausse route, quand bien même "I Am Dog Now" était le premier single sorti. La suite se montrera dans l’ensemble plus subtile, usant des divers instruments pour poser des ambiances que l’on n’imagera pas bien lumineuses ("Camcorder"). Point de carence en mélodie malgré l’agressivité patente, l’équilibre est parfois précaire mais au poil sur "Cool World".

Tout est chaos ici, et pas qu’à côté. Sans aller franchement fouler les routes du Mathcore, Raygun Busch laisse aller son texte au gré des divagations maîtrisées des musiciens ("Funny Man", pas marrante pour un sou), à moins que ce ne soit l’inverse. Toute la palette y passe au niveau d’un chant intrinsèquement torturé et schizophrène, parfois à la façon d’un Mike Patton (FNM, Bungle & Co) déglingué, pléonasme s'il en est, l’ironie et l’humour en moins ("The New World" est un bijou). Car on n’est pas là pour déconner, je vous avais prévenu dès le départ. Capisce ? Et si vous ne me croyez toujours pas, rien ne vous empêche de jeter une oreille à "No Way Out", qui conclut brutalement l’opus de manière désespérée, à l’image d’un second LP tout simplement magistral. « No escape, no way out » mon pote !

Note réelle : 4,5/5.

(*) Référence ici faite dans une tournure bouffonne à sa vie de chroniqueur uniquement, le bougre va bien et continue de martyriser ses fûts avec véhémence.

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- Raygun Busch (chant)
- Luther Manhole (guitare)
- Stin (basse)
- Cap'n Ron (batterie)


1. I Am Dog Now
2. Shame
3. Frownland
4. Funny Man
5. Camcorder
6. Tape
7. The New World
8. Masc
9. Milk Of Human Kindness
10. No Way Out



             



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