C’était une fois encore inévitable… Mais pas dans ces conditions…

Évidemment que ce diptyque "Phanerozoic" décliné en deux volumes entre 2018 et 2020 était voué à proposer une version live les regroupant… The OCEAN y avait poussé tous ses concepts musicaux, toute sa créativité et bouleversé son Post Hardcore toujours un peu plus vers le Metal Progressif. La stabilité du line-up se tournant désormais davantage vers un groupe et non plus vers un collectif comme à ses débuts, les Allemands littéralement portés par leur tête pensante (Robin Staps) et mis en valeur par un frontman incandescent (Loïc Rossetti) ne pouvaient que s’atteler à une démonstration vivante de leur talent divin.
Un véritable travail d’orfèvre donc qui ne pouvaient que trouver son chapitre ultime sur scène, face à un public.

Pour avoir eu le bonheur et non la chance de voir le groupe dans cette configuration, je peux vous assurer qu’il n’y a pas de duperie sur la marchandise : le contenu studio voyage toujours parfaitement dans la vraie vie ! Tout ceci donc dans un monde sans histoire aurait permis de boucler la boucle… Sauf que la machine se grippe (sans aucun mauvais jeu de mots), d’une façon totalement imprévisible. Une pandémie frappe et confine tout le monde. Toute la planète, ou presque…
C’est la mort de la culture, du monde du spectacle et de la représentation.

Le Metal, né pour le live, est donc clairement impacté. Tout le monde disparaît ? Non, quelques petits bastions résistent et se lancent dans des projets un peu dingues : des prestations "live" mais sans personne, sans aucun public ! J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de DESTRUCTION par exemple ("Live Attack") ou de BEHEMOTH ("In Absentia Dei") notamment J’ajoute donc à cette liste The OCEAN désormais.
Ici, deux CD proposant deux captures live à huit-clos :
- le volume 1 à Brème sur une scène indoor.
- le volume 2 à Berlin au Redburn Redux, diffusé pour l’occasion en streaming lors de ce festival néerlandais.

1h42 minutes ! Voilà ce que vous offre The OCEAN en s’isolant dans ces deux villes pour capturer l’essence même de sa musique. Alors évidemment, les silences assourdissants entre chaque track dénotent et frustrent à défaut de hurlements et applaudissements. Mais c’est vraiment bien là le seul petit reproche à formuler. Ce voyage de 541 Ma est exquis : une première partie plus "brute" avec ce "Phanerozoic" en lien total avec les conditions de vie de l’époque.
Loic Rosetti est éblouissant aussi bien en hurlant, en voix claire, en chant posé, en émotion qu’en rage pure. Les captures vidéos ne font en outre que renforcer cet aspect. Ici, la bestialité latente est impactée par l’absence de public, plus que sur la suite, "Phanerozoic II" davantage Progressif comme vous le savez déjà !
On pourra noter que le chanteur helvète remplace ici habilement Jonas Renkse (KATATONIA, BLOODBATH…) présent initialement sur la version studio de "Devonian: Nascent".
Chaque membre du groupe délivre une partition appliquée et sérieuse, sans fioriture ni variation de thème. On notera que les nappes de claviers et samples de Peter Voigtmann prennent au fil du temps et des albums davantage de place, laissant penser qu’à l’avenir il faudra voir encore évoluer le Post Hardcore Progressif des Allemands.

Plus "chaud" pour cette seconde capture (alors que les six musiciens ont révélé avoir enregistré dans des conditions glaciales à l’époque, un comble), "Phanerozoic II" enfonce le clou permettant ainsi d’affirmer que The OCEAN appartient bien à la classe des mastodontes de la scène Post Hardcore/Metal Progressif. "Phanerozoic Live" constitue ainsi peut être la meilleure porte d’entrée pour un néophyte autant que le sommet d’une discographie récente pour le groupe pour les fans. C’est dit.

Totalement maîtrisé par le monstre de travail Robin Staps évidemment, le double Live est chirurgical et parfaitement ciselé du premier au dernier accord. The OCEAN y déploie tout son talent, démontrant qu’en toute circonstance le groupe maitrise parfaitement son sujet, affichant une sérénité folle. Mais là où beaucoup me manqueront pas de décrier la démarche bancale du Live sans public, moi je salue évidemment l’immense respect que le combo porte à ses fans en leur montrant simplement qu’il ne les oublie pas, même en ces temps difficiles.

Respect absolu.

Note réelle : sans commentaire.

Top : tout.