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LAMB OF GOD - Omens (2022)
Par T-RAY le 1er Décembre 2022          Consultée 1987 fois

C'est drôle, à l'issue de ma troisième ou quatrième écoute du neuvième album studio de LAMB OF GOD, je me suis mis à penser à Jean-Luc Godard. Certes, le décès récent de l'un des réalisateurs les plus contestataires et iconoclastes de l'histoire du 7ème Art et les fortes retombées médiatiques qu'a eu sa disparition occupent encore mon esprit lorsque je pense aux cinéastes majeurs du XXème siècle. Mais le lien avec l'Agneau de Dieu m'apparaissait alors bien flou… Sauf qu'en réalité, ça n'est pas à l'auteur de cinéma lui-même que je pensais, ni même à son œuvre. Ou du moins, pas directement. Il m'est simplement apparu au bout de quelques écoutes supplémentaires qu'avec "Omens", LAMB OF GOD était à bout de souffle. Ni plus, ni moins.

Il s'agit d'ailleurs du seul point commun avec le film qui, en 1960, révéla Jean-Paul Belmondo et mit définitivement le doigt sur ce que l'on appela bien vite la Nouvelle Vague. Car si "À Bout de souffle" était à lui seul une petite révolution filmique, "Omens" n'a rien d'une révolution sonique. Pas même à l'échelle du groupe. Il n'est même pas une "Resolution", tant il est inférieur à l'album ainsi titré, sorti il y a dix ans par le quintette virginien. Pourtant, après le départ d'un Chris Adler fatigué de l'orientation musicale du combo et malgré le sursaut de vigueur marqué par un album éponyme pourtant déjà moins inspiré, il y avait matière à en prendre, des résolutions. L'on s'attendait d'ailleurs à entendre un Mark Morton revigoré par son expérience en solo. Et à un groupe ressoudé pour de bon par la résurrection inattendue de sa précédente incarnation, BURN THE PRIEST.

Mais non, rien de tout cela, puisque chacune de ces deux expériences avaient déjà servi à sauver le prédécesseur de "Omens". Ce dernier arrive à la fois trop tôt pour un groupe avec plus de vingt ans de carrière derrière lui – seulement deux ans et demi depuis la sortie de "Lamb Of God" – et trop tard pour qu'il apparaisse comme des chutes de studio de ce même disque, auquel il ressemble beaucoup, mais avec ce qu'il restait d'inspiration en moins. Il paraît pourtant que ce neuvième longue-durée parle (entre autres) de ne pas répéter les mêmes erreurs et de veiller aux signes annonciateurs. Côté création, les mêmes causes ont pourtant produit les mêmes effets, puisque comme pour l'éponyme de 2020, le groupe a fait le choix de composer le plus ensemble possible et d'enregistrer live in studio pour plus d'authenticité.

Mais si le rendu sonore est ce qu'il y a de plus authentique sur ce disque, les compos, elles, ne suivent plus. Ce qui apparaissait déjà palpable en 2020 l'est encore plus aujourd'hui : malgré toute la bonne volonté du quintette, il n'a plus la rage ni les idées pour renouer fertilement avec cette façon de composer qui était la sienne sur le tout premier BURN THE PRIEST ou sur "New American Gospel" et avec laquelle il avait renoué avant la pandémie. La machine à riffs qu'était le duo Willie Adler/Mark Morton s'est enrayée. Elle faisait encore illusion sur les efficaces "Memento Mori", "Checkmate" ou "Gears" mais c'était là son chant du cygne. Quant à l'agressivité, elle est certes au rendez-vous de "Omens" mais le côté vindicatif en est absent. L'on ne sent pas vraiment l'envie d'en découdre comme sur le pourtant moyen "Routes", pour en finir avec les comparaisons avec "Lamb Of God".

Non, ce que l'on a de mieux sur "Omens" n'est autre que le morceau-titre, dont le riff paraît avoir été composé et recomposé tellement de fois par les deux gratteux qu'il en est presque décomposé. Randy Blythe lui sauve la mise de par ses vocaux toujours aussi rentre-dedans et un refrain qui fonctionne. Le garçon est certes devenu un meme en vingt ans de carrière, mais il assure toujours au micro et son rugissement n'a rien perdu de sa hargne. Et même s'il fait quelques incursions – très brèves et très correctes – dans le chant clair, il se fond parfaitement dans le côté brut de ce disque et permet d'assumer pleinement cette rugosité. Car, oui, ce neuvième L.P. est assez dépoli et n'offre que peu d'éclat. Les premiers extraits de l'album en-dehors de "Omens" montraient un LAMB OF GOD certes agressif mais finalement peu marquant.

"Nevermore" est un morceau de facture archi classique avec un groove marqué et un refrain qui fonctionne, mais s'avère totalement sans surprise. Quant à "Grayscale", encore plus groove, il tient solidement sur ses jambes et fera un efficace morceau en concert mais ne sortira pas du lot dans la setlist tant il est archétypal pour du LAMB OF GOD. Sur d'autres albums, même pas les plus brillants du groupe, il n'aurait été qu'un simple filler. Même sur l'extrêmement inégal "Wrath", moins bon ouvrage du groupe à mon sens, "Grayscale" n'aurait pu être un tube. Il suffit de se remettre un "In Your Words" ou un "Broken Hands" dans les esgourdes pour le constater, tant ces morceaux restent des incontournables dans la carrière du groupe.

Néanmoins, s'il faut comparer "Omens" à un autre L.P. du quintette pour juger de son niveau moyen, c'est bien à "Wrath". Même si les directions des deux albums sont radicalement différentes. En 2009, LAMB OF GOD cherchait des nouvelles pistes d'évolution sans forcément convaincre, ce qui donnait un résultat mi-figue mi-raisin, avec des franches réussites à la clef mais aussi de très oubliables compos. En 2022, l'Agneau de Dieu assume de ne plus évoluer mais n'offre plus de réels coups d'éclat non plus dans son sempiternel style. Les morceaux défilent et l'on ne retient pas grand-chose. On relève le nez quand un "Vanishing" très Death Mélo pointe le bout du sien pour nous rappeler que, quand LAMB OF GOD frayait avec le genre sur "As The Palaces Burn" et "Sacrament", c'était quand même pas mal… Puis on passe à autre chose, tant le reste des morceaux est banal.

Le Groove Metal de "To The Grave" est gras mais n'a plus grand chose du muscle qui caractérisait les grandes compos du groupe dans le genre. Le plus Metalcore "Ditch" est intelligemment composé, avec moult opportunités de rebond, mais il pêche par un manque singulier d'accroche. Sur "Gomorrah", LAMB OF GOD retrouve heureusement l'un des éléments qui font depuis toujours sa marque de fabrique : la capacité à générer le sentiment d'un cataclysme imminent, au travers d'une atmosphère sinistre que traduit en mots Blythe lorsqu'il hurle "Everything is doomed to fail!". Mais c'est finalement l'Agneau de Dieu lui-même que l'on peut croire condamné à échouer, dans son entêtement à répéter une formule qu'il n'est plus capable d'amener au sommet.

Et ce n'est pas l'inodore et incolore "Ill Designs" ou le très Hardcore "Denial Mechanism", qui s'énerve un peu dans le vide, qui convaincront du contraire. En somme, LAMB OF GOD n'a plus grand chose à dire et c'est fort dommage pour l'un des groupes majeurs du Metal US du XXIème siècle. À moins que les guitares clean en ouverture de "September Song" et les nappes de claviers qui surplombent le refrain n'inaugurent une nouvelle voie pour le groupe, teintée d'atmosphères plus synthétiques, un peu à la manière du DARK TRANQUILLITY récent. Une forme qui ne me convainc pas mais qui a tout de même le mérite de proposer une direction différente. Et peut permettre à LAMB OF GOD d'exprimer de façon différente ces tourments auxquels il est toujours en proie. Même sur ce neuvième album à l'inspiration essoufflée.

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   T-RAY

 
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- D. Randall 'randy' Blythe (vocaux)
- Mark Morton (guitare)
- Willie Adler (guitare)
- John Campbell (basse)
- Art Cruz (batterie)


1. Nevermore
2. Vanishing
3. To The Grave
4. Ditch
5. Omens
6. Gomorrah
7. Ill Designs
8. Grayscale
9. Denial Mechanism
10. September Song



             



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