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ULCERATE - Stare Into Death And Be Still (2020)
Par ISAACRUDER le 1er Mai 2020          Consultée 3834 fois

En fêtant Pâques et en méditant sur les derniers jours du Christ, j’ai pu de nouveau constater la ruine du monde lorsque la question s’est posée d’un sacrifice de la population américaine pour sauver l’économie. Cette question posée aux États-Unis par des têtes pensantes républicaines – oxymore – révèle la tragédie de notre monde, qui aura connu deux millénaires de quête spirituelle pour en arriver à de tels degrés de misère matérialiste. "Stare Into Death And Be Still", nous dit ULCERATE. Cette injonction fut magnifiée par le Christ sur la Croix, tandis qu’elle est désormais assénée par des élites capitalistes répugnantes entièrement dévoyées au culte de l’argent. Notre civilisation est arrivée à un tel niveau de nihilisme que le combat christique ultime est perverti dans son essence même et relégué à un affrontement de caniveau, dans lequel nous baignons tous, espérant que ces élites sataniques viennent nous jeter quelques restes de victuailles. Quelle pitié !

Face à cette engeance putride, ULCERATE répond par son album le plus clair, le plus lumineux, et en définitive le plus spirituel. "Stare Into Death And Be Still", rejeton fidèle à la virtuosité d’ULCERATE, tend moins à l’étouffement qu’à la délivrance, faisant entrevoir à travers son labyrinthe tortueux la possibilité d’une salvation. Pour ceux qui suivent le groupe, le chemin de croix sera le même. ULCERATE est toujours ce monstre tentaculaire qui exhale un cri venu des abîmes, aliène ses victimes via des riffs dédaléens et achève ces pauvres hères en mitraillant le corps de parties rythmiques hallucinées. Inutile de le répéter, le cœur d’ULCERATE reste l’indétrônable Jamie Saint-Merat, le meilleur batteur de Metal Extrême sur cette planète. On découvrira un jour que derrière le visage de ce pastiche d’humanité se cache en fait un poulpe venu pervertir la race humaine pour la préparer au retour de Cthulhu. Impossible en effet pour un simple mortel de sortir des plans aussi incroyables, et je maintiens que ma théorie est la plus solide, vous verrez.

"Stare Into Death And Be Still" ne révolutionne donc pas le son d’ULCERATE. On reconnaît la maîtrise du groupe, son Metal Technique qualifié d’Orthodoxe par les fans, qui voient en lui une itération de DEATHSPELL OMEGA ayant fricoté avec la puissance volcanique du Death Metal. On avancera avec la même douleur dans ce dédale de riffs magnifiques, écrasés par les blasts infernaux et courbés sous le poids de cette voix d’ombre qui habite un album terriblement atmosphérique. C’est certainement là qu’ULCERATE surprend, sans révolutionner son évangile. "Stare Into Death And Be Still" démontre en effet que le groupe est capable de relâcher davantage la tension et décupler sa force de frappe. Le titre éponyme, monument épique, fait courber l’échine du fidèle lors de son riff final, tandis que l’intro de "The Lifeless Advance", toute en mid-tempo impérial, déroule un propos tragique. ULCERATE n’a jamais été aussi beau que sur cet album, et il n’a jamais autant pris le temps de développer ses ambiances. Moins étouffant qu’un "Vermis", "Stare Into Death And Be Still" est une ode à l’atmosphère, un album qui respire, qui attaque lorsque c’est nécessaire et délivre l’auditeur de la violence du monde lorsque la promesse d’un avenir s’avère concrète (nique-toi Didier Raoult). On pourrait pourtant sans mal voir en cet album un cri nihiliste terrifiant. "There Is No Horizon" invoque un cataclysme terrifiant, avec ses riffs-tsunami et ses parties de batterie débordantes. Difficile de ne pas affirmer qu’ULCERATE ne fait que représenter à merveille la déréliction, notre condition humaine ultime, soit cet isolement, cet exil du divin. "Stare Into Death And Be Still" semble à la fois taillé dans le jais le plus noir et le sélénite le plus immaculé. Je persiste pour ma part à voir en ULCERATE l’incarnation du dionysiaque et de l’apollinien, soit la passion couplée à l’ordre, l’ivresse et la raison, dirait Nietzsche, et de façon plus prosaïque, la lumière mêlée aux ténèbres. Cet album parvient à un degré de maturité tel qu’il joue habilement avec les deux divinités. Il paraît habiter une douleur permanente, lorsque "Visceral End" résonne de ses arpèges dramatiques, mais entrevoit la fin du séjour au cœur de la baleine quand "Dissolved Orders" sonne les clairons de la victoire.

"Stare Into Death And Be Still" pourrait être absolument parfait s’il n’était pas construit de manière à sublimer des morceaux spécifiques. Si "The Lifeless Advance" est excellent, on se surprend à attendre d'autres pièces-maîtresses, soit l’éponyme et "Dissolved Orders". Bien sûr, cela ne veut pas dire que l’album est fait de remplissage, loin de là, mais il y a un ventre légèrement plus mou au cœur de l’ouvrage dans lequel ULCERATE perd en vélocité et semble se complaire un peu trop dans les codes qu’il vient de créer avec brio. Je pense à "Inversion", longue pièce qui ne fait que poursuivre le génie global sans parvenir à générer sa propre étincelle. La critique est bien faible, et pour cause, "Stare Into Death And Be Still" est absolument fantastique. ULCERATE est hors norme, une fois de plus, mais au lieu de se contenter d’être un titan du Death Technique, il a décidé de s’aventurer vers des frontières où le Post et le Black Metal sont rois, extirpant de ces territoires des matériaux nouveaux avec lesquels bâtir sa citadelle. Une forteresse de noir vêtue, et pourtant phare dans les ténèbres, où se réfugier en attendant la mort, dans cette révérence tragique du condamné qui voit son heure prochaine, mais sait le Ciel absolu vainqueur.

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   (2 chroniques)



- Jamie Saint Merat (batterie)
- Michael Hoggard (guitare)
- Paul Kelland (basse, chant)


1. The Lifeless Advance
2. Exhale The Ash
3. Stare Into Death And Be Still
4. There Is No Horizon
5. Inversion
6. Visceral Ends
7. Drawn Into The Next Void
8. Dissolved Orders



             



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