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MODERN TECHNICAL DEATH  |  STUDIO

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2015 Infinite Fields
2018 Immersion
 

- Style : Beyond Creation, Necrophagist, Obscura, Fallujah, Atlantis Chronicles
 

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IRREVERSIBLE MECHANISM - Immersion (2018)
Par WËN le 27 Octobre 2023          Consultée 654 fois

Extrait de l'une des plus atypiques destinations européennes (la Biélorussie), IRREVERSIBLE MECHANISM a su frapper un sacré coup avec son "Infinite Fields" de premier jet en réussissant - et ce malgré ses trois jeunes années d'expérience à l'époque - l'exploit conséquent de cocher (avec brio qui plus est) toutes les cases du Technical Death Metal starter pack. Il faut bien lui reconnaître qu'en plus de son talent, le binôme Nekrash / Korotkin avait clairement su se donner les moyens de ses ambitions (Lyle Cooper (ex-The FACELESS) à la batterie, Sami Raatikainen (NECROPHAGIST) au mix, Pär Olofsson derrière la pochette, et jusqu'à Christophe Szpajdel pour son logo)… et si l'on ajoute à cela que Blood Music - son label - avait alors suffisamment le vent en poupe pour faire de l'or avec tout ce qu'il touchait (rééditions vinyles, coffrets collectors et ses signatures propres), les astres semblaient dès lors alignés et rien ne paraissait pouvoir empêcher de propulser IRREVERSIBLE MECHANISM en orbite. Et c'est d'ailleurs bien ce qu'il s'est passé.

Technique, bardé de claviers (mais sans jamais phagocyter les guitares), ce court mais intense "Infinite Fields" (quarante minutes pour neuf titres) ne révolutionnait sans doute pas l'histoire clinquante de l'aéronautique Metal, cependant, fuselé et aérodynamique comme il l'était dans ses moindres courbes, il avait certes su charmer son monde. Le futur s'annonçait alors rutilant pour un sophomore que l'on imaginait d'ores et déjà chromé et lustré comme une Super 5 un dimanche de Juillet au salon du tuning de Krautergersheim. La presse n'aurait alors plus qu'à exprimer son dithyrambe coutumier aux secondes sorties à propos desquelles elle ne manque jamais une occasion de s'appesantir au moment de consacrer (ou non) une jeune formation. À partir de là, que pouvait-il bien lui arriver ?

Au pif, un changement de style ?

Car le duo, devenu quartette, mais perdant l'une de ses têtes originelles au moment d'entrer en studio (doit-on y déceler un indice ?), va radicalement pousser ici tous les potards vers une mixture résolument plus moderne. Les compos se veulent dorénavant très organiques et, pour peu que les introductifs "Existence" ne vous larguent pas d'emblée dès l'activation des hyperpropulseurs, vous voilà partis pour plus de cinquante minutes à vous en prendre plein la tronche !

Car par "moderne", comprenez-là une réelle envie de s'affranchir - de la gravité, certes, mais surtout - des codes très stricts du Technical Death Metal, là où ceux-ci même étaient - ironiquement - le leitmotiv primaire de "Infinite Fields". S'en suit alors une véritable tempête cosmique qui ne manquera certainement pas de vous envoyer bouler dans un coin paumé entre deux nébuleuses. Les gimmicks Death techniques sont incontestablement de la partie ("Existence", "Footprints In The Sand"), mais enrobés d'un habillage sonore que nous n'aurions probablement pas soupçonné à l'écoute du prédécesseur de ce bien nommé "Immersion". Effets futuristes, couches de guitares atmosphériques superposées (noyées et mixées entre elles pour un rendu forcément familier aux explorateurs d'amas spatiaux ici classés sur une échelle s'étalant de TOWNSEND à BEYOND CREATION), tempi dignes des plus racés chasseurs galactiques, nous ne sommes plus jamais très loin d'un FALLUJAH ou d'un The FACELESS (en moins brutal) pour le côté Death mâtiné d'un Prog-extrême exacerbé que ces extra-ricains savent mettre en avant et qui ne manque pas une occasion de salement nous écraser de quelques g supplémentaires, comme sur "Abolution", ou "Existence II: Collision". La vitesse d'exécution est encore renforcée par la frappe atomique d'un Dan Presland (NE OBLIVISCARIS, VIPASSI (*)) invité pour l'occasion, qui saura vous débusquer pour frapper très précisément là où vous vous trouvez.

Bref, ça va vite, très vite et l'agressivité de la trame ne se relâche que rarement. A peine le groupe lève-t-il le pied le temps d'immenses ponts ambiants salvateurs ("Simulacra", "Limbo", le passage-basse de "Abolution") au moment de faire un peu refroidir les réacteurs avant qu'ils ne rentrent en fusion. IRREVERSIBLE MECHANISM, sans rien perdre de sa superbe ni de sa capacité à enfiler les breaks stellaires encore plus facilement que Kuiper des astéroïdes à sa ceinture, vole à vue entre les géantes gazeuses, slalome plein gaz sans jamais se cramer l'arrière train d'une naine rouge à l'autre, pour finalement se cabrer le temps d'un looping savamment exécuté pour cette apothéose "Footprints In The Sand"/"Beyond" de moitié d'album, sur fond d'éblouissants couchés-de-supernova, typés carte-postale du 41ème millénaire.

Malgré cette soudaine mutation, le groupe n'est pas méconnaissable pour autant ("Awakening", "Beyond"), il évolue juste d'une dimension à l'autre au gré d'une indécente et virevoltante vivacité. En cela, les bélarusses en foutent absolument partout, et s'avèrent redoutablement impressionnants. Néanmoins… à trop vouloir jouer les astros-kéké en nous exhibant sans retenue aucune leurs charmes, ne risquent-ils pas de déchirer le fin tissu de la réalité et de s'ouvrir bien involontairement aux immensités du Warp ? Car passé les deux premiers tiers du disque, cette bien trop obsédante impression d'une trop longue fresque musicale qui fait 'bluibluibluip' avec ses cordes au milieu d'incessantes et épuisantes vagues cosmiques de double grosse-caisse se fait cruellement ressentir et, le sentiment de satiété n'aidant pas, IRR MECH perd ainsi de sa main mise. Le manque d'attention dû à un effort de tous les moments pour assurer un pilotage impitoyable et éprouvant est sans appel au moment de maintenir sa concentration déjà mise à rude épreuve durant quarante riches minutes. Si bien que la dernière douzaine de minutes en souffre indubitablement et malgré - c'est d'autant plus dommage - la qualité intrinsèque du très mélodique "Immersion", ou d'un "Awakening" qui vaut lui aussi franchement le détour. Mais trop tard, par une boulimie (pas si paradoxale) d'apaisants heurts, l'hémogénie d'IRREVERSIBLE MECHANISM peine à garder de sa substance pour son final.

Et c'est bien là, le réel et seul véritable reproche que l'on pourra imputer au quartette d'Europe de l'Est. D'abord plutôt froid face à tant de débauche, nous ne pourrons néanmoins que reconnaître les qualités de ce nouveau corps céleste, car le tout demeure impressionnant et finalement, ne prendrions-nous pas un certain plaisir à nous laisser nous y perdre si facilement ?

Note réelle : 3,5/5.

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(*) Sans oublier son rôle d'artilleur-de-luxe sur l'incroyable "The Body Cosmic" (2019) de IAPETUS, encore en devenir à l'époque.

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- Dan Presland (invité, batterie)
- Ilya Studenok (invité, chant)
- Pavel Semin (basse)
- Andrew Parmon (guitares, chant clair)
- Vladislav Nekrash (guitares, claviers, chant)


1. Existence I: Contemplation
2. Existence Ii: Collision
3. Abolution
4. Simulacra
5. Footprints In The Sand
6. Beyond
7. Limbo
8. Immersion
9. Awakening
10. Seclusion



             



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