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METAL INDUS  |  STUDIO

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1992 Oomph!
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1995 Defekt
1996 Wunschkind
1998 Unrein
1999 Plastik
2001 Ego
2004 Warheit Oder Pflicht
2006 1 Glaubeliebetod
2009 Monster
2019 Ritual

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2006 Delikatessen
 

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OOMPH! - Warheit Oder Pflicht (2004)
Par DARK BEAGLE le 24 Août 2019          Consultée 2227 fois

Certains groupes arrivent trop tôt. Ils sont là pour donner l’impulsion nécessaire à une scène pour que celle-ci se développe, mais ils ne profitent jamais vraiment des fruits. Ils sont respectés pour ce qu’ils ont amené, leur talent est reconnu, mais ils ne sont, au final, que rarement les locomotives qui tire les wagons vers le haut ou vers la mise en lumière. C’est un peu le cas de OOMPH!, un des instigateurs de ce mouvement du Metal Indus que l’on appelle Neue Deutsche Härte, qui n’aura jamais vraiment explosé d’un point de vue commercial, forcé d’évoluer dans l’ombre de l’ogre RAMMSTEIN, pourtant arrivé après eux, mais qui aura su jouer crânement sa chance. Et pourtant le trio abat un travail de forçat ; "Wahrheit Oder Pflicht" est déjà le huitième album de la formation originaire de Wolfsburg et très vite il va se démarquer des deux précédents opus.

Déjà, il y a la pochette. Moins froide que celles de "Plastik" et de "Ego", elle n’en demeure pas moins vénéneuse, avec cette fillette qui tient un couteau de cuisine dans le dos, faisant clairement référence au clip gentiment malsain qui accompagne l’inévitable single "Augen Auf!", qui se présente également comme l’opener idéal. Mais nous y reviendrons. Dans son format original, "Warheit Oder Pflicht" (« vérité ou devoir ») ne contient qu’un morceau chanté en anglais, et encore, il s’agit d’un titre fantôme, qui apparaît trois minutes après la fin de "Im Licht". Alors que le groupe avait toujours cherché à créer une parité entre les titres évoluant dans le langue de Goethe et dans celle de Shakespeare, ils vont ici évoluer dans leur dialecte d’origine. En fonction des éditions, cela change quelque peu mais sans forcément entamer la mainmise de l’allemand. Communément, la plus facile à trouver est celle qui comprend "Eisbär" et "Brennende Liebe", en collaboration avec L’ÂME IMMORTELLE, tous deux disséminés dans l’album plutôt que de se trouver à la fin, comme tout bonus track aimable et serviable.

Après deux essais plus mélodiques, OOMPH! va également légèrement rectifier le tir. Il ne retrouve pas la hargne qui faisait tout le charme de l’oppressant "Unrein", mais il ne tourne pas le dos non plus aux élans plus Pop, pourrions-nous dire pour simplifier le propos, qui caractérisaient "Plastik" et "Ego". "Warheit Oder Pflicht" va surtout ressembler à un melting pot de ces deux univers et il va se montrer aussi accessible que plus confidentiel et cela va lui créer une aura un peu particulière, le doter d’un charisme qui n’a rien d’artificiel. Le groupe ne va pas pour autant essayer de se glisser dans le sillage de RAMMSTEIN, qui avait su alléger le propos sur "Mutter" puis sur "Reise Reise". Mais les influences n’étant pas les mêmes, il sera toujours facile de différencier les deux formations, qui ont deux personnalités distinctes mais qui partagent un trait commun : jamais ces groupes n’ont connu de variations de line-up (concernant OOMPH! il peut changer sur scène, avec des musiciens de session pour compléter, mais sur album nous trouvons toujours l’alchimie entre Dero, Flux et Crap).

Et puisque l’on parle d’alchimie, elle est indéniablement présente ici. La formation va produire ce que l’on pourrait considérer comme son magnum opus. Rien que ça, oui. Propulsé par deux singles aussi différents que le feu et l’eau, ce disque est un véritable patchwork des différentes facettes de OOMPH!. "Brennende Liebe", qui ne devait pas être sur l’album à la base, joue sur la fibre romantique du groupe, aidé en cela par l’intervention des Autrichiens de L’ÂME IMMORTELLE. Après "Fieber" en compagnie de la légendaire Nina Hagen, c’est donc un autre duo incongru et intéressant que nous propose donc les musiciens. Mais c’est bien à travers "Augen Auf !" que la messe sera déjà dite tant ce titre a tout d’un hymne définitif. Ce titre est le mariage parfait entre le OOMPH! des deux derniers albums et celui des skeuds comme "Unrein" ou "Wunschkind". On retrouve un Dero qui n’hésite pas à se montrer agressif derrière le micro même si le titre prend son essor grâce à une mélodie assez facile, mais ô combien efficace.

Boosté par un refrain à reprendre en chœur lors des concerts (ou même chez soi) introduit par un décompte qui se fait de plus en plus pressant, le groupe nous invite à une partie de cache-cache mortelle qu’il illustre parfaitement dans ces lignes Pop mâtinées d’Indus. Mais ce qui est bon avec ce morceau, c’est que même si nous ne parlons pas l’allemand, nous comprenons qu’il se passe un truc et qu’un jeu d’enfants peut devenir macabre. Le titre développe une jolie ambivalence dans ses ambiances, que l’on retrouvera tout du long de "Warheit Oder Pflicht". Encore une fois, c’est Dero qui va grandement attirer l’attention, que ce soit à travers ses rythmiques non dénuées d’un certain groove ou sachant se montrer martiales, ou bien via son chant, impeccable.

Nous l’avions découvert plus posé sur "Plastik", il tentait de revenir par moments à des passages plus crus sur "Ego". Ici, il parvient à trouver l’équilibre entre son chant clair, se permettant de faire le crooner sur certains morceaux et sa facette la plus agressive, où il prouve qu’il n’a rien perdu de son mordant. Mais aussi important soit-il – il est, après tout, le frontman de cette équipée sauvage – il ne peut propulser la machine tout seul, il lui faut un équipage et c’est là qu’interviennent Crap et Flux, ses fidèles acolytes. Ils vont distiller un Metal Indus raffiné, où les machines s’imposent sans pour autant oublier de laisser les autres instruments s’exprimer ("Dein Weg"). Les guitares ne se tiennent pas seulement en embuscade, elles sont essentielles au bon développement des mélodies, à la construction des morceaux, les empêchant de sombrer dans un côté trop mielleux ("Du Spielst Gott", "Wenn Du Weinst").

Et selon les versions, l’album dégage une unité plus ou moins forte. Quand tous les titres sont interprétés en allemand, il se dégage quelque chose de fort, de puissant de ce "Warheit Oder Pflicht", le même genre de « truc » que nous retrouvons sur un disque de RAMMSTEIN par exemple. Tous les morceaux semblent reliés les uns aux autres, ils forment un bloc solide ; les versions agrémentées de "Burn Your Eyes", "Answer Me" et "Nothing" ne sont pas forcément plus mauvaises, mais il y a quelque chose qui se casse au bout d’un moment, alors que normalement, il faut laisser passer quelques minutes après "Im Licht" pour tomber sur "I’m Going Down", courte chanson en anglais, qui achève l’opus sur une note plus tranquille. D’ailleurs, c’est bien la première fois que le groupe propose une heure de musique qui ne finit pas par devenir abrutissante. Nous ne voyons pas le temps s’écouler et l’ensemble passe comme une lettre à la poste. Ce qui n’est pas le cas de tous les efforts de OOMPH!, loin de là.

Il n’est pas franchement présomptueux d’avancer que nous tenons avec "Warheit Oder Pflicht" l’un des meilleurs, sinon le meilleur album de la formation de Wolfsburg. Bien pensé, bien écrit et bien interprété, il se place dans une ligne séductrice tout en étant hérissé de pointes. Un disque qui n’en a pas l’air comme ça, aux premiers abords, mais qui est une réussite majeure dans le genre et qui pourrait même prétendre au titre de mètre étalon de la Neue Deutsche Härte, n’en déplaise aux puristes de "Sehnsucht" et de "Mutter". Après celui-ci, le groupe tentera de retrouver cette formule magique avec plus ou moins de réussite ; déjà important en Allemagne, OOMPH! allait devenir gros et pouvait enfin prétendre embraser l’Europe.

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- Dero (chant, batterie)
- Flux (guitare, programmation)
- Crap (guitare, claviers)


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