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DREAM THEATER - The Astonishing (2016)
Par JEFF KANJI le 25 Avril 2016          Consultée 17118 fois

DREAM THEATER, étant donné la complexité qu'il a été capable d'appliquer à sa musique, sa recherche de nouvelles couleurs, son passage du terreau Jazz Rock typique des élèves de Berklee à celui inspiré des anciens du Rock Progressif (RUSH en tête), était destiné à dépasser le stade des albums plus ou moins cohérents et parfois conceptuels avec des réussites variables. Si le groupe est devenu imbitable pour moi depuis deux albums, il regagne dans mon estime ses lettres de noblesse en proposant enfin une œuvre à la mesure de son talent. Je ne suis pas un fan ni un amateur classique de DREAM THEATER et peu de disques dans sa féconde discographie trouvent grâce à mes yeux. Cela tombe bien, car la formation de Long Island ne sort pas un album classique lui non plus et il va également charmer et diviser.

DREAM THEATER a décidé de franchir un cap et d'élaborer son propre Opéra Rock, s'offrant pour la peine les compétences de David Campbell (arrangeur et chef d'orchestre pour le grandiose "Alive IV" de KISS entre autres) et du FILMharmonic Orchestra de Prague ainsi que de plusieurs chœurs dont un ensemble gospel. DREAM THEATER monte une immense marche car il va devoir sortir de son carcan Metal Prog qui l'autorisait à faire à peu près n'importe quoi (dans tous les sens du terme) pour afficher une cohérence d'ensemble et faire évoluer non pas un personnage (il l'avait magistralement réussi sur "Scenes From A Memory") mais plusieurs, le tout par le seul organe de James LaBrie. Et l'une des premières satisfactions de "The Astonishing" c'est que le Canadien confirme le regain de forme spectaculaire observé sur son deuxième album solo ; le bougre a enfin recouvré l'intégralité de ses capacités et livre des prestations tour à tout puissantes, rageuses, posées, mélancoliques et émotionnelles.

John Petrucci a des tas d'idées et d'influences pour le guider dans l'élaboration de son histoire, de "Jesus Christ Superstars" à "Game Of Thrones" en passant par l'incontournable "The Wall" (difficile de ne pas voir dans "Heaven's Cove" un hommage à "Is There Anybody Out There?"). Ce disque c'est celui de John et la trame qu'il nous conte est fascinante tant pour son appréciation manichéenne sur fond de conspiration mondiale qui rappellera les plus grands classiques de l'anticipation ("1984" entre autres) que par le questionnement métaphysique qui l'entoure, qu'Arjen Lucassen avait évoqué plus succinctement sur son album solo ("Pink Beatles In A Purple Zeppelin") à savoir ; se projeter dans le futur (300 ans ici) où des drones appelés NOMACS créent la musique de façon tout à fait mécanique et électronique dans un monde où les humains ne prennent plus le temps d'écouter et de ressentir la musique. Et dans ce monde d'une tristesse sans nom va naître Gabriel, un être doué de dons exceptionnels pour la musique et qui va par ce biais soigner nombre de maux de l'esprit de son entourage. On se doute que ce regain d'humanité ne va pas en rester là et largement déborder à la périphérie de Ravenskill et la tyrannie exercée par l'empereur Nafaryus va conduire au choc des deux mondes. Le concept est très bien expliqué sur le site dédié à "The Astonishing" et même si les albums sont assez différents, je ne saurais que trop conseiller à ceux qui ont adoré le "Cybion" de KALISIA (en grande partie influencé par l'œuvre de DREAM THEATER, c'est le plus drôle là-dedans) de s'immerger dans cet Opéra Rock de très haute volée.

J'ai lu qu'il était reproché le grand nombre de titres et de mid-tempi de cet album… Si on appelle ça un argument, je ne dois vraiment pas ressentir la musique de la même façon. Ce que j'observe surtout, c'est que les formats sont courts, la qualité et le niveau technique des musiciens mis au service de l'œuvre, épuré, délivré de ce besoin de montrer ses aptitudes. Mais comme on a affaire à de très grands musiciens, les titres sont des condensés de musicalité où transitent les émotions exprimées par les mots et une effervescence maîtrisée quand la tendance à la démonstration d'un EMERSON LAKE & PALMER se ferait sentir ("A New Beginning" est un exemple probant). Jordan Rudess a enfin abandonné les longues improvisations et autres cadences saugrenues et pour revenir aux fondamentaux. Le piano est mis à l'honneur et d'une manière générale, l'approche du virtuose du clavier qu'il est demeure assez organique sur l'ensemble de l'album, en particulier sur les passages traitant du point de vue humain et du sentiment de liberté qui en émane (l'orchestre limpide sur "The Road To Revolution" en est une belle évocation je trouve). Avec un mix juste parfait, où les chœurs, l'orchestre, la guitare, les claviers, la basse et la batterie ont tous leur place, il y a des couleurs, du relief et de la vie dans la musique des Américains qui clairement viennent de sortir un de leurs meilleurs albums.

Bien évidemment, comme les opéras classiques, la perception de la musique ne suffit pas à saisir l'essence et à ressentir toute la dimension tragique ainsi que la complexité de l'intrigue, qui mêle aux considérations musicales des préoccupations sur l'évolution des sociétés et une critique des systèmes politico-économiques tels qu'ils apparaissent de plus en plus clairement aujourd'hui. Les textes revêtent au moins autant d'importance que la musique et surtout ouvrent une autre interprétation des thèmes joués et des idées musicales délivrées par DREAM THEATER. Pour moi, le Théâtre du Rêve n'a pas seulement suivi ses modèles, il a égalé les maîtres sur "The Astonishing", clairement l'album le plus important de sa carrière sur le plan artistique.

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Par DARK BEAGLE




 
   JEFF KANJI

 
  N/A



- John Myung (basse)
- John Petrucci (guitare, chant additionnel)
- James Labrie (chant)
- Jordan Rudess (claviers)
- Mike Mangini (batterie)


- Act I
1. Descent Of The Nomacs
2. Dystopian Overture
3. The Gift Of Life
4. The Answer
5. A Better Life
6. Lord Nafaryus
7. A Savior In The Square
8. When Your Time Has Come
9. Act Of Faythe
10. Three Days
11. The Hovering Sojourn
12. Brother, Can You Help Me?
13. A Life Left Behind
14. Ravenskill
15. Chosen
16. A Tempting Offer
17. Digital Discord
18. The X Aspect
19. A New Beginning
20. The Road To Revolution

- Act Ii
1. 2285 Overture
2. Moment Of Betrayal
3. Heaven's Cove
4. Begin Again
5. The Path Divides
6. Machine Chatter
7. The Walking Shadow
8. My Last Farewell
9. Losing Faythe
10. Whispers On The Wind
11. Hymn Of A Thousand Voices
12. Our New World
13. Power Down
14. Astonishing



             



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