Peu après la sortie de "Schlacht", qui préfigurait un début d’ouverture vers des contrées moins classiques l’éponyme album enfonce le clou et achève la mutation des jeunes Suédois. Toujours porté par la voix Death et écorchée atypique de Johannes, le combo de Göteborg s’essaie au Heavy version carnaval.

"Queen Of Blades" ne laisse place à aucun suspense, le tempo est ralenti et la structure simplifiée, mettant en avant des leads soignés de guitare et un refrain accessible (sans que ce ne soit un gros mot, soyons clairs). L’intro a capella passée, les chapelets de notes, mélodiques à souhait, déferlent pour lancer le titre et soutenir le chant, un chouïa moins abrasif que par le passé. Ce que l’on devinait par petites touches sur leur essai précédent se matérialise complètement dès la première chanson, vraiment excellente et assez révélatrice de la direction prise par AVATAR pour le futur.

Le début de l’album est globalement très réussi, avec le grandiloquent "The Great Pretender" et "Shattered Wings". À la fois agressif et touchant, théâtral et authentique, le groupe trouve clairement son identité et ce n’est sans doute pas un hasard si cet album porte le nom de la formation. Le premier est une longue montée en puissance jusqu’à un final plus classique dans sa conception, mais superbement exécuté avec les vocaux extrêmes qui viennent mettre ce qu’il faut de poils. Le suivant est plus typé Death N’Roll, mais tout aussi abouti dans le style.

Bien moins mordant que les deux précédentes sorties, "Avatar" mise tout sur la mélodie, souvent au détriment toutefois de la puissance, qui fait du coup défaut à mon sens. Si la production est relativement clinquante, elle ne permet pas de corriger le tir, tant les compositions sont intrinsèquement aguicheuses, parfois un peu maladroitement, et les arrangements bancals (les percussions sur "Reload" ou les guitares acoustiques sur "Deeper Down" n’ont par exemple aucun intérêt). L’autre problème est que la formation ne tiendra pas la distance en matière d’écriture, passé la mi-album (et le très bon "Out Of Our Minds"), à l’exception du conclusif "Lullaby (Death All Over)" qui redonne un peu de frissons sur la fin. Le ventre mou de l’album est sans grand intérêt, aucune piste ne retenant véritablement l’attention.

Le véritable plus de ce troisième essai réside vraiment dans les grattes, au top tout au long des 43 minutes. Que ce soit sur les soli, les plans de tapping ou sur les petits gimmicks constants, elles se révèlent au fur et à mesure des écoutes. On sentait déjà un véritable potentiel sur les précédents LPs, il est ici pleinement accompli, une jolie musicalité se dégageant du duo Jarlsby/Andersson.

Difficile de trancher quant à l’appréciation finale : AVATAR trouve ici son identité mais ne tient pas totalement sur la durée et manque quand même un peu de hargne. L’écoute n’en reste pas moins agréable et le début de la galette est un succès.

Note réelle : 2,5/5, arrondi à 3.