Question posée à Enrik Garcia lors de la sortie de "Tarot" en 2007 : «Quelle est la plus grande qualité de DARK MOOR ?» «La création», avait-il répondu. Nous aurions pu débattre de cette question durant des semaines après la sortie de "Beyond The Sea", mais pas après "Tarot", ni non plus avec le dernier-né de l’impressionnante discographie des Espagnols. Ce doute est évanoui, car DARK MOOR est un train difficile à stopper.

Ce nouvel opus a davantage d’homogénéité que son prédécesseur : tous les titres se fondent les uns dans les autres (à part la d’ores et déjà classique «Swan Lake»), alors que «Tarot» était le festival des pièces de puzzle qui ne s’emboîtent pas. "Autumnal" est beaucoup plus complémentaire, les plages se succèdent sans plainte de la part de l’auditeur, le tout forme une entité florissante et épique à souhait. DARK MOOR consolide son emprise sur le Speed version trame sonore de film d’horreur baroque avec des orchestrations de rêve, des chants sublimés par l’espoir et la magnitude ("Phantom Queen"), le romantisme ("An End So Cold", "For Her") et la puissance à l'état pur ("Faustus", "When The Sun Is Gone").

Les myriades d'orchestrations sont de retour, le xylophone se pointe de temps à autre, le violon fait tourner le vent et les feuilles mortes, les chœurs brodent d’or ces compos riches… Ce que j’ai toujours adoré du groupe ne meurt pas, c'est-à-dire ce talent de nous projeter dans un conte de fée sans effort. Image naïve, mais n’est-ce pas là leur objectif d’aller agacer cette fibre enfantine, adoratrice du fantastique ? "Autumnal" ne bat pas "Tarot" au finish parce que moins profond dans son alignement, mais il n’en demeure pas moins un successeur plein de promesses. Un disque lumineux et archi divertissant de la trempe de leur album éponyme.