"Cursed" n’aura ni confirmé ni infirmé les espoirs placés en MORGOTH. Le groupe s’était gentiment contenté de faire ce qu’il savait faire de mieux, à ce moment-là, à savoir un Death Metal avec un logo « approved by Chuck Schuldiner » sur la pochette, ou peu s’en faut tant les Allemands évoluent dans des sphères proches de ce que proposait DEATH à l’époque. Deux ans plus tard sort cet "Odium" à la pochette qui semble proposer une vision du Mordor quand on la regarde de loin, mais qui est bien moins épique vu de près, la poussière et les acariens n’évoquant en rien le « vous ne passerez pas ! » de Gandalf.

Autant on pouvait légitimement avancer que sur "Cursed", MORGOTH faisait du surplace, autant "Odium" est tout son contraire. Sur "Odium", nos Teutons ont fait un pas en avant en repensant leur musique. Le pas est gigantesque même, c’est presque un saut. Bien sûr, ils iront encore plus loin par la suite, au grand dam de nombreux fans (nombreux… euh… ok, au grand dam des fans), mais il faut en convenir, les idées étaient déjà là, encore enveloppées dans une fange putride de Death Metal.

En effet, MORGOTH va commencer à modifier son jeu et son style, en rendant ce dernier plus synthétique via des rythmiques plus Indus dans l’esprit et des mélodies que l’on ne s’attend pas à trouver ici. On sent que le groupe fourmille d'idées et qu’il refuse (enfin) de stagner pour proposer quelque chose de neuf. Pour s’en donner une idée, il suffit d’écouter le morceau-titre, un instrumental qui vient bien nous achever, pour s’en rendre compte, avec son final crispant, avec ses sons électroniques et ses cris dissonants. Ensuite, passer aux pistes "Resistance", "Under The Surface" et "Golden Age" pour voir l’avancée de la formation, avec une approche plus technique, plus Indus, du meilleur effet.

Pourtant, on retrouve toujours cette fibre Death Metal. À travers le chant déjà, même s’il devient plus intelligible, puis via ces accélérations bien senties qui font que la tension monte, monte, monte, avant un brusque break qui vient nous broyer les cervicales. Tout est agencé avec intelligence, ainsi que beaucoup de justesse. Les touches Indus ne viennent pas prendre le dessus, elles sont un adjuvant, elles viennent libérer la puissance du groupe, qui n’aura au final jamais aussi bien sonné que sur ce disque.

Si vous cherchez le disque ultime pour découvrir MORGOTH, c’est sans conteste possible celui-ci. Riche, varié, conservant ce qu’il faut du style plus basique ayant fait la renommée du groupe, mais en apportant de nombreuses touches modernes qui sonnent toujours très bien aujourd’hui. Un classique du genre quelque peu mésestimé.