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- Style : Kanonenfieber

1914 - Eschatology Of War (2015)
Par DARK BEAGLE le 11 Juin 2024          Consultée 695 fois

Il y a des groupes qui savent vous prendre littéralement aux tripes. Vous remuer, vous secouer, sans prendre de gants. Vous terminez alors l’écoute de l’album vidé, conscient d’avoir été amené à des endroits où vous n’auriez pas aimé être en temps normal, mais paradoxalement satisfait d’avoir fait ce voyage dans des contrées putrides. 1914 est de ceux-là. Les Ukrainiens se sont d’abord fait connaître via une poignée de singles parus en 2014, avant d’assener un coup terrible avec leur premier essai l’année suivante, cet "Eschatology Of War" qui nous intéresse ici. Le nom du groupe est suffisamment équivoque pour savoir tout de suite quel va être le sujet de ce disque. Mais contrairement à ce que peut proposer SABATON sur le même sujet, nous ne sortirons pas indemne de ce charnier à ciel ouvert.

La Première Guerre Mondiale, en chiffres, est absolument effarante. Nous parlons de dix millions de morts, civils et militaires, du double de blessés, avec ces fameuses gueules cassées. Beaucoup pensaient que ce serait une affaire de quelques mois, que les envahisseurs seraient rapidement repoussés. Reprendre l’Alsace et la Lorraine n’était même pas envisagée à son début : les chants patriotiques et militaires disaient que l’adversaire ne passerait jamais. Mais le conflit s’est enlisé dans la boue des tranchées, sous les tirs d’obus. La Mort aura pris bien des formes, bien des visages durant ce conflit qui ne laissera pas tous les soldats indemnes, aussi bien physiquement que moralement. Une sale période, qui n’a pas à être glorifiée et 1914 évite soigneusement de le faire.

Un certain Billy Murray ouvre les hostilités. Il chante une vieille rengaine, "It’s A Long Way To Tipperary", qui est devenu un hymne pour les soldats britanniques un peu malgré elle, son côté entraînant étant l’idéal pour être chanté en chœur par des troupes en marche. L’enregistrement grésille de plus en plus, devient plus inaudible à mesure que nous arrivons à la fin de cette introduction pour être rappelé à la réalité de façon brutale par "Gasmask". 1914 pratique un Death Metal putride, fortement marqué de Doom et ponctué par des élans Black Metal qui intensifient l’ensemble. Le tempo reste cependant assez lent. Les Ukrainiens nous assènent leur musique sans nous laisser la moindre chance de nous relever.

Ils nous renvoient directement sur le champ de bataille, sans savoir si nous marchons dans la boue, le sang ou les viscères des camarades tombés au combat. À travers l’aspect colérique de son art, le groupe nous parle de l’horreur, d’une bravoure désespérée parce qu’il n’y avait que cela à faire ("Frozen In Trenches (Christmas Truce)" et ses envolées Black du meilleur effet), d’un héroïsme qui confinait au suicide ("Verdun"). Le tout est très bien documenté et nous vivons ainsi huit historiettes qui prennent part à différents moments du conflit, à différents lieux, le tout agrémenté de samples de bombardements, de tirs en rafale, d’explosions, ou encore de monologues ou discours, histoire de créer un véritable climat autour de cette œuvre pour le moins glaçante.

Tout n’est pas que colère. Le groupe n’est pas bêtement brutal pour être brutal. Il agrémente sa musique de sombres mélodies, se faisant parfois mortifère ("Verdun") ou au contraire, plus triste ("Zeppelin Raids"). Il parvient à véhiculer des émotions à travers cette force de frappe qui se complait dans sa lenteur. Les paroles de "Caught In The Crossfire" créent un climat d’intensité qui se répercute bien avec les riffs et les textures proposées par 1914. On appréciera l’introduction épique d’"Ottoman Rise" qui tranche complètement avec l’aspect Doom et doucement orientalisant du titre. Et nous touchons également du doigt là ce qui fait le « charme » de ce disque. Bien que traitant de guerre, bien qu’évoluant selon une formule bien définie, 1914 ne se laisse jamais enfermer dans son style.

Nous évoquions déjà "Frozen In Trenches" plus haut avec ses relents Black Metal de bon aloi, nous pouvons également nous attarder rapidement sur "Arditi" (qui évoque les forces armées Italiennes) qui lorgne du côté du Death Mélodique avec ses lignes de guitare à la IRON MAIDEN introductives qui viennent se répéter (on peut faire ce que l’on veut, on en revient souvent à la Vierge de Fer, elle-même pas toujours avare de chansons qui ont pour théâtre la guerre), nous pouvons également nous arrêter sur "Battlefield" qui se veut plus mélancolique, bien que toujours très sombre. La formation joue sur les ambiances, elle construit des morceaux qui refusent de rester figer. Ils ne respirent pas forcément beaucoup plus, mais ils parcourent différents chemins pour nous plonger la tête dans la boue.

Et l’album se termine sur une autre marche militaire sous forme de ritournelle, "The Last Long Mile", qui fut populaire chez les soldats Américains en 1917. Le groupe gardera ce principe de "War In"/"War Out" sur chaque album, en reprenant des chants populaires militaires durant le conflit mondial et en les habillant de sons de bombardement. Il s’agit là de rares moments de paix, les passages qui présentent le plus d’entrain et qui font de la guerre une affaire que l’on peut prendre à la légère ou qui devient un étendard à l’esprit de camaraderie. Entre, c’est l’horreur, le fracas, l’odeur de la mort. Un contraste saisissant, qui peut ressembler à du remplissage inutile, mais qui prend rapidement sens, quand nous sommes face à ce décalage.

Avec "Eschatology Of War", 1914 frappe un grand coup sur une scène Death à géométrie variable. Tout n’est pas parfait sur ce premier album, mais nous sommes de l’ordre du détail. Les Ukrainiens ont réussi un joli tour de force en réussissant à donner vie musicalement à ce conflit terrible qui avait eu des répercussions dans le monde entier et qui allait entraîner bien des complications par la suite. Nous sommes dans le bruit, la fureur et la mort, nous sommes dans les tranchées, dans la boue, éclaboussés du sang des autres et peut-être même du nôtre. Nous sommes morts, mais nous ne le savons pas encore. Tant que nous pouvons encore tenir un fusil, nous pouvons progresser dans les barbelés, guidés par la hargne de 1914. Tout simplement monstrueux.

Note réelle : 4,5/5.

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   DARK BEAGLE

 
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- Capt. John B. Kumar (k company 307th infantry regiment)
- Pvt. Liam Fissen (a company 308th infantry regiment)
- Sgt. Andrew Knifeman (157th field artillery regiment\40th infantry div.)
- Pvt. Armen Bleckley (k company 160th infantry regiment)
- 1lt. Serge Russell (c company 306th machine gun battalion)


1. War In
2. Gasmask
3. Frozen In Trenches (christmas Truce)
4. Verdun
5. Caught In The Crossfire
6. Zeppelin Raids
7. Ottoman Rise
8. Arditi
9. Battlefield
10. War Out



             



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