SHINING est effectivement une entité unique. Leur musique conduit leurs dessins mortels sur une ligne droite avec une volonté macabre sur laquelle ils ne tergiversent pas. Mais il faut être patient, comme avec tout autre album, sauf que celui-ci ne se fait pas adopter facilement contrairement à d'autres familles. Il griffe et se rebelle à tous les tournants.

Après ou quatre ou cinq écoutes, on saisit mieux la démarche du groupe, qui est simplement de coucher sur musique le mal de vivre, la dépression profonde ainsi que la douleur, la tristesse et la colère qui en découlent. De là ces passages vocaux et riffs agressifs qui flirtent avec les acoustiques planants, les sursauts festifs d'une guitare blues (les rares moments de joie que traverse un suicidaire ?!), des orchestrations qui laissent présager une libération du corps et de l'esprit... La troisième plage est très démonstrative de cette fusion démente.

Bref, rares sont les artistes metal qui ont exposé le mal incarné avec tant de violence. Bon, elle est somme toute assez subtile cette tuerie, mais elle gifle les oreilles assez rudement pour nous donner le goût de continuer notre voyage vers le nihilisme ambiant des personnages, que l'on imagine dans ce théâtre sonore que construit SHINING.

Une découverte dérangeante, mais stimulante. La preuve que l'on peut marier diverses inspirations pour éclaircir la forêt... sans toutefois la faucher et ainsi occire la magie secrète du Black pur!

Je vous propose dans les prochains mois la disco complète de SHINING, des albums I à IV, en attendant le sixième volet dont la sortie est prévue en décembre. Vous verrez que ce V est leur meilleur et que SHINING n'a sauté aucun échelon afin de se rendre où il est présentement.