Dans un documentaire consacré au groupe, Paul Landers révélait que le déménagement de Richard Z. Kruspe pour les USA avait eu un effet libérateur sur RAMMSTEIN, notamment sur sa créativité. Ainsi il peut être réjouissant de voir débarquer "Rosenrot" à peine un an après le colosse "Reise, Reise". Se nimbant de couleurs froides, il est en grande partie constitué de morceaux non-retenus (pour diverses raisons) sur l'opus de 2004.

Et c'est là l'erreur stratégique du groupe, qui donne dans la précipitation et délivre son opus le plus dispensable en carrière. Dispensable pour son manque de cohérence, la disparité de ses morceaux en étant largement responsable, mais aussi une bonne partie de titres pas franchement accrocheurs et une sensation d'ennui à laquelle RAMMSTEIN ne nous avait pas habitués. Cela commence par le single "Benzin" qui est symptomatique : on y retrouve le RAMMSTEIN en forme de "Reise, Reise", mais on peut tout de même s'accorder sur le fait que le titre malgré son efficacité est assez classique.

Il n'en sera pas de même sur l'écrasant "Mann Gegen Mann" à la basse énormissime (son traitement sur tout l'album est un régal), un titre ultra accrocheur suivi par un "Rosenrot" qui nous sort un de ces refrains "fête de la bière" à la "Keine Lust", pas déplaisant mais dispensable. Dans ce classicisme, on pourra bien entendu évoquer le mammouthesque "Zerstören", seul titre de la deuxième moitié du disque à trouver grâce à mes oreilles avec le lourdaud "Te Quiero Puta", ou le Tanz Metal hispanisé, bien jouissif.

Le reste alterne le mou d'une part, RAMMSTEIN cherchant visiblement à s'émanciper de son côté martial (des morceaux comme "Ohne Dich" ou "Dalai Lama" allaient déjà dans ce sens sur "Reise Reise"), sans forcément toucher au but (on n'est pas loin avec "Wo Bist Du" et pas non plus totalement hors-pistes sur le duo avec Sharleen Spiteri), mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas sur ce disque. Pas le plus digeste mais pas non plus imbuvable, "Rosenrot" n'est pas complètement à jeter (notamment sa belle pochette), mais il est de très loin l'album le moins bon de RAMMSTEIN.