Retrouver MÖTLEY CRÜE avec sa séquence d’ADN au complet, forcément, ça fait quelque chose quand on aime le groupe, même si on a un faible certain pour l’album éponyme. C’est donc la bave aux lèvres que j’attendais ce "Generation Swine", à la pochette délicieusement immonde, tout en ayant un petit pincement au cœur pour John Corabi qui avait le malheur de ne pas être Vince Neil. Puis au bout de trois quarts d’heure (un peu plus en réalité), le monde de la musique s’est écroulé. Enfin, le monde la musique du CRÜE.

Parce que si l’on reprochait à l’éponyme de ne pas respecter la trademark, qu’en est-il de ce "Generation Swine" qui semble prendre le problème à l’envers et nous de même, par la même occasion ? Bon, comme pas mal de groupes à cette période (ALICE COOPER, WASP…), la bande à Nikki Sixx essaye de coller aux wagons de l’Indus, un certain Révérend Manson ayant le vent sacrément en poupe mais une nouvelle question se pose : pourquoi faire revenir Vince Neil si c’est pour trafiquer sa voix avec différents effets ?

Et il en résulte un disque résolument bâtard, qui louche grave sur l’Indus, mais qui tente également de caresser les roustons du Glam tout en s’assurant un petit côté Pop pas forcément désagréable, mais que c’est bordélique ! Comme sur "Dr Feelgood", il y a trop de ballades et comme sur "Dr Feelgood", certaines sont trop dégoulinantes pour vraiment espérer intéresser le monde ("Brandon"… Mouais. Pas très folichon tout ça…). "Generation Swine" est un disque sous forme de Luna Park. Ça peut monter haut, mais les descentes sont vraiment vertigineuses.

Parce qu’il y a de bons titres là-dessus. Tiens, le title track, par exemple. Un truc bien mesquin et sournois. "Find Myself" est rentre-dedans à souhait et annonce la couleur, avec un Vince Neil méconnaissable. "Anybody Out There" est un brûlot plus Punk que Punk, un morceau d’une rare violence pour le CRÜE tandis que "A Rat Like Me" évoque étrangement ALICE COOPER dans les intonations vocales et même sa mélodie. Et si tout l’album avait été de cet acabit, ça aurait été génial. Manque de pot, tout s’effondre assez rapidement au gré de titres ternes ou à côté de la plaque.

Bref, le retour de Neil n’est pas aussi rassurant que cela pour les fans. Encore aujourd’hui, cet album divise et il est difficile de savoir exactement sur quel pied danser. Est-ce un foutage de gueule volontaire ? Une envie de surfer sur le "Carved In Stone" de Neil, mais sans la peine qui habitait cet album ? Sonner moderne pour ne pas paraître has been ? Cette dernière piste serait bien la pire idée à avoir, cela n’apporte que rarement quelque chose de bon. "Generation Swine" est tout aussi à part que l’éponyme dans la discographie du CRÜE, le retour « à la normale » se fera sur l’album suivant.