J'écoute toujours "Filosofem" de BURZUM quand le désespoir est très (trop) grand. Il me suffit de revenir à la surface de notre réalité, d'observer l'état de déchéance dans lequel nos sociétés sont plongées, le destin apocalyptique qui est celui de notre civilisation et qui est plus généralement celui de l'univers humain que l'Occidental a bâti (relisez la théorie d'Olduvaï) pour que je ressorte ce disque longtemps rejeté.

Comme je l'ai déjà dit en d'autres temps et d'autres lieux, BURZUM et son univers médiatisé – son buzz comme je résume souvent – m'ont longtemps rebuté. De plus, pour y avoir trempé mes oreilles de temps à autres (afin de voir si mes a priori tombaient, ou de constater si les fans avaient bien raison), je savais que le one-man-band norvégien ne me séduisait pas plus que ça et je ne comprenais vraiment pas pourquoi on en faisait autant sur BURZUM. Puis un soir, ce fut la bonne et depuis, "Filosofem" tourne au moins une fois par mois dans le lecteur.

J'apprécie surtout les trois premiers titres. Empli de désespoir, de haine et de mysticisme, ce faux simplicisme du Norvégien [personnellement, j'appelle cela de l'épuration musicale (comme on épure l'eau de ses saletés) ou du minimalisme au sens artistique du terme] prend ici toute sa dimension et écrase sans pitié tous les êtres qui manqueraient de force. Toute la puissance du disque est résumée dans son titre : "Filosofem". Bizarrement, je ne saurais dire pour quelles raisons précises ce full-length est un véritable chef-d'œuvre du Black Metal (la justesse, la « vérité » des riffs retranscrivant ces émotions extrêmes et cette nostalgie mélancolique ?). Ce que je sais, c'est qu'au vu de la manière dont il me touche, je suis intimement convaincu qu'il fait partie des dix meilleurs disques du genre.