Fervent opposant à la peine de mort, Victor Hugo défendait le droit à la seconde chance du condamné. Il affirmait que la prison pouvait permettre au prisonnier, avec la grâce de Dieu, de réaliser ses erreurs et s'ouvrir à la Vie pour le reste de son existence terrestre. Gageons que s'il avait connu Varg il aurait pris la mesure de la notion d'exception à sa théorie.
Parce que notre nordique préféré, loin de se racheter la conscience, a plutôt continué à penser que son geste était justifié, et surtout qu'Euronymous ne méritait pas de vivre, sa mort étant profitable à tous.
Il faut dire aussi que loin d'approcher le pardon et la repentance chrétienne ce bon vieux Varg s'est enraciné dans ses croyances païennes, étudiant et rédigeant sur le sujet de la mythologie nordique en prison, entre deux albums d'Ambiant particulièrement mauvais.
Et il est sorti, désormais jeune vieux, et il a décidé de rejoindre la France, sa française de femme, et de fonder son nid familial dans le cœur perdu du Limousin, où les forêts chantent et les socialistes se tiennent éloignés, trop embourgeoisés désormais.

Avant "Belus" le titre était "The White God". Sacré Vargounet. Que l'on croie ou non comme il le disait que la population était paranoïaque le titre était certainement voulu provocant comme il a toujours eu l'habitude de le faire. A juste titre, "Belus" a été attendu comme le Messie par les fans de Black Metal. Après tout, même si c'est, à l'instar de METALLICA, devenu une habitude de critiquer BURZUM, il ne faut pas oublier que sans Varg il n'y a pas de Black Metal. Il ne joue pas dans le game en somme, il EST le game. Aussi est-ce normal que tout le monde y soit allé de son commentaire, notamment dans mes souvenirs, Vindsval, qualifiant "Belus" de déception, de pétard mouillé, de la part du génie de "Hvis Lysett Tar Oss" et "Filosofem".

Car ce qui sera bien plus accentué dans " Fallen " et surtout " Umskiptar " est déjà présent dans " Belus " : du minimalisme, du refus de la modernité, un parti pris old school complètement je-m'en-foutiste du reste de la scène, que Varg a toujours dit ne pas écouter.

Soyons conscients d'une chose en abordant le BURZUM post-prison : Varg s'en fout du reste du monde. Il se fiche du contemporain, il se fiche des enjeux politiques, il se moque de l'avis des fans. Ce gars est dans les profondeurs de la campagne française et est désormais à l’œuvre sur Youtube pour parler de ses jeux de rôle débilos où il explique pendant des heures les dégâts que fait une hache niveau 3 sur un bouclier +4, ou encore comment séduire les femmes avec le sex appeal du viking sauvage d'antan. Le type en a plus rien à cirer ! Il a été le game pendant une décennie et désormais, libre de flirter avec la nature dont il est amoureux, il se régale comme un enfant en faisant ce qu'il aime et en se croyant dans un jeu vidéo où Odin est son père et où il tue des sarrasins avec le style des ancêtres sur lesquels la Norvège communiste crache avec dédain !

Alors quand je vois fleurir les critiques qui disent que Varg est démodé, qu'il comprend pas que le Black Metal a évolué, que c'est un faux génie je me gausse ! Je suis hilare ! Varg est le Jean-Marie Le Pen norvégien qui sait très bien ce qu'il fait et dit mais qui est dans son monde ! Non mais écoutez " Sverddans " et réveillez-vous enfin ! On se croirait revenu à l'époque de " War " et son battage de bonbons monumental ! Même ANVIL ne joue pas ça mais BURZUM si ! Parce que le type trouve que ça le fait à mort ! Il joue ces riffs moisis en imaginant qu'il chevauche la hache à la main vers le Valhalla ! Il est possédé !

Bon au-delà de cette faute de goût je suis il faut l'avouer trop sévère car " Belus " comporte son lot de réussites, et il montre un BURZUM qui a digéré ses penchants atmosphériques, mais qui abandonne le clavier pour faire de la guitare sa lyre principale. Et il faut reconnaître que Varg sait composer des riffs entêtants, magiques souvent, notamment dans " Glemselens Elv " ou " Keliohesten ". Sa musique est épurée, seule la guitare résonne, la voix ensorcelé du sieur se mariant à merveille avec elle, même si les tentatives de chant clair sont parfois bancales.
" Belus ", s'il est hors de la scène de par son caractère ancestral, est de toute manière l'apologie de l'esprit de Varg : c'est un album figé dans le temps, débarrassé des attaches modernes. Sa musique est seulement régie par sa volonté, ses désirs, les rêves qui occupent son esprit, loin, mais alors très loin de ce qu'est notre époque. Il se ballade en armure en forêt, se bat contre des ennemis invisibles, imagine parfois que sa femme est une valkyrie et que son enfant va devenir forgeron et son Black Metal transmet cela : de la fantaisie pure et dure.

Aussi certains titres ont ils un vrai charme, notamment " Morgenrode ", très beau et aérien, à la fin démente, ou encore " Belus Doed " qui renvoie à " Dunkelheit " dans sa noirceur. Car je plaisante, je décris Varg comme un enfant – ce qu'il est – mais " Belus " est un bel album. C'est un retour qui n'a pas souhaité être révolutionnaire, mais qui est la projection des fantasmes de son créateur, un homme qui n'appartient pas à cette époque, et qui voue à ses ancêtres un culte qui, bien que discutable évidemment sur le point de vue des autres peuples, est louable.

Je vois en Varg et en BURZUM ce qu'il est, et non pas ce qu'il devrait être.
Il est et a toujours été le projet d'un homme qui rêve et joue de la musique pour partager sa passion.
Il n'a pas été et ne sera jamais la musique constamment révolutionnaire attendue par les foules.

Reste donc à savoir si sa musique pénètre encore votre âme et fait vibrer la corde émotionnelle. Pour ma part, elle le fait, et encore avec brio.