MACHINE HEAD n’est pas connu pour sa stabilité, ni pour sa régularité. Ses line-ups se succèdent, les albums eux ne sont pas toujours très bons. Rarement catastrophiques, mais parfois très en-deçà de ce que nous sommes en droit d’attendre d’une formation qui nous a tous fait courber l’échine avec un premier album dévastateur. Sans toucher le fond, "Catharsis" manquait de souffle, de la puissance créatrice de Flynn qui était passé en grande partie à côté de son sujet. Cependant, nous avons appris avec le temps de toujours laisser sa chance à un nouvel album de MACHINE HEAD tant le groupe a su se relever à de nombreuses reprises pour accoucher de grands disques.

Et "Øf Kingdom And Crøwn" valait bien le coup que nous nous y attardions un peu. Avec un line-up remanié (en compagnie de Vogg de DECAPITATED), Flynn avait la lourde tâche de nous faire oublier les départs de Phil Demmel et de Dave McClain ainsi que ce "Catharsis" un peu pâlot qui ne faisait pas franchement honneur à la légende. Et force est de constater que ce sang neuf a donné un sacré coup de fouet à l’écriture de Flynn, qui a retrouvé des ambitions. Ici, il nous livre un album conceptuel sur le thème de la vengeance avec un décor post-apocalyptique.

Les compositions suivent des trames pas toujours évidentes, les constructions sont solides offrant des fondations fortes à cet album qui se déploie joliment. Jared donne la réplique à plusieurs reprises à Flynn, ce dernier hurle comme à l’époque de "Davidan", mais il sait également se faire velours ("Slaughter The Martyr", qui allie le meilleur des deux mondes et qui ose une introduction raffinée sur laquelle Flynn peut se laisser aller à véhiculer des émotions dans son chant). Les titres se succèdent, ils ne se ressemblent pas. Certains vont être relativement longs, d’autres au contraire se veulent plus concis et sont de véritables petites décharges d’adrénaline.

Il y a des parpaings qui viennent ainsi de nulle part ("Becøme The Firestørm" par exemple, doté d’une force de frappe plus que respectable), des passages qui se veulent plus mélodieux, mais l’album reste cependant relativement équilibré. Il ne tend pas plus du côté de la brutalité que du raffinement, il essaye de combiner le meilleur des deux mondes afin de créer un maximum de relief afin que chaque morceau devienne mémorable. Certes, parfois on peut se perdre dans les méandres de la narration, les interludes ne servent pas à grand-chose, elles ne servent pas plus que cela la dramatique de l’album. Mais MACHINE HEAD semble faire le bilan de sa carrière et le bilan n’est pas mitigé. "Øf Kingdom And Crøwn" est un excellent cru, que l’on rangera sans sourciller aux côté de "The Blackening" et de "Burn My Eyes". Après toutes ces années de service, c’est beau de pouvoir encore faire une telle offrande aux fans.