Le paysage Rock/Metal américain a sans doute traversé la pire période de son histoire entre 1995 et 2000 : le grunge a amorcé son déclin commercial, la plupart des acteurs du Hard Rock (70's/80's), du Heavy et du Thrash étaient soit en perte d'inspiration, soit ont splitté, soit sont tombés dans l'anonymat, tandis que beaucoup de groupes prometteurs apparus au début de la décennie ont vité été rincés. Inversement, on a assisté à l'avènement de l'ennuyeuse scène Neo Metal (de mon point de vue) et au succès effarant de nombreux groupes insipides incapables d'assurer en live et tout juste bons à jouer les donneurs de leçon. En clair et sans décodeur, je me suis royalement emmerdé avec les productions US entre 1995 et 2000, à quelques trop rares exceptions près.

Pourtant, au milieu de toutes ces productions US, "Powertrip" de MONSTER MAGNET vient relever le niveau. Ce disque a clairement ce petit quelque chose qui captive mon attention. Hargneux, planant, envoûtant, lourd, dépouillé, venimeux, intense, accrocheur, cet album aux ambiances emfumées et au très fort parfum 70's est un peu tout cela à la fois. Ainsi, on ne saurait resister à des titres comme le tubesque "Space Lord", "Tractor" qui évolue sur le fil du rasoir, "Crop Circle", "See You In Hell" ou encore la power-ballade "Your Lies Become You".

Avec "Powertrip", MONSTER MAGNET frappe fort et obtient enfin une reconnaissance digne de son talent (disque d'or aux USA). A l'instar d'un "Wiseblood" (CORROSION OF CONFORMITY), d'un "Aenima" (TOOL), de l'éponyme de BUCKCHERRY et, dans une moindre mesure, du "Nine lives" d'AEROSMITH, "Powertrip" offre au Rock dur americain un regain de crédibilité et le sauve du néant total en cette triste période 1995-2000.