Et voilà, c'est fait, le pas est franchi, le point de non-retour atteint, MONSTER MAGNET est devenu un groupe à succès. Le coupable ? Ce "Powertrip", le premier à faire son entrée dans le Billboard et le seul du groupe à avoir été certifié disque d'or.
Creusant le filon à peine exhumé sur l'effort précédent, Dave Wyndorf passera les trois semaines de son séjour à Las Vegas à écrire des chansons toutes plus carrées les unes que les autres. De la chair à tube à ne plus savoir qu'en faire.

S'étant découvert une passion pour les productions léchées, le tyrannique leader ne fera pas les choses à moitié une fois de retour en studio, s'entourant de deux guitaristes supplémentaires (un seul sera appelé à rester) et d'une horde d'ingénieurs du son, n'hésitant également pas à recruter des session men pour palier aux défaillances d'une section rythmique de plus en plus distante et dont l'implication n'aura de cesse d'être mise à mal par ce petit jeu de va-et-vient.

Mais pour l'heure, un avenir doré s'ouvre au groupe, avec tournée mammouth et passage en boucle sur MTV. Pour le public, ce sera la découverte du nouveau son adopté, débarrassé de tout artifice psyché. Exit les atmosphères vaporeuses, les guitares chargées d'écho et de fuzz, exit le souffre, exit le danger, bienvenue sur la planète hard rock burné où rien n'est laissé au hasard.

Ne soyons pas de mauvaise foi, cette galette contient son lot de grands moments ("Space Lord", "Bummer", "See You In Hell", "Tractor"). N'importe quelle autre formation au parcours plus classique aurait sorti un album pareil, j'aurais dit "amen" sans sourciller. Mais l'arrivée de "Powertrip" signe la mort du MONSTER MAGNET des grands espaces infinis, celui des trips d'une demi-heure et des paroles écrites sur un bout de buvard imprégné d'acide. La fin d'une époque bénie.

Well, I guess I'll see you in hell...