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BLACK/DARK METAL  |  STUDIO

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ROTTING CHRIST - The Heretics (2019)
Par SIRFRANGILL le 9 Avril 2019          Consultée 1751 fois

Le terme « hérésie » tire son origine du grec ancien αἵρεσις, qui signifie « qui à le choix » sous-entendu entre une idée ou une autre. Comment trouver meilleure expression pour refléter les idées qui ont toujours été celles de ROTTING CHRIST et en particulier de Sakis Tolis, qui n'a jamais cessé de scander le slogan individualiste et anti autorité non serviam, soit « je ne suis au service que de moi-même, ainsi je serai toujours libre de choisir ce que je pense et ce que je veux pour moi ». Mais avec le temps, « hérésie » s'est chargé d'un sens différent, désignant les courants chrétiens considérés comme déviants par les catholiques et orthodoxes. Il s'agissait donc d'authentiques serviteurs de Dieu mais qui n'adhéraient pas au dogme « officiel », et qui étaient donc vus comme étant dans l'erreur. Et aujourd'hui, suite à l'écoute du nouveau pamphlet des Grecs, je me vois contraint de me coiffer de la mitre de l'évêque et d'accabler ces derniers car pour moi, ROTTING CHRIST, avec "The Heretics", est bel et bien dans l'erreur.

Il n'a d'ailleurs pas fallu attendre la sortie du skeud pour s'en rendre compte (c'est peut être une bonne chose). En effet, dès l'instant où le voile a été levé sur le premier extrait, "Fire, God And Fear", ça sentait déjà la feta oubliée en plein soleil. C'est à croire que le groupe avait d'emblée envie de prévenir ses fans de la médiocrité à venir puisque il a décidé de diffuser en premier lieu l'un des pires morceaux de l'album (et donc du groupe). Un couplet très plat soutenu par un riff Black simple et hypnotique, un peu à la GORGOROTH période King Ov Hell, qui aurait pu être relevé par un refrain si il y en avait eu un. En lieu et place de ce dernier, Sakis a préféré demander aux chœurs de balancer deux mots en latin (« Gloria Patri ») avec le moins d'expression possible.

Mais le pire, pour ce morceau comme pour l'ensemble de l'album, ce n'est finalement pas tant la nullité du propos que le caractère hyper auto-plagiant de l’œuvre. Entendons-nous bien, cela fait un temps que les Grecs ont tendance à recycler leurs riffs et mélodies d'albums en albums, mais selon mon degré de tolérance, c'est avec "The Heretics" que les bornes ont été dépassées. Rien que sur "Fire, God And Fear" on pourra noter ce solo répétant au compte-goutte la même note à la wah-wah déjà entendue maintes et maintes fois sur les essais précédents. C'est déjà inacceptable en soi mais ce n'est pas le pire. Le pire ce sont ces riffs insistant sur une note et se terminant par la note un ton plus bas qui étaient déjà à la limite d'être envahissants sur les albums récents et qui sont ici carrément utilisés sur la moitié des morceaux ("Fire, God And Fear", "Heaven And Hell And Fire", "Hallowed Be Thy Name" et "Πιστεύω"), sans parler des riffs hyper classiques et prévisibles "In The Name Of God", "Dies Irae" et de "The Voice Of The Universe". L'ensemble suinte tellement le déjà-entendu qu'on finit par se focaliser davantage sur la recherche de similitude entre les nouveaux et anciens morceaux que sur l'écoute elle-même ( la mélodie du refrain de "Heaven And Hell And Fire" aurait pu figurer sur "Aealo", "Hallowed Be Thy Name" ressemble à "Devadevam" qui ressemblait déjà à l'intro de "In Yumen Xibalba", le riff de "The Raven" est tiré de celui de "For A Voice Like Thunder").

Au delà de l'auto-pompage, je dirais que ce qui fait naviguer la trirème de traviole, c'est l'absence d'orientation propre à l'album. Si nous sommes d'accord sur le fait que le style pratiqué aujourd'hui par ROTTING CHRIST est né avec "Theogonia" (2007), on ne pourra pas nier que les trois travaux ayant suivi cette pierre angulaire avaient chacun leur esprit propre. "Aealo" était l'album spartiate, guerrier et masculin, "Κατά τον δαίμονα εαυτού" était l'album plus ethnique, réalisant une sorte de tour du monde des mythes, "Rituals" se révélait plus minimaliste et incantatoire, Sakis laissant le plus souvent sa place derrière le micro aux chœurs et maîtres de cérémonie en tous genres. "Theogonia" était le manifeste de la nouvelle formule des Grecs, la présentant sans trop d'artifices. Si l'on devait rapprocher "The Heretics" d'un de ses prédécesseurs, ce serait de "Rituals" dont il fait l'erreur de conserver le minimalisme sans cette fois le garnir d'un quelconque vernis ce qui donne le plus souvent des morceaux pauvres et linéaires. Sakis, peut-être conscient de son déclin vocal, laisse à nouveau la prédominance aux chœurs qui cette fois, et c'est bien la première, ne font pas mouche. Sur ce point on déplorera le break de "Heaven And Hell And Fire" qui non content d'être assez cliché manque d'intensité, les réponses aux vocalistes semblent être chantées par quelques mecs à peine qui auraient été forcés à se présenter en studio.

Tout manque de pêche finalement sur "The Heretics", non seulement les chœurs (notamment sur les couplets de "The Voice Of The Universe" qui s'avèrent réellement ennuyeux) mais aussi la batterie qui semble avoir été mixée en retrait sur les passages rapides qui n'ont donc pas l'impact recherché. Pire encore que les chœurs mous, ce sont les passages en spoken word ne créant aucune dynamique et brisant systématiquement l'hypothétique élan des titres. "The Raven" en particulier est anéanti par ce mec qui déclame son texte pendant la moitié du morceau. S'il y a des personnes qui écoutent de la musique pour entendre des gens qui parlent qu'ils se manifestent, je n'en connais pas personnellement. En parlant d'ennui, le nouveau cru de ROTTING CHRIST a également retenu de son prédécesseur sa propension à proposer des morceaux qui n'en sont pas. Mais, contrairement à un "Ze Nigmar" et un "Devadevam" bien lourds et hypnotiques ou à un "Apage Satana" original mais fédérateur, "Πιστεύω" nous emmerde avec ses quatre minutes de déblatération en grec soutenues par un riff Black et quelques chœurs en arrière-plan, difficile de se concentrer sur quelque chose d'aussi peu intéressant.

Si "The Heretics" ne se distingue pas par une orientation musicale qui lui serait propre, ses textes concernent une thématique commune : le choix de sa propre voie au mépris de ce que pense l'autorité, en particulier celle de l'Église. Pour appuyer son propos, Sakis a sélectionné des extraits chez divers auteurs s'étant déjà exprimés sur le sujet et ayant manifesté leur volonté de garder leur indépendance de toute idéologie. S'il est compréhensible, au vu de l'état du monde, de vouloir défier les autorités (d'autant que j'imagine l'Église orthodoxe plus encombrante en Grèce que la catholique en Occident francophone), on pourra critiquer ce discours non seulement parce qu'il est responsable de l'omniprésence du spoken word sur cet album (la plupart des morceaux débutent et se terminent par des extraits littéraires en question) mais aussi pour son fond. En effet cet ultra individualisme qui est prôné n'est-il pas héritier d'une certaine idéologie bourgeoise qui est le fondement de la pensée de toute autorité actuelle ?

Reste à parler de "Ветры злые" dont les trois minutes treize seront les seules qu'on retiendra vraiment de cette nouvelle offrande grâce à sa mélodie certes classique mais entêtante et à son beau refrain chanté en russe par Irina Zybina, dans un style assez proche de celui d'Anna Murphy d'ELUVEITIE (on regrettera que Sakis ait également tiré du groupe helvète sa propension à se répéter d'album en album). Le titre propose aussi le seul break à chœurs vraiment convaincant, animé d'un réel esprit conquérant. Quelques autres maigres passages sont agréables mais restent loin des standards de qualité de ROTTING CHRIST : "In The Name Of God" est correcte, la boucle de chœurs sur "The New Messiah" est sympa, la mélodie en quatre notes à la fin de "The Raven" fait son petit effet et le refrain de "Heaven And Hell And Fire" reste en tête mais là encore subsiste un dernier problème. Vous l'aurez certainement remarqué rien qu'en lisant les titres présents sur le skeud : que les paroles sont cliché ! Elles le sont tellement que ça en devient un brin ridicule, pas un morceau ne s'écoule sans que nous soit lâché le quatuor « Fire-Pyre-Heaven-Hell ». Franchement des titres comme "Heaven And Hell And Fire" ou "Fire, God And Fear" ce n'est pas acceptable.

Sakis Tolis est un homme intègre et passionné de Metal, c'est incontestable. J'aurais envie de croire que ce faux-pas n'est qu'un accident et que l'homme saura faire repartir la formation vers de nouvelles directions comme il l'a déjà fait par le passé. Mais dans une interview, le sieur déclare qu'il laisse le soin aux jeunes groupes d'innover et qu'il n'a plus l'intention de prendre des risques. Difficile dès lors de croire à un avenir radieux pour le groupe malgré des prestations live toujours convaincantes. ROTTING CHRIST était un des derniers groupes de Rock à ne jamais avoir sorti de mauvais album, c'est désormais chose faite.

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- Sakis Tolis (chant, guitare, basse compositions, textes)
- Themis Tolis (batterie)
- Irina Zybina (invité - chant #2)
- Melechesh Ashmedi (invité - chant #8)


1. In The Name Of God
2. Ветры зл
3. Heaven And Hell And Fire
4. Hallowed Be Thy Name
5. Dies Irae
6. Πιστεύω
7. Fire, God And Fear
8. The Voice Of The Universe
9. The New Messiah
10. The Raven



             



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