Il est vrai que le temps passant et avec lui le recul nécessaire, force est de constater que "Clayman" est le point de bascule, le moment charnière où IN FLAMES quitte la scène extrême qui l’a densément porté pour embrasser des yeux et du cœur des velléités plus « mainstream », ce qui déconviendra à une partie de la fanbase originelle.

En ce mois de juillet 2000, je ne suis ni de cette fanbase et d’ailleurs hormis AT THE GATES, DECAMERON, SINS OF OMISSION, SACRILEGE et DARK TRANQUILLITY (c’est déjà pas mal !), mes goûts pour le Death Mélo sont modérés et IN FLAMES ne cavale pas sur ma platine CD. Néanmoins j’achète cet album curieux, un peu au hasard, un peu hypé aussi il faut bien le dire par cette jaquette qui donne une apparence 3D à la cover où un ersatz de l’Homme de Vitruve aguiche la vue. Du haut de mes dix-neuf ans et les poches pas bien riches, j’emporte donc ce skeud en compagnie d’un autre, le "Conquerors Of Armageddon" de KRISIUN, et part en vacances avec des amis dans le sud de la France fêter mon succès scolaire après d’immenses frayeurs.

Et, peut-être que vous me voyez venir, mais ce "Clayman" sera l’album de cet été-là. Car oui les mélodies entêtantes, les refrains accrocheurs et le phrasé d’Anders Fridén, feront que cet opus s’imprègnera dans mon ADN de Blackeux patenté. Sacrilège ? Peut-être mais IN FLAMES a su y faire pour capter la lumière, et les projecteurs du succès, et les hordes de fans frénétiques qui comme moi consommeront "Clayman" comme la bande-son rêvée d’un été sans fin, fait d’expériences de vie joyeuse. Les multiples riffs pointus et faciles d’écoute participeront à me faire adorer cet été-là et me réconcilieront à jamais avec le Death Mélodique.

La suite d'IN FLAMES je la connais que trop peu, et d’ailleurs elle ne m’intéresse pas ni ne m’intéressera, surtout connaissant le virage dûment pris. Cet album me suffira, mes sentiments adolescents et leurs souvenirs m’imposeront de porter haut dans le ciel et loin dans mon cœur ce "Clayman" qui clame en moi toute une époque chérie.