Au milieu des années 90, IN FLAMES faisait sensation avec son death metal innovant teinté de guitares mélodiques. Le groupe était, aux côtés de DARK TRANQUILLITY le fer de lance d’un mouvement sauvant un genre d’une sclérose létale. Le temps passant, les deux voisins empruntèrent des voies différentes. Alors que DARK TRANQULLITY cherchait à se renouveler en prenant des chemins plus sinueux, les metalleux de Göteborg choisissaient la politique de la continuité en roulant à tombeau ouvert sur une autoroute trop sécurisée. Après des Whoracle, Colony et Clayman aux contours à peu près similaires, Reroute To Remain annonçait quelques changements (chant clair, petits bidouillages électroniques, vraies fausses influences nu metal). Malgré ces quelques efforts louables, les adjectifs monotone et lassante continuaient de résumer la musique devenue selon moi trop générique d’un combo certes consistant (surtout comparé à d’autres formations qui polluent ce style encombré qui est le death mélodique) mais à court d’idées.

Cet ep comprend trigger dans une version légèrement plus courte que sur album, un nouveau titre, une reprise de GENESIS, deux remixes d’anciens morceaux et deux vidéos de Reroute To Remain.

Si ce format permet parfois à certains de sortir des sentiers battus et de tester de nouvelles choses, l’inédit watch them feed constitue un mouvement de poignet vers le point mort. En tous points semblable aux extraits les moins aventureux du dernier album, je noterai son intérêt entre -5 et -12.

IN FLAMES nous avait déjà fait le coup de la reprise pop célébrissime avec everything counts. Après DEPECHE MODE, les scandinaves s’attaquent aujourd’hui au gang de Phil Collins et s’en sortent à peu près aussi bien qu’un artichaut posé dans une assiette. Probablement incapables de s’attaquer à une composition plus ardue, ils ont simplement enclenché le pilote automatique et se sont endormis au volant. Résultat des courses, l’engin a fait la bise à un sapin après le premier virage. Seul le refrain garde un peu de son entrain original. Je gagnerai en concision en disant simplement que c’est nul!

Le remixe de cloud connected et ses bidouillages electro inutiles est totalement insipide tandis que la version instrumentale c-64 karaoke (c pour commodore?) de moonshield, titre d’ouverture de l’excellent The Jester Race perd tout son maigre intérêt après une seule écoute. L’autoparodie est un art délicat que ces suédois ne maîtrisent pas réellement.

Disons pour terminer sur une note vaguement positive que l’inclusion des deux vidéos permet de remplir le disque et que trigger est un morceau efficace, à défaut d’être révolutionnaire. Pourquoi donc a-t-il été écourté?

Cet ep ne sert à rien sinon à délester les fans aveugles de quelques euros. Plutôt que de se moquer ainsi de ceux qui leur ont permis d’accéder à leur enviable statut, le groupe ferait mieux de se remettre au travail et de tenter de nous prouver qu’il n’est pas artistiquement mort. Je m’en vais de ce pas réécouter The Jester Race pour ne pas définitivement me fâcher.