WITHOUT GRIEF fait partie de ces grands oubliés du Melodeath suédois au même titre que GATES OF ISHTAR, SACRILEGE ou bien encore SINS OF OMISSION et pourtant, tous comme ceux précités, ce groupe assez éphémère nos aura concocté deux albums sacrément bien fichus, aux consonances Göteborg-iennes certaines mais avec une identité propre je vous rassure. Formé en 1995, influencé par leurs écoutes des IN FLAMES, DARK TRANQUILLITY ou autres AT THE GATES de l’époque, mais aussi des HYPOCRISY et EDGE OF SANITY, les Suédois vont avec la passion chevillée au corps prendre un plaisir fou à composer ensemble leur première démo en 1996, "Forever Closed", et puis ce premier album "Deflower".

Et cette ambiance générale de ralliement au service express de la mélodie tenace et de l’agressivité notoire transpire de beauté et ce à plus d’un tour tout du long de ce premier album. Malgré tout, WITHOUT GRIEF développe un son plus rugueux que ces autres comparses et l’influence d’un EDGE OF SANITY se fait plus sentir qu’un IN FLAMES par exemple mais, même si "Deflower" développe avant tout des motifs typiques du Death à la suédoise, du Doom/Death se fait sentir et percevoir aux entournures. Il faut dire que l’album sera enregistré non pas au Sunlight Studios ni chez Tägtgren, ni chez Fredman (ndlr : les écuries du son dit de "Göteborg"), mais au Danemark auprès de Jacob Hansen, émérite producteur qui démarrait en ce temps-là sa prolifique carrière. Du reste, pour l’anecdote, Jonas Granvik le chanteur sera invité par le sieur Swanö pour pousser la chansonnette un peu plus tard sur son "Crimson II"… de quoi boucler la boucle pour le fan qu’il était.

Mais vous prendrez un plaisir fou à vous enquiller ce très bel album que des titres gracieux et entêtants parcourent. Écoutez par exemple ces excellents titres que sont "The Last Days", "Shallow Grave" (oh ! Nom de dieu qu’il est dantesque celui-là !) et son Death/Doom ravageur, son piano frénétique et son passage un peu à la AMON AMARTH période "Once Sent From The Gilden Hall" bien sûr, mais aussi "Your Empty Eyes" ou bien encore le titre éponyme avec ces breaks acoustiques et son solo à tomber. En réécoutant bien cet album je dois dire qu’il n’y a pas vraiment de titres à la dérive. "Deflower" est une sacrée claque de bout en bout. Même le choix de cette reprise du titre de Rachmaninov, "Vocalise", pour clôturer l’album s’il dénote est un parti pris intéressant.

WITHOUT GRIEF démontre avec ce premier album une très grande maturité, une technicité sans faille et déjà une bonne dose de talent. Même si le son et les propositions musicales diffèrent, WITHOUT GRIEF fait partie de cette cohorte de groupes dont ont fait partie les A CANOROUS QUINTET, THE MOANING, NOCTURNAL WINDS, EBONY TEARS, FATAL EMBRACE, ou autres PROPHANITY, BEHIND THE SCENERY, ARMAGEDDON, et qui conservent aux yeux de la postérité une aura intéressante. Dans ces années de la fin du millénaire tout allait bien vite – peut-être trop -, la scène Death suédoise exultait et les sorties s’enchainaient à un rythme effréné. Derrière les cadors de la scène qui avaient en plus de leurs talents eu le mérite d’être les pionniers, un nombre de groupes assez conséquents trainaient un peu la patte faute de moyens et d’un marketing souvent insuffisant de la part des labels (mauvaise distribution, pas de tournées etc...).

Le meilleur moyen de conjurer le sort est bien donc pour vous de vous le procurer et de l’écouter religieusement. Il le mérite. Un autre album suivra deux ans plus tard et s’il prend une direction beaucoup plus agressive et plus EDGE OF SANITY-friendly n’en vaut pas moins le détour. À suivre donc.