Ce qu’il y a de bien avec HYPOCRISY, c’est que chaque album s’affranchit du précédent, ce que nous constatons encore une fois ici tant "Catch 22" se démarque de "Into The Abyss" et sa furia Death Metal plus ou moins mélodique. "Catch 22", c’est un certain retour à de la mélodie, mais qui ne s’exprime pas de la même façon que l’éponyme. Ici, Peter Tägtgren va inclure de nouvelles influences dans sa musique et le résultat va s’avérer assez déstabilisant.

Pourtant il nous demande d’entrée de jeu de ne pas le juger pour cela. D’ailleurs, ce premier titre, "Don’t Judge Me", n’indique en rien la direction que prendra cet album par la suite. Parce que sur "Catch 22", on ressent clairement l’influence du Neo Metal dans la musique de HYPOCRISY, avec cet aspect plus groovy que les Suédois développent, souvent catchy (un comble pour un album avec un tel intitulé ?) et un chant qui se veut très varié.

On notera aussi que les structures sont très simples. HYPOCRISY va droit à l’essentiel, dans la forme la plus basique de la chanson, et c’est là que ce disque pêche par excès de confiance. Passé l’effet de surprise, ce disque devient rapidement redondant, les écoutes répétées lui sont fatales. Parce que certains morceaux se ressemblent beaucoup dans la construction ou dans les refrains, parce que la ligne directrice reste floue, on navigue entre cette volonté de sonner de façon moderne tout en conservant un fonds de commerce histoire de ne pas déstabiliser totalement le fan.

Et si cela fait plaisir d’entendre Peter Tägtgren s’exprimer d’une voix claire par moments, on ne peut pas s’empêcher de songer qu’il devrait garder cela pour PAIN, qu’HYPOCRISY n’est pas franchement le terrain de jeu pour cela. Et on se retrouve avec un album qui a clairement le cul entre deux chaises. Il ressortira en 2008 dans une version différente, avec de nouveaux enregistrements pour les voix et les guitares, ainsi qu’un nouveau mix, sans que le groupe ne désavoue ce qui a été fait originellement pour autant. Est-ce mieux pour autant ? Pas franchement, non, cela sonne un peu trop « forcé », calibré pour plaire à une frange du public.

"Catch 22", sans être un plantage en règle, manque de substance, à défaut de caractère, toujours aussi bien trempé. Et c’est cela qui la sauve plus ou moins, cette conviction des musiciens qui vont jusqu’au bout des choses, avec moins d’inspiration et une personnalité un peu gommée au profit de choses nouvelles, mais qui ne fonctionnent pas toujours.