Un riff plombé nous prend directement à la gorge. Lourd, pesant, typiquement SABBATHien dans l’idée. La perspective d’entendre la voix d’Ozzy Osbourne dessus n’est pas farfelue. Puis subitement, la musique atteint une espèce de quiétude et un chant féminin se couple dessus, enivrant, étrangement envoûtant. Jennie-Ann Smith nous berce de sa douce voix tandis que la guitare attend qu’elle se taise pour reprendre pleinement ses droits. "Moonhorse" est le genre de titre qui prend aux tripes, à la fois complètement Doom et mélancolique, qui étale sa beauté sur plus de sept minutes sans que ça en ait l’air.

La présence de Jennie-Ann est ce qui fait la différence sur cet album, au sein de ce groupe, dont la formule est finalement assez classique. Leif Edling ne sort pas trop des sentiers qu’il a lui-même défrichés depuis des années au sein de CANDLEMASS, puis de KRUX, mais il a trouvé en la personne de la blonde chanteuse l’artifice adéquat pour sublimer sa musique. Chaque morceau a sa personnalité qui lui est propre, son propre développement, sa propre beauté intrinsèque qui brille comme une torche dans la nuit.

Parce que la musique d'AVATARIUM reste sombre et mélancolique et se développe autour de sujets d’où ressort toujours une certaine tristesse, une nostalgie ou une évidence froide, malheureuse. Des titres comme "Avatarium", "Boneflower" ou "Birds Of Prey" ne laissent pas indifférents, cette triplette a quelque chose de presque magique sans être forcément une suite logique, purement mathématique. "Lady In The Lamp", final « lumineux », permet de terminer l’écoute sur une note plus douce, avec sa mélodie subtile.

Les amateurs de bon vieux Doom des familles, avec l’héritage de BLACK SABBATH qui va bien avec, seront forcément satisfaits de cet opus qui s’avère être un excellent premier album, avec une bonne dose de fraîcheur née de ces guitares acoustiques qui interviennent au gré des compositions ("Moonhorse", "Bird Of Prey"), apportant des aérations qui font du bien, qui nous extraient de ce cercueil de plomb. Ne passez surtout pas votre chemin, ce disque mérite que l’on s’attarde dessus.